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Japon, quelles conséquences pour l’économie mondiale ?

Par Loïc Abadie;

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Après la fin du monde et l'"apocalypse nucléaire" que le monde entier a vécu ces derniers jours (je ne fais que reprendre ici les propos d'un commissaire européen à l'énergie victime d'une réaction typique de panique grégaire privant l'individu concerné de toute capacité de réflexion), il est temps de faire un point sur l'actualité japonaise...avec un peu plus de recul.

D'abord les montants :

Il est encore difficile d'estimer l'impact du tremblement de terre japonais et de ses conséquences, mais nous avons déjà des ordres de grandeur : Les chiffres avancés vont de 34 milliards de $ à près de 200 milliards de $ (credit suisse et barclays).

Les régions affectées par le tremblement de terre et le tsunami produisent environ 4 à 6% du PIB japonais, ce qui signifie aussi que 95% du pays n'a pas été directement touché (en dehors de l'impact psychologique qu'il ne faut pas sous-estimer, et de l'impact matériel des coupures électriques).

Dans l'hypothèse la plus élevée, les coûts du tremblement de terre correspondraient donc à environ 3% du PIB japonais, ou 0,3 à 0,4% du PIB mondial.

Les conséquences étant concentrées sur le Japon, elles devraient donc être très limitées pour les autres pays développés (USA et Europe), sauf pour certaines entreprises spécifiques (assureurs par exemple).

Pour le Japon maintenant, que va-t-il se passer ?

Si on retient l'expérience de Kobé, il y a deux temps dans ce type de crises :

1. un effet d'abord négatif, qui peut durer 1 à 3 trimestres en fonction de la gravité de la crise : Chute de la consommation et de la production industrielle à cause des dégâts du tremblement de terre et de la perte de confiance des ménages.

2. Un effet positif de « rattrapage » ensuite : stimulation de l'économie grâce aux reconstructions à effectuer et à la restructuration du secteur productif.

Ces deux temps se voient bien sur le graphe du Nikkei en 1995 ci-dessous, année du tremblement de terre de Kobe.



La phase baissière associée à Kobe avait duré 5 mois, mais un fort rebond avait suivi au 2ème semestre 1995, et les niveaux d'avant tremblement de terre étaient atteints dès la fin 1995.

Ce mouvement en V était-il entièrement lié au tremblement de terre ou le résultat d'autres facteurs ? Je pense qu'il y a bien eu en 1995 un effet spécifique du tremblement de terre au Japon, qui explique ce "V", puisque les marchés US ont montré une tendance haussière quasiment linéaire sur la même année.

En conclusion :
 
Le tremblement de terre japonais ne représente pas en lui-même une menace significative pour l'économie mondiale, et une économie saine devrait rebondir assez rapidement, après un trou d'air de 2 ou 3 trimestres.

Par contre, dans le contexte actuel (aux USA, en Europe et au Japon) d'économies résistant uniquement grâce à la perfusion des plans de relance gouvernementaux et à la fuite en avant dans la dette associée, n'importe quel petit « black swan » (tremblement de terre au Japon, instabilité au Maghreb et Moyen-Orient) peut suffire à gripper la machine ou à révéler son extrême fragilité.

C'est bien cette fragilité et cette dépendance à la dette qui constitue le vrai problème.

Loïc Abadie

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