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Comment se créé un consensus sur l’estimation future des revenus
d’une entreprise
La plus grande partie des ressources concernant les estimations de bénéfice des
entreprises proviennent des sociétés de courtage. Les analystes sont chargés
d’étudier les modèles économiques des entreprises et d’en déterminer la valeur
financière grâce à des projections. En effet chaque entreprise a besoin de
mettre en place une stratégie lui permettant de gérer ses opérations. Ces
estimations sont dès lors partagées avec les analystes qui vont quant à eux se
faire leur propre opinion de ces projections pour définir des objectifs et
générer un consensus. Les investisseurs prêtent une grande attention à ces
estimations car grâce à elles ils vont pouvoir juger du futur prix de l’action
en situant la position de l’entreprise sur son secteur industriel. De très
fortes révisions haussières apparaissent généralement après l’apparition d’un
nouveau produit développé par l’entreprise, une amélioration des marges de
profits ou encore un succès de niche lié à un manque de concurrence.
Le point de vue de l’entreprise, la prudence
Il est important de noter les motivations premières derrières les estimations
que se fait l’entreprise de ses propres activités avant que celles-ci ne soient
retraitées par les analystes. La plupart des dirigeants sont rémunérés sur une
large partie de leurs actions détenues dans la société via des plans de stock
option. Ces dirigeants, de part leurs années d’expérience savent très bien que
lorsque les publications sont en dessous du consensus des analystes, les cours
sont lourdement impactés. La rémunération des dirigeants étant liée en grande
partie à l’état des cours, ils ont tout intérêt à rester très conservateurs sur
leur prévision de croissance et de bénéfice. Cela donne de meilleures chances à
l’entreprise de battre le consensus et d’impacter positivement ses cours
boursier.
Le point de vue des analystes des sociétés de courtage, la prudence
En plus de conférences téléphoniques, revues de presse données par les
entreprises pour l’annonce de leurs résultats et leurs prévisions, certains
analystes se déplacent et visitent les entreprises. Ils discutent directement
avec les clients consommateurs du nouveau produit du moment afin de relativiser
les discours prévisionnels de l’entreprise. Cela évite les trop bonnes ou trop
mauvaises surprises.
Les entreprises qui n’entrent pas dans les fourchettes du consensus des
analystes tendent continuellement à chuter ou s’envoler plus vite que leurs
compères intra sectoriels qui n’ont pas engendré de surprise. En effet, les
investisseurs adorent voir des entreprises faire plus de profits et plus de
ventes que les analystes ne le prévoyaient, et inversement. Les analystes sont
alors obligés de réviser à la hausse leur prévision pour le prochain trimestre.
Ce fait impact les décisions d’achat des gérants dont les modèles mathématiques
sont basés sur les révisions de consensus à la hausse ; la conséquence est une
accumulation soutenue sur le titre suite à la news.
On recense plus de 4000 analystes émanant des 250 sociétés de courtage aux Etats
Unis et au Canada. Le but de ces entités est de générer du volume auprès de leur
clientèle en émettant des recommandations d’achat et de vente. En effet ces
firmes sont rémunérées à la commission. Cependant les analystes sont jugés sur
l’efficacité de leurs recommandations. En effet, plus les clients font d’argent
avec les recommandations et plus l’analyste prend de l’importance pour la firme.
Tout comme les dirigeants, les analystes ont apprit qu’il valait mieux
surprendre positivement le marché afin de l’impacter à la hausse. Ces analystes
restent donc très conservateurs sur leurs projections de bénéfice afin que
l’annonce soit en accord avec leurs analyses ou mieux, qu’une surprise positive
se produise. En aucun cas ils ne voudront que l’annonce soit décevante en
comparaison de leurs estimations. En 1995 seulement 50% des entreprises
égalaient ou surpassaient le consensus. Actuellement, cette proportion est
d’environ 80% ; ce chiffre met en avant l’importance que les courtiers accordent
à être prudents dans leurs prévisions.