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Amorce de la réforme de la dépendance et "trou de la Sécu" post-Covid au menu des députés


Actualité publiée le 15/06/20 04:44

L'ajout de 136 milliards d'euros de dettes au "trou de la Sécu", que les Français rembourseront jusqu'en 2033, soit neuf années de plus que prévu (AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN)

Une dette qui s'aggrave, et une "première pierre" pour la réforme de la dépendance: l'Assemblée nationale doit voter en première lecture lundi soir un texte qui creuse fortement le "trou de la Sécu" après le coronavirus, et prévoit une nouvelle branche consacrée à la perte d'autonomie.

Malgré leur abord "aride", les deux projets de loi (organique et ordinaire) sur la dette sociale et l'autonomie portent des enjeux colossaux, à commencer par l'ajout de 136 milliards d'euros de dettes au "trou de la Sécu", que les Français rembourseront ainsi jusqu'en 2033, soit neuf années de plus que prévu.

Cette somme englobe les déficits passés (31 milliards), mais aussi ceux attendus pour l'année en cours (52 milliards) et les trois suivantes (40 milliards), ainsi qu'un tiers du passif des hôpitaux (13 milliards), dont la reprise avait été annoncée en novembre.

En ouverture des débats dans l'hémicycle, le secrétaire d'Etat Adrien Taquet a revendiqué "un acte de responsabilité" après le "choc sans précédent" du coronavirus.

Mais à l'instar des communistes ou Insoumis, des groupes d'opposition jugent "injustifié" et "absurde" de transférer les dettes du Covid-19 sur les comptes sociaux, estimant que c'est à l'État de porter ce "fardeau".

Et plusieurs députés ont fustigé une augmentation d'impôt, avec la prolongation jusqu'en 2033 de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS), la jugeant contraire à l'engagement du président Emmanuel Macron de ne pas alourdir la fiscalité.

"On pourrait passer beaucoup de temps" à débattre si "la dette Covid revient à l'Etat ou à la Sécu", mais il "y a un peu le feu", a répondu le ministre de la Santé Olivier Véran, alors que la trésorerie de la Sécurité Sociale fait face à "de très fortes tensions", après le coronavirus.

Olivier Véran a donc défendu le "cantonnement de la dette créée par la crise du Covid" dans une caisse dédiée (la Cades) afin de garantir que la Sécu "puisse payer les prestations sociales en temps et en heure".

- "Coquille vide" -

L'exécutif prépare toutefois de nouvelles dépenses, pour la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes handicapées et âgées.

Une manne annuelle de 2,3 milliards d'euros sera récupérée à cette fin sur les recettes destinées à combler le "trou de la Sécu" à partir de 2024.


Une résidente d'un Ehpad, en fauteuil roulant, le 14 avril 2020 à Bergheim, dans le Haut-Rhin (AFP/Archives/SEBASTIEN BOZON)

Selon M. Véran, c'est "la consécration de l'engagement du président de la République", qui avait promis il y a tout juste deux ans - comme d'autres avant lui -, une loi sur le financement de la dépendance.

De son côté, le socialiste Boris Vallaud a déploré un effort "bien insuffisant et bien tardif", rappelant que les besoins sont évalués à plus de 9 milliards supplémentaires d'ici 2030.

Assumant "de ne pas augmenter les impôts", le ministre s'en remet "à une conférence des financeurs" pour trouver d'autres moyens d'ici "cet automne".

Sans attendre ses conclusions, il a vanté une réforme "historique" face au "mur démographique" du "papy-boom" qui arrive, avec une nouvelle branche de la Sécu ou un nouveau risque pris en charge par une des quatre branches existantes (maladie, vieillesse, famille, accidents du travail).

Comme en commission, les députés de la majorité (LREM, Modem, Agir ensemble) devraient voter en soirée le principe de la création d'une cinquième branche "autonomie". Les "marcheurs" veulent confier via un amendement son pilotage à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).

Pour Marie-Anne Montchamp, présidente de cette caisse, "c'est le moment d'aller au bout" de cette réforme, la crise sanitaire ayant "encore montré" le lourd tribut payé par les personnes âgées et handicapées.

"Nous posons la première pierre de la réforme tant attendue et maintes fois annoncée de la perte d'autonomie", a assuré le secrétaire d'Etat Adrien Taquet.

Mais pour l'heure, modalités et financement de la 5e branche sont renvoyés à un rapport mi-septembre.

Sans moyens supplémentaires, c'est une "coquille vide" et un "effet d'affichage", a dénoncé la socialiste Christine Pires Beaune, qui à l'instar du groupe communiste, a défendu en vain une motion de rejet.

"Vous ne financez pas" la 5e branche, a aussi pointé le LR Jean-Pierre Door, qui a choisi de s'abstenir sur ce texte.

gbh-chl-jlo-adc/jk/dlm

© 2020 AFP

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