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Quel est le plus socialiste des deux ?

Par Rodolphe Vialles

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Entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, quel est le plus socialiste des deux ? La question mérite d'être posée après l'intervention télévisée du Président de la République dimanche 29 janvier 2012.

Du discours aux actes il y a deux mondes et le président qui est aux manettes depuis 5 ans semble avoir sa conscience pour lui. Pourtant, à l'heure du bilan et alors qu'il dessine de nouveaux projets en urgence avant l'élection on peut véritablement se poser la question de la philosophie de fond du personnage.

Ce qui est extraordinaire c'est qu'il est toujours persuadé de ne pas avoir augmenté les impôts et d'avoir réduit la dépense publique. Sur ces deux volets de politique budgétaire, c'est exactement l'opposé qui s'est produit.

Des quatre journalistes qui ont participé à l'interview, saluons particulièrement François Lenglet, le directeur de la rédaction de BFM business. Il a posé les vraies questions pertinentes mais il n'a malheureusement pas eu de réponse. Nicolas Sarkozy répondant par des pirouettes pour échapper au bilan.

Oui la dépense publique n'a pas baissé un euro en 5 ans et ce n'est pas en mettant en avant les 160 000 postes de fonctionnaires non renouvelés qu'il le fera oublier. L'argent économisé sur ces postes a été dépensé ailleurs, le bilan c'est que l'Etat n'a fait aucune économie.

Du côté des prélèvements de l'Etat, là aussi c'est la cécité totale, le président étant persuadé de ne pas les avoir augmentés. Qu'en serait-il s'il pensait l'avoir fait !

Les épargnants notamment sont les premières victimes de ses "réformes", ils sont véritablement saignés à blanc depuis 5 ans et les nouvelles mesures annoncées ne font qu'accroitre la pression fiscale.

Qu'on en juge, en 2007 le prélèvement libératoire était de 27% (16% d'impôt + 11% de CSG), avec les dernières annonces nous allons passer à 39,5% (24% d'impôt et 15,5% de CSG). Une hausse de la fiscalité de 46% ! Oui vous avez bien lu, et tout cela en 5 ans.

Si on y ajoute les nouvelles règles sur les plus-values de résidences secondaires et les 30 ans de détention pour échapper à l'impôt ainsi que la suppression de l'abattement sur les dividendes, l'addition est très très lourde.

Qu'on ne nous fasse en outre pas croire que cela touche uniquement les plus riches. De nombreux français ont un petit bien de rapport ou un placement financier qui pour certains permet de boucler les fins de mois à la retraite. Et bien désormais, les revenus seront amputés directement de 40%. Il suffit d'ajouter taxe foncières et autres charges pour voir s'évaporer les revenus dans le trou sans fond de l'Etat. Et oui il ne faut pas être prudent et constituer de l'épargne dans ce pays, il vaut mieux vivre à crédit.

Pour revenir à la question qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir quel est le vrai socialiste, on peut reprendre les points de son discours.

- la forte hausse de fiscalité sur l'épargne déjà évoquée.

- la future taxe sur les transactions financières. Inspirée de l'idée de l'économiste James Tobin, cette taxe a toujours été soutenue par des mouvements altermondialistes et Nicolas Sarkozy ne voulait pas en entendre parler, trouvant la mesure très "gauchiste". Et bien pourtant il en fait désormais son fer de lance contre la "méchante finance". Les petits actionnaires individuels apprécieront...

- les accords de compétitivité ou les projets sur l'immobilier qui constituent du pur dirigisme économique et une nouvelle centralisation étatique.

- l'impossibilité chronique de réduire les dépenses. Le dossier des collectivités locales où cela reste très flou avec aucun projet concret pour stopper l'hémorragie (500 000 postes créé en 5 ans sans transfert de compétences...)

- la TVA "sociale" et son corolaire, la baisse des cotisations patronales. Mais attention, pas pour tout le monde, on s'arrête à 2,4 SMIC. Là encore, que va-t-il se passer ? Et bien on va créer un effet d'aubaine pour les entreprises et négocier un salaire au-dessus de 2,4 SMIC va être difficile pour celui qui est juste sous ce niveau. On fait donc tout pour niveler les salaires par le bas.

- Un autre point les rassemble, c'est le bouc émissaire idéal : "la finance". Sous ce terme qui veut tout et rien dire, les politiciens de gauche comme de droite ont trouvé l'alibi parfait pour s'exonérer de leurs responsabilités. Il est bien connu que la finance est responsable de tous nos maux, c'est elle qui a creusé nos déficits en dépensant à chéquier ouvert, c'est elle qui créé le chômage et pond des lois idiotes. Il faut donc la sanctionner en prenant de nouvelles lois encore plus idiotes à l'image de la taxe sur les transactions financières.

Une taxe qui n'impactera pas d'un iota les programmes de trading algorithmique ou les manœuvres des grands fonds d'investissement. Seuls les petits actionnaires individuels seront impactés, taxés pour avoir osé apporter de l'argent dans le capital des entreprises françaises, un comble !

Bilan : Matraquage fiscal, impossibilité de réduire les dépenses, un Etat toujours plus puissant et qui se mêle de tout, les électeurs UMP doivent avoir du mal à s'y retrouver. Il y aura un vrai socialiste à l'élection présidentielle de 2012, faut-il préférer la copie à l'original ?


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