OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

Allemagne: la pandémie relance le débat sur la semaine de travail de quatre jours


Actualité publiée le 20/08/20 13:08

Le drapeau du syndicat allemand IG Metall devant l'usine Airbus lors d'une manifestation contre une réduction de postes, le 8 mai 2020 à Hambourg (AFP/Archives/MORRIS MAC MATZEN)

En Allemagne, l'idée de ramener la semaine de travail à quatre jours refait surface comme remède pour maintenir l'emploi pendant et après la crise sans précédent causée par le coronavirus.

Mais le sujet est très controversé du côté des entreprises.

C'est le président du puissant syndicat de la métallurgie IG Metall, Jörg Hofmann, qui vient de déclencher un débat national en proposant d'instaurer une telle mesure pour sauvegarder l'emploi, au moment où la courbe du chômage s'envole dans le pays, comme ailleurs dans le monde.

Le ministre social-démocrate du Travail, Hubertus Heil, a lui-même jugé mercredi dans le groupe de presse régional Funke qu'"un temps de travail réduit avec compensation salariale partielle peut être une mesure appropriée".

L'idée de base: en travaillant moins, les salariés se partageraient davantage un nombre d'emplois qui tend à fondre.

- 'Réponse aux changements' -

Une telle mesure serait une "réponse aux changements structurels dans des secteurs tels que l'industrie automobile", confrontée au défi de la voiture électrique, de même qu'à "l'accélération du numérique du fait de la pandémie", argumente ainsi le patron d'IG Metall dans le quotidien Süddeutsche Zeitung.


Le ministre allemand du travail Hubertus Heil, le 24 juin 2020 à Berlin (POOL/AFP/Archives/HANNIBAL HANSCHKE)

Lui aussi plaide "une certaine compensation" côté salaires de la part des employeurs, pour ne pas causer de perte importante de pouvoir d'achat.

IG Metall n'en est pas à son premier combat sur le temps de travail. En 1995, il est parvenu à imposer les 35 heures hebdomadaires dans l'industrie et, en 2018, il a obtenu le droit pour les salariés le désirant de ne travailler que 28 heures par semaine pendant deux ans, avec une perte de salaire limitée.

Sa dernière proposition est soutenue par 60% des Allemands, selon une enquête Yougov publiée mercredi.

Le parti d'extrême-gauche Die Linke va lui plus loin en défendant une "réduction générale de la durée du travail à 30 heures" sans perte de salaire.

- Chiffon rouge -

Un chiffon rouge pour les employeurs. Cela ne fera qu'"empirer le choc énorme de productivité" subi en ce moment, selon Steffen Kampeter, directeur de la fédération patronale BDA.

"Plus la crise du coronavirus dure, plus nous devons trouver des solutions intelligentes qui ne se bornent pas à distribuer des compensations salariales et des subventions", estime un responsable du parti conservateur d'Angela Merkel proche des PME, Carsten Linnemann, au magazine Wirtschaftswoche.


Le logo de l'entreprise Bosch à Renningen, en mai 2019 en Allemagne (dpa/AFP/Archives/Sebastian Gollnow)

Plusieurs grandes entreprises allemandes comme Bosch, ZF Friedrichshafen et Daimler viennent de conclure des accords de réduction du temps de travail, tandis que des discussions sont en cours chez Continental ou Airbus.

Mais dans ce cas les employés doivent faire des sacrifices financiers importants.

Modèle: la semaine de quatre jours mise en place par Volkswagen au début des années 1990 pour sauver 30.000 emplois menacés, alors que le groupe était en crise. Les salariés avaient dû renoncer à 10% de salaire.

Dans l'automobile, fortement frappée par la crise, la semaine des quatre jours compensée ne serait "ni opportune ni économiquement viable compte tenu de la situation" du secteur, renchérit Wilfried Porth, directeur des ressources humaines de Daimler.

Le gouvernement d'Angela Merkel veut au bout du compte laisser les partenaires sociaux trancher la question, comme le veut la tradition sociale en Allemagne.

Si le chômage ne reflue pas rapidement, le débat sur la baisse du temps de travail pourrait devenir un sujet majeur de la campagne électorale en vue des prochaines législatives de fin 2021.

Le débat n'est pas circonscrit qu'à l'Allemagne.


Des employés sur une ligne d'assemblage à l'usine Volkswagen de Zwickau, le 25 février 2020 en Allemagne (AFP/Archives/RONNY HARTMANN)

En France, outre l'élargissement du dispositif de chômage partiel, la possibilité existe de signer des accords de "performance collective" pour aménager le temps de travail et dans le but de sauver l'emploi, mais au prix de sacrifices salariaux, ce qui fait débat.

Et en Autriche, le parti social-démocrate a proposé, selon la chaîne publique ORF, un programme de réduction du temps de travail de 20% avec baisse en parallèle de 5% du salaire net.

© 2020 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

1 commentaire sur cet article. Participez à la discussion.

NBE
20/08/20 18:30

La réduction du temps de travail favorisera le déploiement des robots et augmentera le chômage à therm. Comme quoi une pendemi peut être utile...

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

6mNhzv05RBtpU3tGSPSuFe9afB-cStkZUinMkjQzEjKJBChj3-deyFvGj8t1K1MB
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.