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De nombreuses recherches de psychologie sociale effectuées depuis les années
soixante font apparaître que pour le vote aux élections présidentielles, il
existe une psychologie des électeurs de gauche, et une
psychologie des électeurs de droite.
Une partie des travaux réalisés en psychologie politique par le psychologue
Philip Tetlock de l’Université de Berkeley au cours des années 70 montre que les
individus de gauche modérée entrevoient les questions politiques dans des
termes plus complexes que ceux positionnés à droite, lesquels
privilégient des effets plus simples et plus directs.
Les personnes de gauche évoquent plutôt des causes multiples,
indémêlables et intriquées, alors que les personnes de droite ne recourent qu’à
peu de dimensions isolées, celles qu’ils jugent pertinentes.
D’autres travaux, plus récents datant des années 80 à nos jours, mettent en
évidence que la droite recourt à des explications dispositionnelles,
c'est-à-dire rapportant tout à l’individu et à ses choix personnels, tandis que
la gauche fait appel à des explications dites situationnelles,
ce qui veut dire liant tout au contexte de groupe et à des interactions non
maîtrisables par l’individu isolé.
Je pense que l’électeur de droite possèdera en matière d’investissement
financier des résultats en moyenne supérieurs à ceux d’un électeur de gauche. Ce
n’est pas l’épaisseur du portefeuille initial qui fera l’écart de performance,
mais plutôt la différence de mode de pensée dont découleront
des modes d’actions.
En effet, en vertu de ce qui est écrit plus haut, et si l’on cherche à résumer,
on peut dire que l’électeur de gauche effectue des raisonnements complexes, et
qu’il pense qu’une grande partie de son destin n’est pas maîtrisable car
contraint par des phénomènes collectifs.
A contrario, l’électeur de droite produit des raisonnements simplifiés,
et il pense que ses qualités intrinsèques lui permettent de
s’extraire de la masse pour faire de lui un gagnant.
A ce constat, deux remarques s’imposent.
Premièrement, mon expérience sur les marchés financiers m’a montré que des
raisonnements complexes sont intellectuellement rassurants, et esthétiquement
jouissifs, mais qu’ils poussent à l’inaction car intégrant trop de paramètres.
La multiplicité des paramètres rend hasardeuse la survenue d’une conjonction
favorable de l’ensemble.
De plus, lorsque le succès est au rendez-vous, les gains de sont pas plus
remarquables, ni en fréquence, ni en montant, qu’avec un modèle fort basique.
Deuxièmement, mes errements sur les marchés boursiers m’ont fait mettre le doigt
sur le fait que le raisonnement de gauche, dit situationnel, tend à entamer la
confiance en soi.
La confiance en soi est altérée car on pense que les autres sont plus malins, et
qu’ils pèsent trop lourd sur l’échiquier, bref, qu’à titre personnel on ne peut
être qu’un fétu de paille broyé par le courant d’un fleuve en cru.
La confiance et l’estime de soi sont des
variables majeures du travail en bourse.
Il faut oser y aller, mettre le paquet au bon moment, et tenter de surfer sur
les tourbillons dudit fleuve en cru.
Faire de la bourse, c’est d’abord établir des stratégies, puis passer à
l’action.
Etablir une stratégie revient à effectuer des raisonnements plus ou moins
complexes.
Passer à l’action, c’est avoir confiance et oser être un acteur du marché.
Ainsi, être actif sur les marchés financiers nécessite les mêmes
caractéristiques mentales de bases que celles qui s’activent lorsque l’on vote à
des élections.
Les grandes différences de pensée entre un électeur de droite et un électeur de
gauche, ainsi que leurs conséquences sur l’activité au sein des marchés
financiers peuvent être croisés de la manière suivante :
En bourse, les cas 1 et cas 2 ne donneront que de faibles résultats car quelle
que soit la puissance du raisonnement, si l’on manque de confiance, on ne
prendra pas de positions, ou bien on le fera trop tard.
Pour sortir du marché, on n’osera pas non plus le faire, ou alors pas à temps en
cas de gros temps. Le cas 3 peut donner de bons résultats mais dans une optique
d’investissement à long terme seulement, car la puissance du raisonnement et les
modes de décisions nécessitent énormément de traitements lourds. Ceux-ci sont
impossibles sur le très court terme.
Le cas 4 donnera de bons résultats sur tous les horizons de trading car la
légèreté et l’économie de fonctionnement du système le rendent très flexible. Il
est possible de rentrer sur le marché et d’en sortir plus souvent.
Cela permet de profiter de toutes les conditions de marché. Cela permet aussi de
limiter les risques car on n’est pas investi à plein trop souvent sur le marché.
Ceci étant, quelles conclusions tirer du type de vote politique vis-à-vis de la
performance en matière d’investissement ?
Le cas 3 est un mode de pensée hybride à l’individu votant à droite et à celui
votant à gauche.
Il pourrait donner de bons résultats mais il est certainement peu répandu. Les
mutants ne courent pas les rues.
Les cas 1 et 2 sont soit totalement de gauche, soit partiellement de gauche, et
ils vous excluent du marché pour cause d’inactivité liée à la peur.
Le cas 4 est celui qui maximise la réussite en terme de plus-values boursières.
Ce cas est fortement dépendant de la pensée type de l’individu qui vote à
droite.
D’où mon affirmation quant à une sur-performance en bourse des individus votant
à droite.
Cela dit, vous votez à gauche … et vous êtes en désaccord avec moi … rien ne
vous empêche alors de tenter de me faire mentir.
C’est là tout le mal que je vous souhaite … mais, au sein des individus votant à
gauche vous resterez certainement une personne fort exotique.
« La plupart des candidats à la présidence incluent dans leurs promesses de
réduire les impôts.
En d’autres mots, les candidats achètent votre vote avec votre propre argent ! »
dixit Dave Barry, l’écrivain détenteur du prix Pulitzer.
Hé, oui, de droite comme de gauche, on se fait tous avoir … il n’y a pas
toujours des écarts de raisonnement entre les personnes votant à droite, et
celles votant à gauche.