Vous aimez écrire ? vous souhaitez que vos textes soient publiés dans cette rubrique ? contactez-nous
Il y a peu, je publiais un article sur « la répartition de la richesse des
entreprises ». J’en arrivais alors à la conclusion que, contrairement à ce qu’on
voulait nous faire croire, les actionnaires ne sont pas grassement rémunérés sur
le dos des travailleurs et de la communauté. En clair : on se trompait de débat
lorsqu’on voulait nous faire avaler la répartition des bénéfices des sociétés
avec le fameux slogan sarkoziste « 1/3 pour les salariés ; 1/3 pour les
actionnaires ; 1/3 pour les investissements ».
Le thème de la répartition de la richesse des entreprises m’a fait davantage
réfléchir. En fait, ce qui pose problème, c’est avant tout l’abandon des
politiques et des PDG qui sont détachés de toute réalité sociale et économique
mais qui se trouvent au service d’une richesse détenue par une poignée
d’individus et de Transnationales. Deux études distinctes ont récemment permis
d’établir un constat accablant : moins de 1% des sociétés et des individus
contrôlent près de la moitié des richesses.
Une économie entre les mains de quelques individus : 1% de la population détient
38,5% de la richesse mondiale
Dans leur ensemble, les millionnaires et les milliardaires du monde contrôlent
38,5% de la richesse du monde en 2011, contre 35,6% en 2010 (Global Wealth
Report de Credit Suisse, 2011).
29,7 millions de personnes dans le monde sont millionnaires en dollars (soit
moins de 1% de la population mondiale). Cette richesse cumulée par ces
millionnaires et milliardaires est de 8900 milliards de dollars soit un bond de
+29% en 2011.
84700 personnes dans le monde ont une richesse supérieure à 50 millions de
dollars. 35400 d'entre eux vivent aux États-Unis. Par ailleurs, 29000 personnes
dans le monde ont une richesse supérieure à 100 millions de dollars ou plus et
2700 personnes ayant 500 millions de dollars ou plus.
Une poignée de Multinationales détient le Pouvoir économique : 147 sociétés
génèrent 40% des Revenus
Une analyse intitulée « The network of global corporate control » portant sur
les relations de 43 060 sociétés multinationales (sur une base de données
répertoriant 37 000 000 sociétés dans le monde) a permis d’identifier un petit
groupe d'entreprises, principalement des banques, qui disposent d’un pouvoir
disproportionné sur l'économie mondiale.
Beaucoup de critiques ont été faites sur l’objet de cette étude. Cette étude est
même passée inaperçue auprès de certains médias, détenus par des firmes
puissantes. Mais les journalistes du très sérieux « New Scientist » ont avancé
qu’il s’agissait « d’un effort unique pour démêler le contrôle de l'économie
mondiale ».
Cette étude réalisée par un trio de théoriciens des systèmes complexes de
l'Institut fédéral de suisse à Zurich est la première à aller au-delà
l'idéologie pour identifier un tel réseau de pouvoir. Ils ont modélisé des
systèmes mathématiques avec des données provenant des entreprises pour
cartographier les relations entre des sociétés.
Les auteurs ont voulu préciser que « la réalité était si complexe que nous
devions nous éloigner du dogme, des théories du complot ou du marché libre »,
signifiait James Glattfelder avant de préciser : « Notre analyse est fondée sur
la réalité ».
Les travaux, publiés dans la revue PLoS One, révèlent qu’un noyau d'entreprises
avec 1318 actionnaires verrouillaient le systéme. Chacune des 1318 entreprises
avait des liens avec deux ou plusieurs autres entreprises, et elle était en
moyenne connectée à 20 autres sociétés. Combinées, ces 1318 sociétés
représentaient 60% des revenus réalisés dans le monde.
Lorsque les auteurs ont démêlé les relations établies les unes avec les autres,
il s’est avéré qu’une grande partie de ces « super-entités » était formée de 147
sociétés qui contrôlaient 40% de la richesse totale dans le monde. Avec ce
résultat : « moins de 1 % des entreprises ont réussi à contrôler 40 % de tous
les revenus ». Le top 20 inclut sans surprise des grands noms de la finance tels
que Barclays, JPMorgan ou encore Goldman Sachs.
Cette concentration du pouvoir économique est assez bluffante. Mais au-delà du
constat, il apparaît qu’en identifiant l'architecture économique mondiale, on
puisse établir les aspects vulnérables du système. En définitive, cette analyse
pourrait permettre de rendre le système capitaliste plus stable. Seule solution
pour éviter des conflits à plus ou moins Long terme.
Conclusion
L’augmentation des richesses conduit-elle à l’enrichissement des peuples ? La
réponse est Non. Et de moins en moins. On l’a vu, une étude indépendante a
prouvé que 147 sociétés détiennent 40% des richesses mondiales et que 1318
sociétés contrôlent 60% des revenus réalisés dans le monde. Dans le même temps,
moins de 1% des personnes les plus riches contrôlent près de 40% de la richesse
mondiale.
A l’heure ou les statistiques de l’ONU nous montrent que plus de 80 pays ont
aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans, ou 60 millions de
personnes « vivaient » aux Etats-Unis avec moins de 7 dollars par jour, ou 16%
des 495 millions d’européens courent un risque de pauvreté, ou 70 millions
d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les statistiques de la
Commission européenne dont 17 millions sont répertoriées comme « très pauvres »
et ou 8 millions de ménage vivent avec moins de 954€ par personne en France :
ces deux études prennent tout leur sens. Jusqu’à quand tout cela pourra-t-il
tenir ?