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Les marchés se fieront aux données et non à Donald Trump

Par Robeco;

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Selon Lukas Daalder de Robeco, les marchés financiers continueront de se fier aux données économiques concrètes plutôt qu'aux dernières déclarations du Président Trump pour évaluer la valeur des actifs.

Solutions, les marchés actions ont largement ignoré toutes les déclarations politiques controversées du nouveau dirigeant américain, tandis que les marchés obligataires sont plus tournés vers ce qui se passe en Europe.

En écho à la formule rendue célèbre par l'ancien président Bill Clinton lors de sa campagne électorale victorieuse en 1992 : « It’s the economy, stupid ! » sera probablement la force dominante pour les investisseurs et non pas Donald Trump.

D'après Lukas Daalder, les gros titres inquiétants des premières semaines de sa présidence auraient pu laisser supposer que les marchés financiers allaient connaître plusieurs semaines difficiles,¬ mais cela a été tout le contraire. Depuis bientôt deux mois, les actions américaines sont coincées dans une tendance de faible volatilité, l'indice de volatilité VIX continuant son repli à un niveau proche de son plus bas des 10 dernières années.

S'agissant du marché obligataire, les rendements obligataires américains ont réussi à se stabiliser depuis le début de l'année. La volatilité des obligations de la zone euro a commencé par diminuer, mais elle augmente de nouveau en raison des risques locaux. Le seul segment des marchés financiers à avoir enregistré une hausse constante de la volatilité a été les marchés des devises, dont la volatilité est désormais nettement supérieure à celle observée lors de l'élection du 8 novembre.

Des données étonnamment bonnes

Alors, que se passe-t-il réellement ? Selon Lukas Daalder, la situation se résume ainsi : les marchés se concentrent sur la réalité économique plutôt que sur l'univers tumultueux de la politique.

« Les choses deviennent bien plus faciles à expliquer lorsque l'on est capable de voir au-delà des gros titres provocateurs de Donald Trump et que l'on se penche sur les autres actualités, ce qui a tendance à avoir été négligé ces derniers temps. » A commencer par l'économie mondiale. Les chiffres continuent de réserver de bonnes surprises, ce qui indique une consolidation du momentum économique sous-jacent.

Il ne s'agit pas selon lui d'un phénomène typiquement américain. Il s'observe également nettement en Asie – notamment au Japon – et plus particulièrement en Europe. L'indice Citi Surprise est passé en territoire positif dans ces trois régions et la dernière fois qu'elles ont toutes les trois surpris à la hausse d'une telle magnitude, c'était en 2010.

Cette amélioration de l'activité économique sous-jacente se vérifie aussi dans les résultats trimestriels publiés jusque-là. Le dernier trimestre marque en effet une rupture décisive avec les quatre trimestres précédents et les bénéfices sont en passe d'indiquer une croissance considérable et généralisée. La crainte d'une récession des bénéfices qui tirerait l'économie mondiale vers le bas s'est évanouie.

Ceci montre clairement que peu importe tout le bruit que peut faire Donald Trump, tant que cela n'a pas d'impact direct sur la croissance économique et les bénéfices sous-jacents, les marchés actions ont généralement de bonnes raisons de ne pas y prêter attention. En d'autres mots : « It’s the economy, stupid ! »

C'est également ce qui explique l'évolution du spread des marchés des obligations internationales : les données économiques européennes montrent que – contrairement à l'opinion très répandue – le momentum sous-jacent est actuellement plus favorable en Europe qu'aux États-Unis. D'après les statistiques de décembre, les commandes des usines allemandes (bien que connues pour leur volatilité) sont actuellement de 8 % supérieures à leur niveau de l'an dernier, tandis que l'inflation globale (1,8 %) a également surpris à la hausse.

Les risques politiques en Europe

Lukas Daalder souligne que sur le plan politique, des risques sont toutefois encore présents. Les mouvements populistes devraient en effet s'imposer lors des élections législatives prévues en mars aux Pays-Bas et des élections présidentielles en France en avril et en mai. Par ailleurs, la saga du plan de sauvetage de la Grèce n'est toujours pas terminée. Si elle n'a pas refait surface depuis quelques années, elle est néanmoins indirectement liée à Donald Trump et à toute autre personne susceptible d'accéder au pouvoir en Europe.

Selon Lukas Daalder, les élections présidentielles françaises sont en passe de devenir l'événement clé pour les marchés financiers. « Le parti anti-européen du Front National de Marine Le Pen est nettement en tête dans les sondages et même si la plupart d'entre eux indiquent qu'elle sera battue au second tour, il est clair que ses adversaires ne sont actuellement pas en très bonne position. »

Lukas Daalder avertit que les dernières données économiques en provenance de la Grèce montrent de nouveau une certaine faiblesse et que le FMI devrait bientôt décider s'il va prolonger le crédit octroyé au pays. Le FMI a jusque-là montré des réticences à participer au plan de sauvetage, mais avec Donald Trump désormais à la tête de la principale partie prenante du FMI, les choses pourraient bien se gâter rapidement. Dans ce cas, l'attention se portera sur la volonté des principaux pays européen, à savoir la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, à soutenir la Grèce dans une année électorale.

La prudence en matière d'allocations

Lukas Daalder prévient toutefois que bien que les marchés ne fassent pas cas des déclarations politiques, les risques n'ont fait qu'augmenter. C'est pourquoi Robeco Investment Solutions reste prudent en matière d'allocations pour son portefeuille multi-actifs.

« Pour le moment, nous préférons maintenir une position neutre sur les actions et nous concentrer plutôt sur la recherche d'opérations relatives. Dans l'ensemble, nous avons mis en place une opération relative en obligations (position longue sur les États-Unis et courte sur la France) afin de profiter de l'augmentation sous-jacente des risques politiques en Europe, tout en verrouillant les rendements obligataires américains bien plus élevés ».

« Nous sommes en outre passés à une surpondération de la dette émergente. » Lukas Daalder explique que le spread sur la dette émergente dépasse actuellement celui sur le High Yield, et à une qualité de crédit largement supérieure, alors qu'en moyenne, les devises du segment de la dette émergente sont sous-évaluées. Bien que cela ne garantisse pas que les devises soient un moteur positif à court terme, leur capacité prédictive augmente au fil du temps. Pour finir, il ajoute avoir mis en place une position longue sur le dollar américain.


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