OK
Accueil > Analyses > Chroniques

Pourquoi le trading "à la papa" est-il mort ?

Par Caroline Domanine;

Caroline Domanine

Vous aimez écrire ? vous souhaitez que vos textes soient publiés dans cette rubrique ? contactez-nous

Traditionnellement, le trading est lié à l’économie et à l’analyse des informations économiques. Lorsqu’une personne se met au trading, elle se dit naturellement qu’elle doit se former en économie et en analyse.

Ceci a longtemps été vrai et parfaitement efficient. Dans les années 80, le rapport au temps était différent, et les positions étaient plus longues qu’aujourd’hui. La réussite reposait essentiellement sur la qualité de l’information et la capacité à en déduire des scénarios probables. Pendant très longtemps, la spéculation était donc une affaire de cohérence entre un environnement direct, des scénarios probables d’avenir et la capacité de l’opérateur à réagir justement à l’ensemble de ces facteurs.

Mais aujourd’hui, le trading n’a plus rien à voir avec cette époque antédiluvienne qui ne date pourtant que de vingt-cinq ou trente ans.

Les progrès techniques exponentiels ont changé le visage de notre quotidien. La présence des ordinateurs et d’internet a changé notre rapport à l’information, notre rapport à l’autre et notre rapport à nous-mêmes. Comment pourrions-nous imaginer que la spéculation boursière, plus mondialisée que n’importe quoi d’autre, ne soit pas impactée par cette avancée technologique ?

La technique a profondément complexifié notre environnement et, aujourd’hui, un homme est incapable de prédire de manière fiable un avenir économique. L’analyste économique serait-il un dinosaure en voie d’extinction ? Je l’ignore, mais je constate, de manière indubitablement logique, que personne ne peut avoir en sa possession l’ensemble des éléments tangibles pour avoir une certitude sur l’avenir d’une entreprise, ou du cours d’une valeur.

Certes, le marché du trading (et particulièrement celui du Forex, juteux à souhait) regorge de têtes bien faites et bien rangées, de petits génies surdiplômés qui vous prouvent par A+B que le marché va faire ceci ou cela pour telle ou telle raison. Et ils ont parfois raison, parfois seulement...

Moi qui ne connais rien à la météo, je vous assure que dans 83 jours, le 24 avril à Paris, il fera soleil ! Eh oui ! Je vous le dis et je vous le prouve : durant les 20 dernières années, nous avons eu 14 années où le 24 avril est ensoleillé ; si l’on ajoute à cela que sur les cinq années qui ont précédé les années bissextiles, 100 % des 24 avril étaient ensoleillés, je peux vous assurer, madame, monsieur, que le 24 avril, il fera beau ! Et après tout, si je me trompe et que vous sortez sans parapluie, ce n’est pas moi qui vais marcher sous la pluie, c’est vous !

Pardon pour la digression, elle me semblait utile au propos.

Nombreux aujourd’hui vont privilégier l’analyse technique et se former sur tout un tas d’indicateurs complexes et variés pour prendre leurs décisions. Oscillateurs, indicateurs de volatilité, moyennes mobiles, points de résistance des prix ; l’analyse technique est une représentation visuelle et variée des évènements passés et s’attache ainsi à prédire l’avenir.

À présent, c’est majoritairement ce type d’information qui est utilisé pour prendre les décisions d’investissement. L’analyse technique est une approche pragmatique qui part du postulat que toutes les informations sont déjà comprises dans le prix. L’enjeu revient alors à avoir un système de trading cohérent par rapport à un marché, un horizon de temps, une personnalité et une politique de risque. Je ne vais pas revenir là-dessus, car c’était l’objet de mon précédent article sur ABC Bourse.

Au fond, toute la difficulté opérationnelle pour avoir un système de travail efficient en analyse technique revient à sélectionner la bonne somme d’informations « viables » par rapport à votre délai de réflexion.

Trop d’info tue l’info, pas assez d’info laisse trop de place à vos réactions émotionnelles et naturelles.

Certains enfin, privilégieront une approche statistique et mathématique, avec une gestion quantitative qui n’a plus rien à voir avec l’étude des bons vieux bilans d’entreprise. Ici, nous nous enfonçons dans un univers de codes, de scripts et d'algorithmes. Le rapport au temps et encore modifié, car le trader cherche à gagner des millisecondes via des serveurs interconnectés, des conditions d’exécution négociées, des heures de négociation pour bénéficier du meilleur flux possible : un monde scientifique aux antipodes de la bonne vieille analyse économique.

Aujourd’hui, 80% des ordres sont passés par des algorithmes et la proportion ne cesse de s'accroître.

L'homme est toujours présent

Derrière l’algo, il y a une stratégie et un stratège, une politique de gestion et une philosophie opératoire, une veille aux événements économiques, une mise en place opérationnelle et une multitude de choix à faire. Mais si l’homme n’est plus sollicité dans la bataille, il l’est encore avant et après.

Pourquoi, alors que je suis censée vous parler de psychologie, je vous fais ce bref historique des modes opératoires en trading ?

C’est pour illustrer mon propos sur la nécessité absolue de mettre en place un processus opérationnel clair dans votre trading.

Je vois trop de personnes qui entrent en position parce qu’elles ont entendu ceci ou cela, parce qu’elles croient que le marché va monter, parce qu’elles ont l’intuition que le marché va descendre. Des personnes qui ne sont absolument pas équipées pour gagner de l’argent sur les marchés; et qui s’y rendent avec leurs espoirs et leurs rêves, leurs peurs et leurs croyances, et qui se font finalement broyer. Des personnes qui n’ont pas pris la mesure du travail préparatoire nécessaire, et qui s’y rendent la fleur au fusil.

Pour que le trader en compte propre tire son épingle du jeu sur le long terme, il aura besoin de 3 choses :

-Les ressources humaines, émotionnelles et comportementales adéquates : un bon mental
-Les outils technologiques cohérents par rapport aux ressources : un bon équipement
-Les méthodes opératoires claires : une bonne mise en place

Dans les 3 articles suivants, j’aborderai ces 3 notions distinctement.

A propos de l'auteur

Je m’appelle Caroline Domanine, je suis trader en fond propre depuis 2008. Issue d’un milieu plutôt littéraire, rien ne me prédestinait à la réussite : ni mes goûts, ni ma personnalité, et j’ai commencé par vivre un échec rapide et violent. Passionnée de psychologie, j’ai cherché à comprendre pourquoi le trading me rendait folle. Pourquoi, lorsque j’étais en perte, j’augmentais mes positions, pourquoi je coupais mes gains trop tôt, pourquoi je rentrais dans une spirale addictive qui me laissait clouée devant ma station des jours et des nuits entières. J’ai donc entamé un parcours d’apprentissage à différentes techniques de thérapie spécifiques en choisissant le trading comme domaine d’application. Depuis, j’ai développé un trading stable et une activité annexe de coach de trader sur l’aspect comportemental.
Retrouvez-moi sur neuro-trading.fr


Twitter Facebook Linkedin email
Les derniers articles de l'auteur

Investir en Bourse avec Internet