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Avec la renationalisation d'EDF à 100%, la France aborde une nouvelle ère nucléaire


Actualité publiée le 08/06/23 14:50
Renationalisée à 100%, EDF n'est plus cotée à la bourse de Paris depuis le 8 juin 2023
Renationalisée à 100%, EDF n'est plus cotée à la bourse de Paris depuis le 8 juin 2023 (AFP/Archives/GUILLAUME SOUVANT)

Ralentie par l'obstruction des petits actionnaires, la renationalisation à 100% d'EDF a été finalement menée à bien jeudi, près d'un an après la décision du gouvernement qui veut ainsi pouvoir relancer le nucléaire en France et réindustrialiser le pays.

"L'Etat a mis en œuvre ce jour la procédure de retrait obligatoire des titres de capital d'EDF", a indiqué Bercy dans un communiqué. "En conséquence, l'Etat détient à présent l'intégralité du capital et des droits de vote d'EDF".

L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait annoncé fin mai l'échéance du 8 juin, date à laquelle les actionnaires détenteurs des 2% de titres encore en circulation seraient contraints de vendre leurs parts, portant ainsi l'Etat à 100% du capital.

"Cette reprise de contrôle total de notre électricien national était une priorité du gouvernement", a salué le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, une opération chiffrée à 9,7 milliards d'euros.

Luc Rémont, le PDG d'EDF et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, le 9 décembre 2022 à la centrale nucléaire de Penly, en Normandie
Luc Rémont, le PDG d'EDF et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, le 9 décembre 2022 à la centrale nucléaire de Penly, en Normandie (AFP/Lou BENOIST)

La renationalisation, annoncée en juillet 2022, "était indispensable pour permettre à EDF de mener de manière accélérée plusieurs chantiers décisifs", notamment celui de l'augmentation de la production du parc nucléaire existant, a ajouté M. Le Maire.

"Quand on aborde une période avec autant de défis énergétiques, (...) le fait d'avoir un seul actionnaire, évidemment, permet d'avoir un alignement complet sur une vision de long terme", a appuyé jeudi le patron d'EDF, Luc Rémont, lors du congrès annuel de l'Union française de l'électricité (UFE).

- 12 euros l'action -

Ce "retrait obligatoire" d'EDF de la Bourse contraint les derniers actionnaires récalcitrants à se défaire de leur bas de laine pour 12 euros nets par titre, soit 20 euros en dessous du prix d'introduction en bourse en 2005.

Il intervient après des mois de bataille judiciaire autour de ce prix jugé trop bas par les petits actionnaires dont certains avaient misé leurs économies sur l'avenir d'EDF. Parmi eux, des salariés ou d'anciens salariés d'EDF qui avait acheté leurs titres avec une remise de 20%.

De multiples recours ont été engagés pour obtenir au moins 15 euros par action, mettant des bâtons dans les roues de l'OPA avant que la justice n'y mette un point final début mai.

L'Etat détenait jusqu'à ces derniers mois 84% de l'entreprise. Reprendre complètement la main va lui permettre d'accélérer la relance du nucléaire, avec la construction annoncée d'au moins six nouveaux réacteurs.

En attendant la mise en service de ces nouvelles unités, au mieux en 2035-37, la France et EDF vont devoir mettre les bouchées doubles pour développer les énergies renouvelables et rattraper leur retard par rapport à leurs voisins européens.

L'enjeu est crucial pour la souveraineté énergétique du pays alors que la consommation d'électricité devrait augmenter bien plus rapidement que prévu d'ici 2035, avec le relèvement des objectifs climatiques européens et la réindustrialisation voulue par le gouvernement.

- Sombre situation financière -

Seul hic, la marge de manoeuvre financière d'EDF semble inexistante : lors de la présentation de ses résultats annuels 2022 mi-février, l'énergéticien avait annoncé une dette nette record de 64,5 milliards d'euros.

Celle-ci est la conséquence d'une production électrique historiquement basse l'an dernier, en lien avec la découverte d'un phénomène de corrosion dans certaines centrales nucléaires. Mais l'entreprise paie aussi sa contribution forcée au "bouclier tarifaire" décidé par le gouvernement.

La centrale nucléaire de Golfech à Dunes, sud-ouest de la France, le 3 janvier 2023
La centrale nucléaire de Golfech à Dunes, sud-ouest de la France, le 3 janvier 2023 (AFP/CHARLY TRIBALLEAU)

Pour contenir la facture des ménages et des entreprises, l'Etat a obligé le groupe à vendre en 2022 davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents, fournisseurs alternatifs. Une mesure au coût exorbitant pour l'opérateur historique: 8,34 milliards d'euros.

Ce mécanisme par lequel EDF est contraint de vendre cette électricité à bas coûts, l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), doit s'éteindre en 2025. Le flou règne autour de la suite. Luc Rémont demande son abandon, fustigeant "une sous-rémunération de l'entreprise".

Le gouvernement a assuré en mars que les contours du financement du nouveau nucléaire seraient fixés d'ici "la fin de l'année".

Le temps presse, le coût estimé pour la construction des six premiers réacteurs EPR étant chiffré, selon les dernières estimations d'EDF, à 51 milliards d'euros, somme impossible à supporter par cette entreprise seule.

© 2023 AFP

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34 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

gars d1
08/06/23 15:02

Je note : "Ralentie par l'obstruction des petits actionnaires, la renationalisation à 100% d'EDF a été finalement menée à bien jeudi, près d'un an après la décision du gouvernement qui veut ainsi pouvoir relancer le nucléaire en France et réindustrialiser le pays."


Et oui... Maintenant, y'aura plus grand monde qui pourra soulever le capôt de la cocotte minute géante et pantelante pour voir ce qui s'y passe.


Barre au centre et avance à marche forcée vers l'endettement : c'est le "quoi qu'il en coûte"... Version 2.0


On attend les explications pour refroidir le futur EPR à venir sur la centrale du Bugey, vu qu'on a déjà des problèmes d'eau par période de sécheresse et de refroidissement avec des réacteurs normaux dont certains ont déjà été fermés...


L'Electric Pipeau Show continue et il sera bientôt chez vous : vous avez Linky, vous êtes déjà raccordé...

gars d1
08/06/23 15:14

Je note "En attendant la mise en service de ces nouvelles unités, au mieux en 2035-37, la France et EDF vont devoir mettre les bouchées doubles pour développer les énergies renouvelables et rattraper leur retard par rapport à leurs voisins européens.


Et PAF ! on viens de prendre déjà 2 ans...

Oui, souvenez-vous AVANT, c'était 2035, tout devait être entièrement accouplée à la fée électricité...

gars d1
08/06/23 15:34

Faudra déjà trouver du personnel de construction et d'ingénierie compétent en grande quantité...

y'comptent faire des clônes de l'existant, au gouvernement ???


Le secteur en manque déjà cruellement ...

Et question "Probabilités" : on a combien de chances d'avoir des problèmes de construction et de retard de chantier ?

Si on se base sur Flamanville, on n'ouvre pas avant 2045 à minima...

gpiche
08/06/23 15:44
Bravo ! enfin une bonne mesure.

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