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Greg Kelly, le second rôle de l'affaire Ghosn propulsé en première ligne


Actualité publiée le 06/03/20 06:40

Greg Kelly, ancien dirigeant de Nissan, à Tokyo le 6 février 2020 (AFP/Behrouz MEHRI)

Depuis la fuite de Carlos Ghosn, Greg Kelly, son ancien collaborateur chez Nissan également poursuivi au Japon, se sent encore plus seul face au procès qui l'attend. Il a récemment confié à l'AFP son désarroi, teinté de vagues espoirs.

La fuite au Liban de son ancien patron fin décembre l'a d'abord laissé "abasourdi", raconte cet Américain de 63 ans. "J'ai été complètement pris par surprise", assure-t-il, s'abstenant toutefois prudemment de juger cette évasion.

Le principal accusé n'étant plus au Japon, "il me semble plutôt difficile d'avoir vraiment un procès équitable. Comment voulez-vous instruire ce dossier d'une façon logique?", s'interroge-t-il.

Ton humble, style simple et discret: Greg Kelly ressemble à une antithèse de Carlos Ghosn, dont il assure qu'il n'était pas le "confident" ou le bras droit, contrairement à ce que les médias affirment souvent.


Carlos Ghosn, ancien patron de Renault-Nissan, le 8 janvier 2020 à Beyrouth (AFP/Archives/-)

Chez Nissan, "je rencontrais Carlos Ghosn seulement deux fois par mois (...). Nous n'étions pas proches personnellement. Nous ne parlions que du travail", affirme-t-il.

Et pourtant, depuis bientôt un an et demi, son sort est étroitement lié au magnat déchu de l'automobile.

En tant qu'ancien responsable des ressources humaines et des affaires juridiques de Nissan, M. Kelly est accusé au Japon d'avoir aidé M. Ghosn à dissimuler aux autorités boursières plusieurs dizaines de millions d'euros de revenus qu'il devait toucher ultérieurement.

La date d'ouverture de son procès n'a toujours pas été fixée.

- Du sport contre le stress -

Comme son ancien patron, M. Kelly soutient n'avoir "rien fait de pénalement répréhensible au Japon" et a toujours du mal à croire qu'il encourt jusqu'à dix ans de prison.


Greg Kelly et son épouse Donna, à Tokyo le 6 février 2020 (AFP/Behrouz MEHRI)

"Pour moi, cela aurait pu être résolu au sein de Nissan. S'il y avait une erreur sur la mention de quelque chose qui n'a jamais été validé et jamais payé...", dit-il.

Greg Kelly a été arrêté en même temps que M. Ghosn en novembre 2018, après son atterrissage au Japon où Nissan l'avait convoqué en invoquant, dit-il, une réunion importante du conseil d'administration, dont il était membre.

Il a ensuite passé plus d'un mois en détention, à l'isolement, alors qu'il avait initialement prévu de rentrer au plus vite aux Etats-Unis pour être opéré d'une sténose lombaire.

"C'était vraiment douloureux", raconte-t-il, expliquant avoir patiemment dû convaincre ses gardiens qu'il ne pouvait pas s'asseoir sur le sol de sa cellule, comme l'imposait le règlement.

"Je ne suis pas le genre de personne qui va cogner la porte et hurler" pour se faire entendre, glisse-t-il.

Dès sa libération sous caution, il a été opéré par un chirurgien au Japon dont il se dit satisfait, bien qu'il souffre toujours d'engourdissements aux bras, aux jambes et aux pieds, qui le font parfois chuter.

Pas question toutefois pour lui de renoncer à son jogging matinal quotidien aux abords du Palais impérial de Tokyo, tout près du petit appartement qu'il loue avec sa femme Donna: "Ca calme le stress", relève-t-il.

- "Frustré" -

Le couple mène une drôle d'existence à Tokyo, contrainte et plutôt solitaire, loin de leurs deux fils et petits-enfants aux Etats-Unis, auxquels M. Kelly ne peut rendre visite, ayant l'interdiction de quitter le Japon.

En raison de son inculpation, il lui est aussi interdit de contacter beaucoup de ses amis, anciens ou actuels employés de Nissan.

Des photos de proches ornent les murs du deux-pièces propret du couple. "Ce n'est pas notre foyer ici. On l'appelle juste +l'appartement+", précise Mme Kelly.

Lui passe une grande partie de ses journées chez ses avocats japonais, à consulter une montagne de documents informatiques fournis par les procureurs, dont certains contiennent selon eux des pièces à charge contre lui. Sauf qu'il ne sait pas lesquels.

Son épouse prend des cours de japonais afin de justifier le visa étudiant qu'elle a pris pour rester durablement au Japon auprès de son mari. "Vous ne pouvez pas manquer les cours et il faut réussir les examens", prévient-elle.

"Cela n'a pas de sens d'être ici, dans cette situation", lâche M. Kelly, qui se dit "frustré". Mais sans pour autant maudire Nissan, l'entreprise pour laquelle il a travaillé pendant près de trente ans: "Je veux que Nissan aille bien".

Maintenant que Carlos Ghosn s'est évaporé, "il pourrait peut-être y avoir un moyen de résoudre" cette situation, espère-t-il vaguement. "Je ne sais pas ce qu'il va se passer (...). On vit au jour le jour".

© 2020 AFP

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