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Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux salariés de Cevital, ont manifesté jeudi dans plusieurs localités de Kabylie, région d'implantation historique de ce groupe, premier employeur privé d'Algérie, pour réclamer la libération de leur patron, incarcéré pour de présumés malversations.
Issad Rebrab, 74 ans, fondateur de Cevital et première fortune du pays, a été auditionné lundi puis placé en détention provisoire sur des soupçons de "fausse déclaration sur des mouvements de capitaux de et vers l'étranger, surfacturation, importation de matériel usagé en dépit de l'octroi d'avantages bancaires, fiscaux et douaniers" destinés au matériel neuf.
Environ 3.000 personnes, dont un millier de salariés de Cevital, ont manifesté à Tizi-Ouzou, région de naissance de M. Rebrab, dont le groupe est également un important sponsor du club de football local, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), selon un journaliste local contacté par l'AFP.
Ils ont scandé "Non à la justice de la Mafia" au pouvoir et "Non à la militarisation de la Justice", en référence aux supposées "injonctions" qu'ils accusent le Parquet d'avoir reçu du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort de l'Algérie depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril.
"Libérez Rebrab!" ou "Vos manoeuvre ne vont pas diviser le peuple", pouvait-on lire sur de grandes banderoles dans le défilé comptant également des avocats, des militants, des responsables et des supporteurs de la JSK.
Depuis cette démission, sous la pression d'un mouvement populaire inédit contre le "système" au pouvoir, la justice a lancé une série d'enquêtes sur des faits de corruption, visant principalement de riches hommes d'affaires réputés proches du chef de l'Etat déchu et vilipendés par les contestataires.
M. Rebrab était lui plutôt connu pour entretenir des relations tendues avec l'entourage de M. Bouteflika, qu'il accusait de bloquer ses investissements en Algérie, notamment pour favoriser ses concurrents liés au pouvoir.
En avril, il avait estimé sur son compte Twitter que Cevital "est, à l'instar du peuple, une victime du +système+ (au pouvoir) et de sa mafia économique". Il est particulièrement populaire en Kabylie, sa région d'origine qui a bénéficé de nombreux investissements et où Cevital est un important employeur.
A Béjaia, où est implanté le pôle agro-industriel de Cevital (sucre, huile, margarine, eaux minérales, boissons...), plusieurs centaines de salariés rassemblés près du port ont scandé "libérez Rebrab", selon un universitaire contacté sur place par l'AFP.
A Bouira, où est implanté une filiale métallerie de Cevital, une centaine de salariés ont défilé pour la libération de leur patron, selon les sites d'information et les réseaux sociaux.
© 2019 AFP
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