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Les fragilités urbaines, tendance en vogue et marché prometteur


Actualité publiée le 20/01/17 12:59

La fragilité des villes et le marché qu'elle représente creuse son sillon à Davos (AFP/FABRICE COFFRINI)

Toujours plus peuplées, toujours plus riches, mais aussi plus vulnérables aux catastrophes naturelles, attaques terroristes et à une croissance insoutenable. La fragilité des villes s'accentue en devenant parallèlement un marché prometteur.

Paris: note de fragilité 2,18. Washington: 2. Dakar: 1,33, Bagdad: 3,88.... Sur un écran géant du Forum économique mondial de Davos, un planisphère constellé de cités. Et pour chacune une fenêtre détaille la note de fragilité. Plus elle est élevée, plus la ville est vulnérable.

L'outil informatique, qui intègre un éventail de paramètres - population, pollution, nombre de morts causés par le terrorisme, taux d'homicide, de chômage... -, a été mis au point par un cabinet de conseil brésilien, Igarapé.

"Le monde devient chaque fois plus urbain", rappelle le Canadien Robert Muggah, directeur de recherche chez Igarapé, estimant que 75% de la population mondiale vivra en ville d'ici 15 ans. "Et leur résilience, leur succès ou leur échec définiront les performances de beaucoup d’États-nations".

La résilience urbaine, c'est aussi un marché prometteur.

"C'est l'idée que même si on ne peut pas éradiquer les risques, même si on ne peut pas empêcher les crises, on peut éviter qu'elles ne se transforment en catastrophe. Et même s'il y a catastrophe, il est encore possible de se relever", explique la géographe française Magali Reghezza, maître de conférences à l’École normale supérieure.


Un Père Noël distribue des cadeaux à des enfants dans la favela Complexo da Mare, à Rio de Janeiro, le 17 décembre 2016 (AFP/FABIO TEIXEIRA)

"La résilience est devenue une injonction internationale (...) largement diffusée: elle a été reprise aussi bien par les États que les pouvoirs publics et les acteurs non institutionnels privés". "Avec souvent de l'argent à la clé", ajoute-t-elle.

- 'Créer une stratégie' -

La Nouvelle-Orléans dévastée par l'ouragan Katrina, Paris blessée par des attaques jihadistes, Bruxelles privée d'aéroport par un attentat, une favela de Rio emportée par un glissement de terrain, le port de Tianjin éventré par un désastre industriel ou Pékin étouffant dans son smog... Les exemples ne manquent pas. Mais le concept englobe aussi les risques plus latents: criminalité, inégalités sociales, accès insuffisant à l'eau ou l'électricité, etc.


Dans la province d'Aceh, en Indonésie, le 12 décembre 2016, quelques jours après un séisme qui a tué une centaine de personnes, selon les autorités (AFP/Archives/CHAIDEER MAHYUDDIN)

"Trois (risques) sont aujourd'hui très présents partout dans le monde: les risques naturels, en particulier hydro-climatiques (...); les pannes technologiques (...); le terrorisme de masse", explique Magali Reghezza.

"Quand vous voyez ce qui s'est passé à Paris ou à Bruxelles, il est très important de s'occuper en amont de la fragilité urbaine", abonde l'Irlandaise Alice Charles, chargée du développement urbain au Forum économique mondial.

Dans cette perspective, la Fondation Rockefeller a lancé une initiative "100 villes résilientes", pour les aider "à créer une stratégie", explique son responsable américain Michael Berkowitz. Paris a recruté un "manager sur les questions de résilience", indique Anne Hidalgo, maire de la capitale membre du programme.

La tendance s'accompagne d'enjeux financiers, notamment pour les assureurs: les catastrophes naturelles ont coûté 175 milliards de dollars de dégâts en 2016, selon le réassureur allemand Munich Re.

"C'est un thème qui prend de l'importance", confirme Antoine Frérot, patron du groupe de services Véolia, qui a signé en 2016 un accord avec le réassureur Swiss Re, avec l'appui de la fondation Rockefeller. "Les assureurs souhaitent moduler leurs coûts d'assurance en fonction des efforts de précaution des villes. Nous proposons des solutions techniques aux villes".

Pour la Fondation Rockefeller, fournisseurs de services et investisseurs privés "devront intervenir pour combler l'écart entre les capacités actuelles des villes et ce que seront leurs besoins". Et ils sont massifs: plus de 4.500 milliards de dollars par an en infrastructures urbaines dans le monde, selon la Banque mondiale.

Cela peut passer par la rénovation des centres urbains, l'accueil des nouveaux arrivants, l'emploi du big data pour réguler le trafic, gérer la consommation d'eau...

A cet égard, l'économiste français Jacques Attali voit un rôle décisionnaire croissant pour les villes. "Le monde est en train de s'organiser vers un état de droit global et des pouvoirs régionaux ou municipaux", juge-t-il. "On a un affaiblissement du pouvoir central des nations au profit de pouvoirs plus petits".

Moteurs des économies, "les villes occupent seulement 2% de la surface de la terre, mais génèrent entre 70 et 80% du PIB mondial", renchérit Alice Charles.

© 2017 AFP

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