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Les partisans des politiques actuelles de fuite en avant massive dans le
déficit public, censées relancer la demande ou limiter les conséquences de la
crise nous donnent souvent l'argument suivant : La dette publique étant à taux
fixe, il suffirait d'un coup de "baguette magique" inflationniste pour "effacer
l'ardoise" et remettre les compteurs à zéro.
Par exemple, 10 ans d'inflation à 10% diminuent environ d'un facteur 2,5 le
poids relatif d'une dette (en monnaie constante).
Cet argument est vrai dans un seul cas : Lorsque la dette est à taux
fixe, et à échéance suffisamment longue pour que l'agent endetté ait le temps de
bénéficier des effets de l'inflation.
Dans le cas qui nous intéresse, celui de l'état fédéral US, la réalité est
beaucoup moins rose que ce que les adeptes du déficit et la fuite en avant dans
la dette à la Krugman racontent.
Voici un graphique tiré du site gouvernemental US "treasury direct", avec la
source ici.
Il représente les échéances (en années et pourcentages cumulées) de
remboursement de la dette publique nette (hors dette intragouvernementale) US,
et hors TIPs (obligations d'état indexées sur l'inflation), ces TIPs
représentant environ 7,8% de la dette nette totale.
Ce graphique nous montre clairement le problème : la majorité de la
dette publique US est une dette de court terme : 53% de cette dette
devra être remboursée dans moins de 2 ans, 67% dans moins de 4 ans, 75% dans
moins de 5 ans.
Cette structure oblige l'état à se refinancer en permanence, c'est à dire à
souscrire de nouveaux emprunts pour rembourser les précédents (et financer en
plus son déficit).
Vu cette structure de dette à large dominante court terme, l'état ne
profiterait que très peu d'une reprise de l'inflation, parce qu'il
serait obligé de refinancer en moins de 4 ans les 2/3 de sa dette, et que ce
refinancement se ferait alors au prix fort (en cas de reprise inflationniste,
les taux flambent). Cette proportion de la dette sensible aux taux est en fait
encore plus élevée si on prend en compte les TIPs qui sont immédiatement
impactés par une variation du taux d'inflation.
Si on prend comme référence un taux d'endettement net pour les USA de 100% du
PIB (nous y serons en 3 ans environ au rythme de fuite en avant actuel), et un
taux d'inflation de 10% (ce qu'il faudrait pour ramener la dette actuelle à des
niveaux raisonnables en 10 ans), l'état se refinancerait alors à un taux de
12-14% environ...La seule charge de l'intérêt de la dette publique
représenterait alors plus de 10% du PIB au bout de 3 ans !
Plus grave encore, en cas de perte de confiance du marché, avec une
structure de dette à aussi court terme, la situation deviendrait très vite
incontrôlable pour l'état US : Celui-ci doit rembourser en effet dans
moins d'un an près de 3000 milliards de $, et il n'en a évidemment pas les
moyens : Ses recettes annuelles actuelles sont de 2104 milliards / an, et ses
dépenses sont de 3521 milliards (source : trésor US).
Toute perte de confiance du marché conduirait donc l'état US à devoir se
refinancer à des taux bien plus élevés, ce qui augmenterait encore son déficit,
et augmenterait encore la peur du marché et la hausse des taux...Cercle infernal
qui pourrait alors conduire à une situation de faillite pure et simple de
l'état.
Bien entendu nous n'en sommes pas là encore, mais le danger existera dans
quelques années si les politiques actuelles (issues des mêmes conceptions
économiques irresponsables de fuite en avant qui ont provoqué la crise actuelle)
sont maintenues.
Ces politiques n'ont rien réglé jusqu'ici, nous le voyons aussi bien au Japon
qu'aux USA.
Les USA n'ont obtenu qu'un maigre palier de quelques mois dans la crise, les
ventes de logements neufs, l'activité industrielle et les ventes au détail ne
redémarrant toujours pas, et le chômage continuant de progresser, bien au delà
des estimations de beaucoup d'experts.
Ce palier de quelques mois a été obtenu au prix d'une déterioration considérable
de la marge de manoeuvre et des ratios d'endettement de l'état.
La poursuite d'une telle politique est non seulement une impasse (l'inflation
souhaitée ne règlerait rien), mais elle porte en elle des risques d'implosion du
système monétaire dont les conséquences seraient encore beaucoup plus graves que
la crise actuelle.
Les partisans de ce type de politiques de relance par le déficit sont donc pour
moi de dangereux irresponsables.
Au niveau de l'épargnant, rien de changé malgré tout, tant que les taux restent
aussi bas sur l'ensemble des pays industrialisés. Les gouvernements des
différents pays concernés n'ont absolument pas les moyens de contrôler la
totalité de la courbe des taux, et ce signal reste pour moi fiable (bien plus
que l'or, dans une phase de hausse parabolique qui ressemble de plus en plus à
une bulle spéculative, au moins pour la partie de la courbe au dessus de 950$))
, malgré le quantitative easing en cours, à condition d'observer l'ensemble de
la courbe des taux.
C'est donc pour le moment le risque déflationniste qui domine largement, et
cette situation peut durer assez longtemps comme nous l'avons vu au Japon.
Cela n'empêche bien sûr pas qu'il est toujours utile de conserver 5-7% d'or
physique à titre d'assurance dans son patrimoine.