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Beaucoup d'investisseurs croient que ce sont les banques centrales qui font
les tendances et décident du sort des taux d'intérêt. En fait, elle ont plutôt
un comportement de suiveur, et ont souvent plusieurs mois de retard sur les
signaux des marchés.
Ainsi, le dernier cycle de hausse des taux de la BCE a eu lieu du 6 décembre
2005 au 9 juillet 2007.
Graphique du taux de refinancement de la BCE.
L'euribor 1 an a quand a lui commencé à remonter dès le début du mois de juillet
2005, soit 5 mois avant la décision de la BCE.
Graphique de l'euribor :
Actuellement, ce même euribor 1an a déjà regagné 0,7 points (à 1,92%) par
rapport à avril 2010 où il se trouvait entre 1,2 et 1,25%.
Le marché a donc déjà anticipé depuis plusieurs mois une hausse des taux de la
BCE. Et l'ampleur de la hausse de l'euribor nous signale aussi que, sauf
événement exceptionnel sur les dettes souveraines dans les mois à venir, la
hausse des taux de la BCE qui se précise pour avril 2011 ne sera sans doute pas
la seule, mais marquerait le début d'un nouveau cycle de hausse des taux.
Quelles conséquences pour les marchés ?
Signalons simplement ce qui s'est produit pour les deux précédents cycles :
• La BCE a débuté un cycle de hausse des taux en novembre 1999. Les marchés se
sont retournés à la baisse 10 mois plus tard.
• La BCE a débuté un cycle de hausse des taux en décembre 2005. Les marchés se
sont retournés à la baisse 18 mois plus tard.
Ces observations montrent que ce nouveau cycle de hausse des taux qui s'annonce
ne constitue pas une menace pour les marchés dans l'immédiat (horizon de
quelques mois). Par contre c'est un avertissement très sérieux qui est délivré à
ceux qui envisagent de miser sur un cycle haussier de long terme (plus d'un an).
Et cette fois, le délai de réaction entre le début du cycle de hausse des taux
et le retournement des marchés risque d'être un peu plus court que pour les
cycles précédents pour une raison fondamentale très simple : La politique
d'argent facile des autorités monétaires a généré une reprise beaucoup moins
dynamique que celle de la fin des années 90, ou même celle de 2003 – 2007.
Il n'y a pas de reprise du marché de l'emploi, et pas de reprise du crédit privé
de façon générale (USA et Europe de façon globale) même si ce crédit rebondit
quelque peu dans certains pays, dont la France et l'Italie)...Mais même dans ces
pays, cette reprise du crédit (5 à 6% en rythme annuel pour l'instant) est bien
en dessous des rythmes annuels à 10% et plus observés entre 2005 et 2007.
Les autorités monétaires ont donc grillé toutes leurs cartouches (déficits
publics, baisse des taux), pour un résultat très maigre, et sont maintenant
obligées de commencer à faire machine arrière sous la double contrainte des
tensions sur les dettes souveraines, et des tensions inflationnistes
(temporaires, mais réelles) les obligeant à ce prochain cycle de hausse des
taux.
Dans ce contexte, je ne vois pas comment la petite reprise en cours aujourd'hui
pourrait résister au delà de quelques trimestres.