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Avec la nouvelle étape de cette crise du crédit qui a commencé en 2007, nos
élites qui ont si bien su gérer la crise du crédit depuis 2007 (après avoir
gonflé la bulle de crédit qui en est à l'origine à coup de plans de relance
keynésiens) souhaiteraient nous imposer une grande idée : le fédéralisme
européen et son instrument phare : les eurobonds.
Cette grande idée est très simple :
Nous avons actuellement dans l'Eurozone 4 pays qui parviennent plus ou moins à
avoir un budget pas trop catastrophique (bien qu’en déficit) : L’Allemagne, les
Pays-Bas, la Finlande, l’Autriche. Ces pays représentent 113 millions
d’habitants. Lorsque nous allons revenir à une situation de forte récession (y
a-t-il encore quelqu’un qui en doute ?), ces pays devront de nouveau faire face
à une chute de leurs recettes fiscales, et à de nouvelles dépenses liées par
exemple au soutien de leur système bancaire qui va se retrouver en difficulté
(je pense par exemple au leverage ratio de 35 de la Deutsche Bank), et auront
sans aucun doute fort à faire avec leurs finances publiques.
Face à ces pays il y a tout le reste de l’eurozone, essentiellement l’Europe du
Sud et la France (dont la situation budgétaire est presque aussi inquiétante).
Environ 210 millions de personnes. Ces pays avaient déjà des budgets
complètement dans le rouge en période de relatif beau temps (2010) et vont
devoir faire à présent face aux mêmes problèmes (soutien au système bancaire qui
a toutes les chances de se retrouver en difficulté à cause de la récession,
demandes de prestations sociales liées à la crise, chute des recettes fiscales).
Autant dire "mission impossible" pour eux...
La grande idée du fédéralisme européen, c’est que les 4 moins mauvais élèves
(110 millions de citoyens, l'Allemagne essentiellement), qui auront déjà toutes
les peines du monde à boucler leur propre budget avec la crise qui revient en
force, vont pouvoir gentiment prendre en charge les dettes et les déficits de
tous les autres pays (210 millions de citoyens, soit presque le double), selon
le bon vieux principe socialiste qui consiste à faire payer les plus prévoyants
et les plus responsables pour récompenser les plus irresponsables et les plus
mauvais.
Pour cela, tous les pays d’Europe vont se regrouper dans la joie et la bonne
humeur solidaire pour faire un nouveau super-emprunt de 2000 milliards d’euros
appelé « eurobonds » (tout le monde sait, à condition d'avoir fait l'ENA, que
lorsqu’on est surendetté, la bonne façon de régler le problème est de faire un
nouvel emprunt encore plus gros pour payer les emprunts précédents).
Bien entendu cela va « relancer la croissance et l’emploi », et les dettes vont
se rembourser toutes seules grâce à cette « croissance » (les précédents plans
de relance par la dette réalisés en Europe nous montrent aujourd’hui le
bien-fondé de cette approche).
Avec notre bon sens primitif et quelques notions de calcul de niveau collège
(nous n’avons pas le niveau d’un brillant enarque-économiste qui multiplie les
interventions dans la presse à la gloire des eurobonds et de la fuite en avant
dans la dette, en accusant au passage les autres de se comporter comme Bernard
Madoff), nous comprenons que cela ne peut en aucun cas marcher et une grande
partie de la population des différents états européens n’y croit évidemment pas
du tout. Ce projet ne passera donc pas politiquement.
C'est bien dommage pour la mouvance fédéraliste (pour résumer : une grande
partie du PS, tout le centre, une large aile gauche de l’UMP, et même le Medef),
qui voudrait quand même faire aboutir sa Grande Idée sans demander son avis à
une masse de primitifs incultes appelés "électeurs".
La solution est simple : Il suffit de se passer de l’avis de ces primitifs en
avançant par des « petits pas » sans éveiller l’attention (c’est une expression
que j’ai eu l’occasion de lire sur plusieurs blogs centristes qui ont reçu la
Lumière Européenne).
Dans cette optique, la BCE a commencé à racheter en masse les obligations
italiennes et espagnoles, faisant chuter de 100 points de base les taux des
emprunts à 10 ans de ces deux états, et le FESF, peut lui aussi emprunter pour
racheter des obligations pourries d’Europe du sud. Et cette même BCE fixe à
présent quasiment toute la politique économique de l'Italie (en attendant de
s'occuper d'autres pays).
Nous avons ici clairement les premiers mouvements vers un fédéralisme qui avance
masqué et contre l’avis des peuples européens. Mais je ne pense pas que nos
euro-énarques avanceront ainsi très loin, la crise et ses réalités économiques
se chargeront de pulvériser assez vite toutes leurs constructions. Et ce retour
de boomerang achèvera de les discréditer pour longtemps.