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Renault et Nissan à couteaux tirés, l'Etat français tente de rassurer


Actualité publiée le 10/06/19 16:17

L'enseigne d'un concessionnaire Renault à Tokyo, le 23 novembre 2018 (AFP/Archives/Kazuhiro NOGI)

L'alliance automobile Renault-Nissan est au bord de la rupture, le constructeur français menaçant de bloquer une réforme de la gouvernance de son partenaire japonais, tandis que l'Etat français s'efforce de recoller les morceaux.

Dans une lettre, le président du conseil d'administration de Renault, Jean-Dominique Senard, informe le patron de Nissan de "son intention de s'abstenir de voter" une des résolutions de l'assemblée générale des actionnaires, prévue le 25 juin, a fait savoir lundi le groupe nippon, fustigeant une décision "extrêmement regrettable".

Par un tel geste, Renault, principal actionnaire de Nissan avec 43,4% de participation, condamnerait une réforme qui doit être approuvée par une majorité des deux tiers.

La mesure en question n'avait jusqu'ici pas fait de vagues: elle porte sur la mise en place de trois comités (nominations, audit et rémunérations) - une structure courante hors du Japon - censée renforcer la transparence.

Nissan a décidé de remettre à plat sa gouvernance afin de tourner la page après la disgrâce de son ancien patron - et PDG de Renault - Carlos Ghosn, arrêté en novembre 2018 et inculpé par la justice japonaise pour des malversations présumées.

- "Malentendus" en série -


Le président du conseil d'administration du groupe Renault, Jean-Dominique Senard, le 17 mai 2019 à Clermont-Ferrand (AFP/Archives/Thierry Zoccolan)

L'instauration de ces comités avait été "approuvée par l'ensemble des administrateurs", dont M. Senard, au terme d'un processus minutieux de plusieurs mois, s'est étonné le dirigeant de Nissan, Hiroto Saikawa, dans un communiqué.

Pourquoi un tel revirement? Contacté par l'AFP, Renault s'est refusé à tout commentaire, mais selon le Financial Times, qui a révélé l'existence de cette missive, M. Senard affirme désormais craindre que les trois nouveaux comités - qui devraient être composés d'administrateurs indépendants - soient utilisés d'une façon ou d'une autre pour réduire l'influence de Renault.

C'est que le groupe au losange ne fait plus confiance à Nissan, et vice-versa, selon des sources proches du dossier, sur fond de forte dégradation des relations depuis l'éviction de Carlos Ghosn, le ciment de l'alliance.

Les deux entités, si éloignées géographiquement et culturellement, ne semblent plus du tout se comprendre, et M. Senard, nommé en février nouveau pilote de l'ensemble qui compte aussi le japonais Mitsubishi Motors, a échoué pour l'heure à renouer les liens.

Il a d'abord froissé Nissan en proposant une intégration dont la compagnie de Yokohama (banlieue de Tokyo) ne veut pas, puis dépité, il a saisi l'offre de l'italo-américain Fiat-Chrysler sans même prévenir son allié de 20 ans. Des discussions qui ont finalement capoté jeudi, dix jours seulement après avoir été révélées.

- Senard fragilisé -

"Sur le dernier épisode en date (la lettre), je ne vais faire aucun commentaire", a réagi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, en visite lundi à Tokyo après avoir participé ce week-end au G20 Finances dans le sud-ouest du Japon. "C'est à la direction de Renault et à la direction de Nissan de trouver des solutions", a-t-il dit, les appelant à "régler les difficultés et malentendus au plus vite".

M. Senard, qui apparaît fragilisé par les récents événements, peut-il rester en poste? Il "a la confiance de l'Etat français", qui possède 15% de Renault, à quasi égalité avec Nissan, a répondu le ministre.

Au cours de sa visite dans l'archipel, Bruno Le Maire a multiplié les signes d'apaisement envers Nissan.

