Tous ceux qui pratiquent l’investissement en bourse, ont noté la difficulté à
rentrer correctement en position sur une valeur. Pour le trader professionnel,
tout autant que pour l’amateur, il est toujours trop tôt, ou alors trop tard,
soit pour acheter, soit pour vendre. Et, chaque transaction une fois disséquée,
qu’elle fusse gagnante ou perdante, laisse en bouche un goût pâteux
d’incomplétude doublé d’une sauvage insatisfaction.
Une des figures mythique de la spéculation boursière Américaine confiait
elle-même, en bout de course d’une existence trépidante, que : « Dans une vie,
l’on achète une seule fois au plus bas, et l’on vend une seule fois au plus haut
... et pas sur la même valeur ».
Un autre Mandarin de l’investissement à Wall Street confiait, il y a quelques
années : « Sur les marchés, quasiment chaque jour depuis 30 ans, je suis passé à
côté de l’affaire de ma vie !». Bref, même pour les plus brillants, les plus
capitalisés, et les plus avertis, une opération boursière optimale n’est qu’un
mythe auquel il est vain de se rattacher.
Pour la plupart des gens, la distorsion qui apparaît entre « l’idéal envisagé »
et le « vécu bancal » laisse de profondes cicatrices qui gravent dans nos chairs
leur nom : FRUSTRATIONS.
Certains diront que les grands regrets sont les géniteurs désignés d’œuvres
formidables et surprenantes, comme par exemple l’ouvrage « Sur les traces de
Dracula » qui émergea, on le sait, des frustrations de l’écrivain Aristocrate
Bram Stocker. Fort vrai ... pour le domaine de la création artistique, mais en
terme de finance boursière, mon expérience me dicte d’affirmer doctement que la
frustration est tout, sauf un avantage stratégique gagnant. Cela provient de
l’essence même de la frustration : elle est par construction orientée vers un
passé révolu, irréversible, et vain.
D’ailleurs, la communauté des psychologues semble s’accorder pour dire que la
frustration méne à des comportements déviants car elle anéantit la capacité de
réflexion et de concentration.
Le marché financier est décrit par de nombreux scrutateurs scientifiques comme
le lieu parfait du chaos déterministe. C'est-à-dire l’endroit d’un brouhaha
perpétuel en lequel les pistes à court terme sont brouillées (« on ne peut rien
y faire » dit-on !), mais en lequel malgré tout des tendances significatives
apparaissent avec le recul du temps (« Il fut possible d’y faire » dit-on !).
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