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A Saint-Pétersbourg, les entreprises occidentales cherchent leur place


Actualité publiée le 24/05/18 12:30

Le président russe Vladimir Poutine a fixé des objectifs ambitieux, dans le but de propulser la Russie au 5e rang des économies mondiales (Sputnik/AFP/Alexei Druzhinin)

Sanctions, embargo, guerres commerciales... dans un contexte économique de plus en plus contraint, les entreprises occidentales, réunies pour le grand raout des affaires russes, doivent réinventer leurs relations avec une Russie qui a fort besoin d'investissements étrangers.

Autrefois vitrine des promesses d'un marché en plein boom, le forum économique international de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), organisé de jeudi à samedi dans l'ex-capitale impériale russe, s'est transformé au fil des ans en plateforme pour le Kremlin pour marteler que la Russie reste ouverte aux investisseurs, malgré des relations toujours plus tendues avec les Occidentaux.

Cette année, avec pour invités le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, il se tient en apparence à moment charnière pour la Russie. Son économie repart après deux ans de la récession causée par les sanctions liées à la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole. Réélu pour un quatrième mandat, Vladimir Poutine a fixé d'ambitieux objectifs économiques.

Il a demandé à son nouveau gouvernement des propositions pour mettre en oeuvre ses "oukazes de mai" et propulser la Russie au cinquième rang des économies mondiales, contre la 12e actuellement, en injectant des dizaines de milliards d'euros. Mais pour cela, le pays a besoin d'attirer les entreprises étrangères et faire augmenter les investissements étrangers.

Or, les espoirs de détente ont été douchés par des relations toujours plus mauvaises avec les Occidentaux, et notamment les très puissants Américains qui ont encore durci leurs sanctions cette année, créant un choc sur le marché russe.

Et les promesses du Kremlin ont été accueillies avec un certain scepticisme. D'une part, l'objectif de cinquième économie mondiale avait déjà été fixé à plusieurs reprises, sans résultat, en 18 ans de pouvoir de Vladimir Poutine. D'autre part, le nouveau gouvernement formé maintient l'équipe en place, notamment aux postes économiques, atténuant les espoirs que soient mises en oeuvre les réformes, jugées nécessaires selon le Kremlin lui-même, pour relancer une croissance qui s'essouffle.

Dans un rapport publié mercredi, le Fonds monétaire international a relevé que "le poids (de la Russie) dans l'économie mondiale diminue", appelant à des réformes structurelles.

Au forum, "le message-clé devrait être que la Russie reste ouverte aux investissements étrangers et au business (malgré le bruit politique, ndlr) et que c'est un pays où l'on gagnera de l'argent dans les années à venir", affirme Chris Weafer, fondateur de la société de conseil Macro Advisory.

Parmi les problèmes majeurs dont souffre la Russie, "la très mauvaise image internationale, qui créée des inquiétudes quant aux risques de réputation pour les principaux investisseurs", ainsi que les sanctions, note M. Weafer.

"Bien que l'économie russe se soit largement adaptée aux sanctions de 2014, la crispation supplémentaire introduite par les dernières sanctions américaines a provoqué d'importants obstacles et rend plus difficile d'attirer des investissements".

- "Marché stratégique" -

Malgré ce contexte difficile, le Kremlin souligne que plus de 1.400 entreprises venant de 70 pays sont représentées.

Si la plupart des multinationales américaines restent à l'écart, nombre de patrons de grandes entreprises sont venus afficher leur attachement à un marché de plus de 140 millions d'habitants, où elles ont investi massivement depuis le passage à l'économie de marché de 1991.

Sont entre autres attendus des dirigeants de l'américain Boeing, les français Total, L'Oréal, Danone, Schneider Electric, les japonais Toyota et Kawasaki, la filière russe de l'allemand Siemens, ou encore les poids lourds pétroliers BP et Shell.

Emmanuel Macron vient ainsi avec le message que non seulement le dialogue politique doit se poursuivre, mais aussi que les affaires avec la Russie, dont la France est l'un des principaux partenaires commerciaux, doivent continuer, dans le cadre de sanctions existantes.

Le président du patronat français, Pierre Gattaz, attendu au forum, a ainsi joué la proximité en soulignant, dans une présentation de la délégation française - qui devrait compter plus de 30 grands patrons - l'importance de "ce grand marché stratégique aux portes de l'Europe"

Malgré un contexte toujours difficile, les experts observent quelques signes d'ouverture, tels que l'autorisation donnée fin avril par les autorités russes du rachat par l'entreprise franco-américaine de services à l'industrie pétrolière et gazière Schlumberger d'une participation dans le numéro un du forage russe Eurasia Drilling Company.

"C'est un message clair", affirme Chris Weafer: "Poutine veut garder la porte ouverte pour les entreprises étrangères parce qu'il va de soi que l'économie a besoin du capital et du savoir-faire technique des entreprises étrangères".

© 2018 AFP

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