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Arkéa, le paradoxe de l'indépendance


Actualité publiée le 09/05/19 18:40

Arkéa : le paradoxe de l’indépendance

 Arkéa, la branche bretonne du Crédit Mutuel, souhaite poursuivre sa route seule… alors qu’elle n’a jamais été en si bonne santé que sous l’égide du Crédit Mutuel, qui vient d’ailleurs d’être élu meilleur groupe bancaire français au palmarès international Global Finance. Le spectre de l’enrichissement personnel des dirigeants — Ronan Le Moal et Jean-Pierre Denis — plane au-dessus de cette affaire.

 

Des mois, des années de conflit. Arkéa, la branche bretonne du Crédit Mutuel, dont les dirigeants veulent à tout prix devenir indépendants, ne cesse de clamer que le fait de rester dans le giron de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM) empêche son développement et contrecarre ses projets. Que sa maison mère fait preuve d’un excès de centralisation. Que seule une désaffiliation pleine et entière lui permettra de préserver ses emplois. Que son indépendance est, en somme, une question de survie.

 

Paradoxe : en dépit des affirmations de Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal, le duo à la tête d’Arkéa, jamais leur banque ne s’est si bien portée. Vantant « des résultats à des niveaux records », le propre site Internet de la banque met en avant un Produit net bancaire (PNB) en hausse de +98 % entre décembre 2008 et décembre 2018, et un résultat net multiplié par 14 sur la même période, atteignant 437 millions d’euros à la fin de l’année dernière. « Arkéa démontre, une nouvelle fois, sa capacité à produire une croissance rentable et équilibrée », s’enorgueillit ainsi son président, Jean-Pierre Denis.

 

En pleine forme, le Crédit Mutuel élu meilleur groupe bancaire français

 

Force est donc de constater que l’appartenance d’Arkéa au groupe Crédit Mutuel ne nuit en rien à ses propres performances. D’autant moins que le Crédit Mutuel se porte, lui aussi, exceptionnellement bien. Le groupe a ainsi présenté d’excellents résultats pour l’année 2018, avec un résultat net de 3,57 milliards d’euros, en hausse spectaculaire de 17 %, une augmentation de 6,1 % de la collecte (396 milliards d’euros), de 8 % des crédits (467,4 milliards d’euros), de 5,6 % des capitaux propres (54,2 milliards d’euros) et de 0,9 million de nouveaux clients.

 

De très bons résultats portés par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, la nouvelle dénomination de l’ancien CM11-CIC, dont les bénéfices ont atteint un niveau record de 3 milliards d’euros. Enfin, le Crédit Mutuel surclasse toutes les banques françaises dans l’exercice périlleux des « stress tests », ces évaluations de solidité systématiquement menées auprès des établissements bancaires par les superviseurs européens depuis la crise financière de 2008.

 

Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que le Crédit Mutuel se retrouve, pour la cinquième année, distingué par le prestigieux magazine américain Global Finance, une référence internationale en matière d’actualités financières. La banque française décroche ainsi le « World's Best Banks Awards » 2019, qui consacre les établissements qui « font preuve d’une attention particulière aux besoins de leurs clients, et dont les résultats en hausse sont gages de leur développement futur », selon l’éditeur de Global Finance, Joseph D. Giarraputo.

 

Nicolas Théry, le président de la CNCM, s’est légitimement félicité de cette récompense attribuée en croisant des critères tels que la rentabilité, la croissance des fonds propres, l’innovation ou le rayonnement géographique, déclarant dans un communiqué que « cette nouvelle distinction récompense la solidité du Crédit Mutuel et la pertinence de ses choix stratégiques : la technologie au service de l’humain et la stratégie multi-services ».

 

Un seul objectif, l’enrichissement personnel ?

 

La question mérite donc d’être à nouveau posée : au vu des exceptionnelles performances tant d’Arkéa que du Crédit Mutuel, pourquoi la première souhaite-t-elle si ardemment quitter la seconde ? D’autant plus que les conditions d’une éventuelle indépendance ont tout d’un chemin de croix, comme le reconnaît explicitement la direction de la banque dans son dernier « document de référence actualisé », que l’Autorité des marchés financiers (AMF) lui a sommé de lui présenter en août 2018.

 

« Le projet de désaffiliation tel qu’envisagé par Crédit Mutuel Arkéa est inédit et particulièrement complexe à réaliser. La situation liée au projet de désaffiliation du Groupe Crédit Mutuel Arkéa de l’ensemble Crédit Mutuel est complexe et des incertitudes et des risques associés existent. Par ailleurs, les éventuels enjeux commerciaux liés à la perte de la marque “Crédit Mutuel” et l’adoption par Crédit Mutuel Arkéa d’une dénomination et de marques commerciales ne reprenant pas les termes “Crédit Mutuel” doivent être pris en considération », écrivent ainsi noir sur blanc les dirigeants d’Arkéa, mentionnant également la perte de l’agrément bancaire des caisses locales ou les risques liés aux calculs prudentiels.

 

Reste alors une raison, sans doute la moins avouable, pour continuer de justifier un projet aussi aventureux : l’enrichissement personnel, Jean-Pierre Denis et Ronan Le Moal s’octroyant d’ores et déjà des rémunérations dignes de patrons de grands groupes du CAC 40. Pas sûr que l’argument suffise à convaincre au-delà de leur cercle rapproché.

 

 

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