OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

Hitachi enterre un projet de centrale, contrariant la stratégie nucléaire du Royaume-Uni


Actualité publiée le 16/09/20 12:56

L'ancienne centrale nucléaire de Wylfa sur l'île d'Anglesey au nord du Pays de Galles, prise le 18 janvier 2019 (AFP/Archives/Paul ELLIS )

Le conglomérat industriel japonais Hitachi a définitivement renoncé à son projet de centrale nucléaire au Pays de Galles, ce qui porte un rude coup aux ambitions du Royaume-Uni dans un secteur où l'investissement chinois fait grincer des dents.

Hitachi a justifié mercredi dans un communiqué cet abandon par un "environnement d'investissement" devenu "de plus en plus difficile" à cause de la crise du nouveau coronavirus.

Le projet Wylfa Newydd avait été gelé début 2019 en raison de coûts jugés trop importants. Il prévoyait la construction de deux réacteurs nucléaires sur l'île d'Anglesey, dans le nord du Pays de Galles, où deux anciennes centrales avaient fermé en 2015.

Cette future centrale, qui devait coûter jusqu'à 20 milliards de livres (21,7 milliards d'euros), devait disposer d'une capacité de près de trois gigawatts, soit 6% des besoins actuels du pays en électricité.

Le groupe japonais a jeté l'éponge alors même qu'il avait relancé cet été les discussions avec le gouvernement britannique, dont il attendait la nouvelle feuille de route énergétique.

Ce document pourrait comporter un nouveau modèle de financement pour le nucléaire, qui permettrait de faire porter le coût initial moins fortement sur le promoteur industriel et davantage sur la facture des consommateurs.

Mais Hitachi a choisi de ne pas attendre. Sa filiale britannique Horizon Nuclear Power a annoncé mercredi dans un communiqué cesser ces activités et être en contact avec le gouvernement pour examiner l'avenir du site.

"Peut-être qu'Hitachi a perdu patience ou pense que le gouvernement ne va pas approuver ce mécanisme" de financement, souligne auprès de l'AFP Steve Thomas, professeur à l'Université de Greenwich et spécialiste des questions énergétiques.

"Clairement, un élément important est le coût de maintenir un projet en vie", complète-t-il, estimant par ailleurs qu'Hitachi n'a pas vendu de réacteur depuis 20 ans et pense peut-être n'avoir plus la capacité de développer cette activité dans le monde.

L'abandon de ce projet est un nouvel échec pour le Japon dans ses tentatives d'exporter à l'étranger sa technologie nucléaire, alors que la catastrophe de Fukushima en 2011 a entraîné l'arrêt des constructions de nouveaux réacteurs dans le pays.

En 2018, Toshiba avait aussi mis fin à un autre projet nucléaire dans le nord-ouest de l'Angleterre.

Le retrait de Hitachi est surtout un camouflet pour Londres qui cherche à relancer le nucléaire dans le pays.

- Nouveaux investisseurs ? -

"Nous restons disposés à discuter de nouveaux projets nucléaires avec toute entreprise ou investisseur viables et qui souhaitent développer des sites au Royaume-Uni y compris dans le nord du Pays de Galles", a souligné un porte-parole du gouvernement conservateur.

"L'énergie nucléaire va jouer un rôle clé dans l'avenir énergétique du Royaume-Uni et dans la transition vers une économie à faible émission carbone", a-t-il complété.

Il rappelle que le gouvernement a tout fait pour convaincre Hitachi de ne pas se retirer, en proposant de réduire les risques financiers en prenant notamment une participation d'un tiers dans le projet.

De leur côté, l'Association de l'industrie nucléaire (NIA) britannique et le syndicat GMB ont tous deux pressé le gouvernement de clarifier sa stratégie sur le nucléaire et son financement.

Différents projets doivent prendre le relais de vieilles centrales nucléaires britanniques qui ont fermé ou sont sur le point d'arriver en fin de vie.

Le nucléaire fournit environ 20% de l'électricité dans le pays et les pouvoirs publics veulent maintenir cette part, notamment dans l'optique d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Le Royaume-Uni avait identifié six sites en 2010 pour des projets nucléaires, dont trois ont été abandonnés.

Et désormais l'implication du chinois CGN dans les trois centrales en développement restantes suscitent des questions parmi les députés conservateurs, en pleines tensions économiques et diplomatiques avec Pékin.

CGN est notamment présent, avec une participation minoritaire, aux côtés du français EDF dans le développement de Hinkley Point, la seule centrale nucléaire actuellement en cours de construction au Royaume-Uni, dans le sud-ouest du pays.

Le chinois tente de faire valider également sa technologie pour développer sa propre centrale à Bradwell dans l'Essex (sud-est), mais pourrait faire face à une forte opposition politique.

"Si CGN est bloqué à Bradwell, il pourrait quitter Hinkley laissant un énorme problème de financement et en compromettant l'avenir", prévient M. Thomas.

© 2020 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

Soyez le premier à réagir à cet article

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxMNE5Ux0DQz6vFHIQ1AdudpBZsnZsfs_V1HVz3XfIGAi
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.