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Apprendre à gérer l'ennui quand les marchés sont englués à l'horizontal

Par Samuel Rondot;

samuel rondot

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Depuis un petit moment, je n'ai rien publié et il me semble important d'expliquer pourquoi.

Je ne vous promets pas pour autant que le sujet soit bien passionnant. Et pourquoi donc, direz-vous ?

Eh bien, parce que je ne me suis jamais autant ennuyé depuis 1996. C'est la dernière fois où il s'est passé aussi peu de choses en Bourse. Je résume :

Le climat

- Tous les grands devins nous ont prédit la fin du monde économique pour très bientôt.

- Les banques centrales couvertes par les politiques ont monétisé tout ça et gagnent du temps.

- Mais ce temps n'est pas utilisé pour résoudre le problème de fond, donc nous aurons encore des soubresauts et à chaque alerte, la banque X ou Y fera son boulot de pompier.

Tant que le "deleveraging" du gros bazar n'est pas terminé, il ne pourra rien se passer.

L'ambiance

- 70 % des volumes sont traités par des algo qui ne voient pas plus loin que le bout de la seconde que le taux de corrélation des différentes valeurs entre elles est de l'ordre de 85 % (ce qui veut dire qu'acheter A plutôt que B ne sert à rien).

- Il est maintenant communément admis qu'un gérant n'est utile qu'à faire tourner le portefeuille.

- Et dans le même temps, la masse a enfin pris conscience que le vieil adage « la Bourse, ça rapporte à long terme » n'est pas plus vrai qu'un autre.

Le résultat

- Le marché évolue dans un corridor si étroit qu'on a parfois la sensation d'être revenu à une époque où il y avait une coupure à la corbeille entre midi et deux.

- Après avoir patienté pour connaître le résultat des élections françaises, on attend maintenant celui des Américains et dès qu'il sera connu, ça sera le tour des Allemands.

- Les gérants dits intelligents (ceux que l'on place dans la catégorie des CTA et qui sont libres de gérer leur portefeuille comme ils l'entendent) se rapprochent un peu plus d'une 4e année avec un rendement quasi nul.

- La catégorie des fonds systématiques est négative au 30 septembre comme l'année dernière, celle d'avant et encore plus avant. Sur quatre ans, c'est la première fois de son histoire, commencée en 1987, qu'elle n'affiche aucun gain.

- Les rares vrais traders gagnant sur le long terme que je connais jouent au golf, profitent de leur bateau ou font de l'immobilier. Il paraîtrait que certains cultivent même des bananes...

- Et pour finir, la plupart des systèmes que j'ai le plaisir d'observer font comme leurs petits copains, ils s'ennuient et se morfondent en attendant des jours meilleurs.

Alors, que voulez-vous que je vous dise ?

- Que les politiques s'attaquent à la montagne de dettes... Ben, non.

- Que les autorités de tutelle ont décidé de faire la fête au trading à haute fréquence... Ben, non.

- Que les courtiers bien moisis qui opèrent depuis des paradis (pour eux, pas pour leurs clients) sont encadrés... Ben, non.

Que je suis désabusé... Ah ! Ça, pas du tout !!!

- En fait, tout va très bien.

- Car c'est loin d'être la première fois depuis quinze ans que je travaille dans le monde de la finance qu'on se fait une petite traversée du désert.

- Les fois précédentes, j'ai fait l'erreur de patienter tranquillement devant mon écran d'ordinateur en attendant que le marché veuille bien s'animer sans savoir quand il le ferait.

Cette fois-ci, j'ai appris ma leçon :

j'ai mis une alerte sur la volatilité et pendant ce temps-là, je fais avancer des dossiers de fond et je profite de la vie, de ma famille et de mes passions.


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