Il a assuré que "le renforcement de l'alliance", son leitmotiv, ne passait "pas nécessairement" par une fusion, jugeant "toutes les options possibles". "Je ne suis pas arc-bouté sur le principe d'une fusion", a-t-il dit.

M. Le Maire a également rencontré le ministre japonais de l'Industrie, Hiroshige Seko, évoquant à l'issue une discussion "constructive" ayant "permis de rétablir la confiance".

Il s'est même montré plus audacieux en disant l'Etat prêt à "réduire sa part dans Renault", dans une interview accordée samedi à l'AFP, dans un "horizon de long terme".

En réalité, Nissan, rétif aux interférences du gouvernement français, voudrait qu'il se désengage totalement de Renault, d'après une source proche de l'entreprise. "Chacun doit comprendre que cette participation est l'héritage d'une longue histoire entre Renault et la nation française, cet héritage pèse", a rétorqué lundi Bruno Le Maire.

Enfin, s'il a estimé que le projet de fusion Renault-FCA "restait une belle opportunité", il a redit qu'une telle opération ne saurait se faire sans l'accord de Nissan. "Parce que sinon vous risquez que tout s'effondre comme un château de cartes".

© 2019 AFP

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6 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

era
10/06/19 17:47
Qui sème le vent récolte la tempête.
Lemaire devrait être viré.
pascalle
10/06/19 17:54
Macron veut faire la même chose qu'avec Alstom. Regardez l’excellent reportage sur la chaine parlementaire
Dubaisan
10/06/19 18:09

Voila ce que j'écrivais le 8 Juin dernier sur une autre file:

"Le Maire me fait penser à Chamberlain ; non seulement la fusion avec FCA est morte, mais je crains que l’alliance avec Nissan et Mitsu ne vole rapidement en éclats les japonais ayant d’autres objectifs que celle-ci sauf à devenir majoritaire dans ce cadre.

De plus, en ayant fait capoter la fusion avec FCA, il ridiculise JD Senard le PDG de Renault, lui fait perdre la face; Pour les japonais, c’est du pain béni et cela signifie qu’il ne sert à rien de discuter avec le PDG de Renault qui n’a aucun pouvoir.

Cette affaire est un désastre pour Renault et pour la France. ".

et hier matin:

Puisque Renault bloque la réforme de la gouvernance de Nissan, je verrais bien l’Etat japonais « nationaliser partiellement » , ou pré-empter les parts de Renault dans Nissan, au mieux indemniser Renault sur la base de son prix d’acquisition d’il y a 15 ans et sans discussions: Donc à prendre ou à laisser.....

Comme ça y’a plus ces emmerdeurs de français et Nissan retrouve toute sa liberté de s’associer avec ....Toyota par exemple.

Le coût pour Nissan sera, certes la fermeture du marché français ( et encore, on est trop cons pour le faire réellement !), mais ce sera une goutte d’eau pour la nouvelle alliance avec Toyota.

Il faut bien comprendre le caractère nationaliste des japonais, c'est ce qui les mènent.

Dans un autre post au début de l'affaire Goshn, j'avais dit que la meilleure chose à faire était de vendre les parts de Renault dans Nissan à un groupe chinois….

Ver5gétorix
10/06/19 18:27
L'Etat ne peut pas gouverner la ou les structures à l'intérieur de l'Allinace RNO-Nissan, et il fait savoir son désengagement possible dans le long terme. Je crois qu'il ne faut pas aller plus loin. L'otage n'est toujours pas jugé et il reste toujours otage du système qui a permis à Nissan et sa direction de laisser pratiquement tomber leur vrai métier pour oeuvrer principalement à la destruction de leur cible en se fondant sur des accusations infondées ou rocambolesques. Nous n'avons pas le même droit des affaires, du travail, etc... dans les deux pays, ça rend peut-être la fusion impossible, mais ça rend aussi le montage des différents comités envisagés par Nissan impossible sauf à estimer que le droit d'un pays l'emporte sur l'autre. Pour ceux qui ne voudraient pas regarder en face cette réalité, il reste à lire et relire "Stupeurs et tremblements".

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