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Jusque dans les années 2000 il était facile de trouver nombres de fonds gérés
par des hommes et des femmes de qualité.
Depuis ces années là, la dictature du client et du marketing a poussé les
banques à faire gérer ces fonds par le marché.
Les deux années clés qui ont transformé sournoisement l’industrie de la gestion
sont 1999 et 2002.
D’abord 1999 avec la plus forte hausse annuelle de l’histoire des marchés
financiers sur les actions avec presque 50% en une année. Les autorités de
tutelle ont commencé à recevoir de nombreuses plaintes de clients car les
clients n’avaient pas obtenu ce gain historique sur leur portefeuille mais bien
moins que cela.
Qui étaient donc ces gérants qui n’étaient pas capables de gagner plus que
l’indice ou au moins autant dans une année aussi facile ou la bourse n’a fait
que monter ?
Sans parler des très nombreux fonds uniquement placés sur un seul type de
produit (par exemple le technologie tout le monde s’en rappelle) qui eux étaient
parvenus à faire beaucoup mieux, alors pourquoi pas leur gérant ?
Puis il y a eu 2002. Suite à la crise du 11 septembre 2001 et le dégonflement de
la trop fameuse bulle technologique sur fond de ralentissement de la croissance
(après une surchauffe) le marché a connu l’une de ses pires performances
annuelles de l’histoire.
Les plaintes aux autorités ont repris de plus belle pour mettre en cause ces
gérants incapables dans la hausse de faire mieux mais qui sans problème ont fait
pire dans la baisse.
Les industriels de la gestion se sont retrouvés pris entre ces plaintes clients
et ces départs de clients mécontents déçus de leurs produits. Il faut d’ailleurs
noter que les clients ne partent pas en nombre au pire de la crise mais quelques
temps plus tard quand ils commencent un peu à se refaire.
Ces industriels ont eu alors une réponse miracle : enlevons la responsabilité de
la performance aux gestionnaires et faisons là porter aux clients.
D’un coté, ils ont demandé à leurs gérants de suivre au plus prêt des indices de
références (taux, actions Europe, actions Chine, matières premières, etc) puis
ils ont multiplié à l’infini ces produits là et ils ont formé leur réseau
commercial à vendre cette gamme de produits.
Aujourd’hui, si vous perdez de l’argent et que vous allez voir votre conseiller
on vous dira que vous avez choisi le mauvais support et qu’on vous avez bien dit
qu’il y avait des risques à suivre celui là. Mais heureusement pour vous, il y a
tellement d’autres choix, qu’il vous suffit de faire le bon pour l’année
prochaine.
Fini la culpabilité du gérant (d’ailleurs, cela fait combien de temps que vous
n’avez plus entendu parler de gérant star ou du fond X ou Y qui a battu tous les
autres ?), fini le départ du client pour la concurrence, vive le contrôle du
client et la responsabilisation du client !!!
Cette transformation est passée inaperçue aux yeux du public. Elle a été
malheureusement possible pour deux raisons : la concentration du métier aux
mains d’une poignée d’acteurs de plus en plus énorme, la prise en main des
autorités de contrôle par ces mêmes acteurs (la commission des opérations de
bourse qui regroupait des agents de change est devenu l’Amf ou siègent des
banquiers).
Le problème de ce nouveau schéma, c’est qu’un gérant a déjà du mal à être un
expert dans son domaine alors comment est ce possible qu’on en soit arrivé à un
tel extrême ou le client devient le seul responsable de ces actes ?
Outre le fait que la menace brandie par ceux qui ont porté plainte s’est
retournée contre eux, le véritable coupable à mon avis et qu’on a érigé en règle
absolue « que la bourse monte toujours à long terme et que c’est le meilleur
produit de rendement ».
Malheureusement, l’histoire a toujours eu un grand pouvoir de persuasion mais
c’est un très mauvais indicateur de prévision.
On a toujours la sensation que ce qu’on a vécu va se continuer mais pourtant on
dit bien que l’histoire ne se répète pas.
De plus, ce sentiment a été exacerbé par cette période d’euphorie extraordinaire
que nous avons vécu dans les années 80 et 90.
Une croissance économique soutenue pendant la plus longue période de toute
l’histoire, des crises rares et de faible amplitude vite oubliées, un profit de
cette situation à tous les niveaux économiques et sociaux (certes dans des
proportions très diverses).
Cette période unique dans l’histoire du monde et plus encore dans l’ère moderne
a créé une euphorie et un optimisme qui a fait oublié à tout le monde que cette
période était justement unique.
Loin de moi l’idée d’argumenter ou de contester que cette ère est bien terminée
ou le contraire.
Ma conviction c’est qu’on a vécu un moment extraordinaire, éloigné de toute
normalité ou moyenne historique et que plus une situation exceptionnelle dure
dans le temps, plus il est évident qu’on se rapproche de sa fin et plus encore
qu’elle ne se reproduira pas.
Pendant toute cette période là, il est évident que la bourse était le meilleur
investissement et qu’il suffisait d’investir et de conserver ses investissements
pour gagner de l’argent après 5, 10 ou 20 ans.
Le parcours des bourses mondiales au 21éme siècle montre que cette idée est pour
le moment révolue.
Avec le vif rebond des bourses mondiales depuis leur plus bas, à nouveau, le
même argument commercial ressort chez nos industriels :
« Il suffit de voir la preuve, si on a acheté au plus bas, le portefeuille
aurait déjà fait +50 % !!! Je vous l’avais dit, la bourse c’est le produit le
plus rentable sur le long terme. »
Mais si on remonte dans le temps la réalité est plus sombre : sur les 2
dernières années, 5 dernières années, 10 dernières années et même 15 dernières
années sur nombres de titres, la bourse (les actions en tout cas) perd de
l’argent. Sur certaines périodes, elle en perd même encore beaucoup.
Ces industriels ne vous donneront qu’un seul conseil : un patrimoine doit être
équilibré, vous devez répartir vos risques sur plusieurs actifs mais surtout
achetez les chez moi.
Je le répète, je ne sais pas si cette période est définitivement révolue ou non.
Ce que je sais, c’est qu’à titre personnel j’ai depuis longtemps décidé de
prendre mes investissements en main et que la diversification je veux la
choisir, je n’ai pas envie que ce soit le marché qui me l’impose.
Il est évident que vous vous attendez à ce que je vous vende ma sauce en vous
disant, « chez BestCFD.com, on peut travailler à la hausse ou à la baisse, on
peut acheter des actions, des devises ou des matières premières et en plus ce
n’est pas cher… »
Il faut être lucide : le trading ne concerne que quelques personnes passionnées
par le trading. Au mieux, on pense que 5000 comptes sont vraiment actifs en day
trading en France. Et encore.
Les industriels de la gestion s’adressent eux à tous les autres, des millions et
même des dizaines de millions d’occidentaux.
La suite sur la manière que j’ai choisi pour diversifier mon patrimoine dans un
prochain édito...