Le lancement de la seconde opération de financement à long terme de la BCE
(LTRO) auprès des banques est digérée par les investisseurs. De nature à
consolider un peu plus la confiance des marchés financiers, la stimulation de la
Banque Centrale Européenne était une condition nécessaire à l’économie, mais
elle ne sera pas suffisante.
Après s’être octroyé une bouffée d’oxygène
appréciable en l’espace de deux mois, entre deux LTRO d’envergure et un second
plan de sauvetage à la Grèce entériné, la zone euro doit désormais se confronter
aux enjeux structurels de l’économie « réelle » et de sa croissance.
529.5 Milliards d’euros de prêts à 800 banques européennes pour la
seconde opération de LTRO de la Banque Centrale Européenne. Plus de 1 000
Milliards d’Euros depuis le 21 décembre, sur les deux opérations. L’injection
colossale de liquidités de la BCE dans le système bancaire a porté ses fruits.
De façon habile, l’institution européenne mène une forme de « Quantitative
Easing » (assouplissement quantitatif) indirect, en prêtant aux banques.
L’objectif affiché : éviter tout risque de « credit crunch » (assèchement du crédit) en zone euro. Et par conséquent, détendre non seulement les conditions de financement sur les marchés financiers, mais surtout dynamiser l’activité des agents économiques (entreprises/ménages) de l’économie dite « réelle ».
La première partie de l’équation est déjà résolue, puisque les établissements bancaires ont réinvesti une partie des liquidités obtenues sur les marchés obligataires souverains, permettant ainsi le refinancement des Etats dans de meilleures conditions : le coût des dettes italienne et espagnole s’est rétracté ces dernières semaines à des niveaux plus supportables.
En revanche, la stimulation des agents économiques reste à confirmer. Nous
pouvons raisonnablement penser que les banques redistribuerons l’autre partie
des liquidités obtenues, sous forme de prêts aux entreprises et aux
ménages. Elles y sont en tout cas fortement incitées.
Au-delà des
incertitudes éventuelles sur la capacité des banques à rembourser leurs emprunts
d’ici trois ans (question éminemment importante pour le gouvernement allemand,
fidèle à son orthodoxie monétaire et sa lutte contre l’inflation), l’enjeu est
aujourd’hui de savoir si la croissance peut repartir en zone euro. Repartir
« naturellement », sans nouveau soutien artificiel, puisqu’il n’ y devrait pas y
avoir de LTRO 3.
L’assistance d’urgence par des plans de soutien successifs, tels qu’ils se sont opérés sur le Grèce ou auprès des banques, n’a pas vocation à perdurer indéfiniment. Les économies de la zone euro doivent maintenant se confronter aux problématiques structurelles d’emploi, de croissance, de compétitivité.
Fabrice Cousté
Directeur général de CMC Market France
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