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Le système français ne tourne pas rond

Par Charles Dereeper

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Il y a quelque chose de malsain dans notre société. Prenons les chiffres du PIB au troisième trimestre 2008 où la France enregistre une simple stabilisation du PIB... du moins officiellement, car comment y croire ne serait-ce que trois secondes. Le marché de l’immobilier a vu 25% de transactions en moins. On sait que le montant moyens des transactions est autour de 170.000 euros et qu’il y a environ 400.000 transactions dans l’ancien (mais peu importe ces chiffres, sachant qu’il faut séparer les maisons, des fonds, des terres…) : cela fait donc un trou approximatif direct d’environ 17 milliards d’euros, donc à la louche entre -15 et -20 milliards. Ensuite, les ventes de voitures ont chuté violemment à tel point qu’on ne compte plus les usines arrêtées.

Les bénéfices des sociétés sont nombreux à être révisés à la baisse en bourse, quand il ne s’agit de pertes annoncées désormais. Sur le front des petites entreprises, des centaines de milliers d’indépendants enregistrent entre -5 et -60% de baisse de chiffres d’affaires (que tous ceux qui hurlent à la théorie du complot prennent la peine d’appeler les trésoreries service aux entreprises qui reçoivent tous les trois mois les acomptes d’impôts sur les sociétés et TVA…). Le chômage augmente, la consommation de pétrole en volume a chuté, tous les autres Etats de la planète enregistrent des PIB en baisse, la balance commerciale française affiche un record sans nom au niveau des déficits... et officiellement, sans état d’âme, l’INSEE nous sort un PIB stable...


Comment peut on avoir confiance dans ces chiffres ? A moins que quelques grosses entreprises progressent (dont les noms me sont inconnus !) et parviennent à compenser cette hécatombe, je ne vois pas à quoi le PIB annoncé correspond... le trucage du PIB déflaté devient de plus en plus gros... (il suffit de bidouiller le taux d’inflation pour obtenir ensuite un PIB présentable... j’en profite pour lancer un appel aux français : nous devrions nous cotiser pour acheter de nouvelles calculettes aux comptables de l’INSEE afin de les aider à mieux assembler les chiffres de la France.)

Comment peut on agir au mieux de l’intérêt de la collectivité quand celle-ci se moque éperdument de la réalité ? Il est bien beau d’accuser le capitalisme de tous les maux, mais ne devrait on pas mettre le nez aussi dans les zones d’ombre des Etats et tout particulièrement, dans les comptes de la France ?

Les dysfonctionnements sont multiples, avec en tête les politiques monétaires absurdes poursuivies depuis l’éclatement de la bulle internet en 2000. Aujourd’hui, la version officielle est que les chevaliers blancs (les banques centrales) interviennent pour sauver ce qui peut l’être, des méchants financiers et vilains traders sans foi ni loi qui ont cassé le jouet de l’économie mondiale. Impossible pour moi d’adhérer à cette fable pour enfants attardés sans neurones. Les traders et les banques n’ont jamais fait que s’adapter aux règles et conditions de marchés créées par l’administration monétaire internationale (taux zéro au Japon qui a donné naissance au carry trade depuis les années 90, autrement dit, le pyromane numéro un de la planète économique, puis taux extrêmement faibles dans la zone dollar et euro, pyromane numéro 2 et 3 du monde…, le numéro 4 dans ma liste personnelle étant Georges Bush, ses guerres et ses gestions aberrantes aux limites du gangstérisme). Les banques centrales récupèrent ce qu’elles ont semé. Elles soignent les maux en positionnant leur image comme victime, la bonne blague !

Autre point qui me dérange profondément : l’inflation des produits alimentaires. Celle-ci a été violente en 2007 et 2008. Justification apportée par l’industrie agro-alimentaire française (la numéro 2 mondiale), la hausse des cours des matière premières agricoles et du pétrole. OK. Regardons maintenant les graphiques du blé et du maïs à la fin du mois de décembre 2008.


Tous les prix ont réintégré les précédentes zones après une envolée spéculative. En est il de même dans les supermarchés ? Bien évidemment que non. Donc, implicitement, les prix de l’alimentation ne peuvent que s’ajuster à la hausse et ensuite, quand les matières premières baissent, les industriels et les distributeurs encaissent la marge au détriment des consommateurs. Il s’agit d’un jeu de dupe. Que les forces économiques régissent la presque totalité des biens et services mis en vente, est probablement une bonne chose (surtout en France où l’inefficacité du service public est assez éloquente...), mais je ne suis pas certain que ce soit vraiment une bonne chose dans le domaine clé de l’alimentation humaine.

La liste actuelle des paradoxes est longue. Un petit dernier juste pour en rire : voilà 30 ans que l’éducation nationale française consomme un argent monstre. Principal poste des dépenses dans le budget, donc principale responsable d’une dette que ma génération et celle de mes enfants vont devoir porter et régler, elle est très loin d’obtenir des résultats satisfaisants. A part l’élite, la France est souvent située en milieu de tous les classements internationaux pour la qualité de ses écoles et de ses universités, donc bien loin du niveau économique de notre pays. 30 ans de semi échecs, voilà une durée suffisamment longue pour commencer à s’interroger sur la manière de fonctionner, pour tenter une réorganisation, pour essayer d’être meilleur, ne serait-ce qu’au nom des ces dizaines de millions de personnes qui travaillent et qui sont ponctionnées à peu près dans tout ce qu’elles souhaitent faire par l’intermédiaire d’impôts directs et indirects invraisemblables. En décembre 2008, un bout de réforme a pointé le bout de son nez. Menace de grèves et victoire des lycéens qui nous expliquent qu’ils ont gagné la guerre...

Ah bon ? Maintenir en place un système foireux dont ils vont être les futures victimes, c’est gagner ?

Devant tant d’aberrations, je ne sais pas pour vous, mais moi, il y a des jours où j’ai envie de rejoindre les 2 ou 3 millions de Français qui ont lâché l’affaire et sont partis voir ailleurs si l’herbe n’était pas plus verte.


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