Retraite des mères de famille : ce qui va vraiment changer dès 2026

Leur carrière souvent interrompue pour élever des enfants pourrait enfin peser positivement dans le calcul de leur retraite. Dès 2026, deux mesures ciblées pourraient permettre à certaines mères de partir plus tôt, et à d’autres de percevoir une pension légèrement revalorisée.

Ces dispositions figurent dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, présenté en octobre par le gouvernement. Si elles sont adoptées, elles s’appliqueront dès septembre 2026 et pourraient concerner des milliers de femmes nées dans les années 60 et 70.

Deux trimestres "enfants" bientôt comptés comme cotisés

L’une des évolutions majeures concerne le dispositif de départ anticipé pour carrière longue. Aujourd’hui, seules les périodes cotisées permettent d’y accéder. Mais dès 2026, jusqu’à deux trimestres obtenus au titre de la naissance, l’adoption ou l’éducation d’un enfant pourraient être requalifiés en trimestres cotisés.

Selon Pascale Coton, en charge du dossier retraite à la CFTC : "Cela va permettre à des femmes qui étaient exclues de justesse de ce dispositif de l’intégrer".

Prenons le cas d’une femme née en 1963, mère de deux enfants. Avec 168 trimestres cotisés dans le privé et 16 trimestres supplémentaires pour ses enfants, elle cumule 184 trimestres, soit bien plus que les 170 requis pour la carrière longue. Pourtant, n’en comptant que 168 comme cotisés, elle reste bloquée. La nouvelle mesure pourrait donc faire basculer sa situation.

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Mais cette avancée a ses limites. Comme le souligne Marilyn Vilardebo, présidente du cabinet Origami et Co : "En limitant le nombre de trimestres cotisés à deux, forcément cela réduit l’impact de cette mesure. Si le gouvernement était allé jusqu’à huit trimestres, forcément il y aurait eu un afflux de femmes en carrière longue".

Vers un calcul plus favorable de la pension

Le second ajustement concerne le calcul même de la retraite de base. Actuellement, le montant est basé sur les 25 meilleures années de salaire. Pour atténuer les effets des carrières hachées, le texte propose de ne retenir que :

• les 24 meilleures années pour les mères d’un enfant
• les 23 meilleures années pour celles ayant eu deux enfants ou plus

L’effet reste modeste, selon les spécialistes. "Il faut poser les calculs, cela ne va pas augmenter drastiquement la pension des mères de familles, on parle de quelques euros ou dizaines d’euros en plus par mois", prévient Marilyn Vilardebo.

Pour les syndicats, c’est néanmoins un symbole. "Pour la première fois dans des réformes, les femmes ont quelque chose en plus. On rattrape un peu toutes ces réformes pour lesquelles elles ont souvent été les grandes perdantes", souligne Pascale Coton.