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Budget: Rome réclame de la flexibilité à Bruxelles, les marchés s'irritent


Actualité publiée le 14/11/18 14:35

Le Premier ministre Giuseppe Conte au centre entouré de ses deux vice-Premiers ministres, Luigi Di Maio (à gauche) et Matteo Salvini (le 15 octobre 2018 à Rome) (AFP/Archives/Filippo MONTEFORTE)

Le gouvernement populiste italien a évoqué des circonstances "exceptionnelles" pour réclamer plus de flexibilité budgétaire, un argument peu susceptible d'amadouer Bruxelles ou de convaincre les marchés financiers, très critiques vis-àvis de la politique anti-austérité engagée par Rome.

Signe de la nervosité des marchés, la Bourse de Milan perdait 0,74% mercredi vers 14H00 (13H00 GMT), tandis que le spread, le très surveillé écart entre les taux allemand et italien, atteignait 309 points, contre 304 mardi soir, mais en repli après les 316 points de la matinée.

Alors que Bruxelles avait rejeté son projet de budget le 23 octobre et lui avait donné jusqu'à mardi pour revoir sa copie, Rome a décidé de maintenir inchangée sa prévision d'un déficit à 2,4% du PIB (Produit intérieur brut) l'an prochain.

Dans une lettre envoyée dans la nuit à la Commission européenne, le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, demande "l'application de la flexibilité pour événements exceptionnels".

Il souligne que sur les budgets des trois prochaines années pèsent des "dépenses de nature exceptionnelle égales à environ 0,2% du PIB" en raison des intempéries "d'une gravité particulière" ces dernières semaines et de l'effondrement du pont de Gênes cet été.

- Plans extraordinaires -

A propos des récentes intempéries, le ministre évoque leur coût humain et matériel "très lourd" et la nécessité de lancer "un plan extraordinaire d'interventions".

Les vents violents et les pluies diluviennes, qui ont fait plus d'une trentaine de morts, ont déraciné des centaines d'arbres dans la région du Veneto (nord-est) et détruit de nombreux bateaux en Ligurie (nord-ouest).

Et en août à Gênes, l'effondrement du viaduc autoroutier, qui a fait 43 morts, a conduit, là aussi, à lancer un "plan extraordinaire d'entretien" et de mise en sécurité du réseau routier. Un milliard d'euros y sera consacré en 2019, explique M. Tria.

Le ministre défend aussi la logique de sa loi de finances, estimant "prioritaire" de "relancer la croissance" de la troisième économie de la zone euro, lanterne rouge en Europe, et de "faire face au ralentissement constaté" ces derniers mois.

Selon lui, il est aussi "urgent" de s'attaquer à ses conséquences sociales. Rome entend ainsi lancer un revenu de citoyenneté afin d'aider les personnes les plus pauvres et favoriser leur réinsertion.

Ses arguments ont laissé insensibles une partie des membres de la zone euro et des experts.

Le ministre hollandais des Finances, Wopke Hoekstra, a ainsi jugé "peu surprenant, mais très décevant, que l'Italie ne revoie pas son budget".

"Les finances publiques de l'Italie sont en mauvaise santé et les plans du gouvernement italien ne conduisent pas à une croissance robuste de l'économie", a-t-il jugé.

"Les investisseurs ont raison d'être inquiets", a déclaré à l'AFP Maartje Wijffelaars, économiste de Rabobank. "Etant donné son haut niveau de dette et son faible potentiel de croissance, l'Italie ne peut se permettre un tel budget expansif, avec des gains économiques limités" à long terme.

Autre source de préoccupation, "la détérioration de la relation entre la Commission européenne et Rome risque de conduire d'autres Etats membres à être moins enclins à aider l'Italie" en cas de nécessité, a-t-elle jugé.

- Risque de sanctions -

Dans sa lettre, M. Tria répète que les 2,4% de déficit représentent "une limite infranchissable".

Le gouvernement a pour cela décidé d'"augmenter à 1% du PIB en 2019 l'objectif de privatisation du patrimoine public", afin d'aider à la baisse de la dette, qui va passer, selon les calculs de Rome, de 131,2% du PIB en 2017 à 126% en 2021.

En refusant de modifier son budget, le gouvernement italien s'expose à l'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif", susceptible d'aboutir à des sanctions financières correspondant à 0,2% du PIB (soit quelque 3,4 milliards d'euros). Mais la procédure s'annonce longue et les sanctions restent donc assez hypothétiques.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a multiplié les appels au dialogue, espérant arriver à "un compromis" alors que, selon la Commission, les mesures prévues risquent d'aggraver le déficit à 2,9% l'an prochain et à 3,1% en 2020.

Mercredi, un porte-parole de la Commission a simplement indiqué que celle-ci étudiait la lettre.

Récemment, Bruxelles avait souligné que l'Italie était le pays ayant le plus bénéficié de flexibilité budgétaire, évaluant à environ 30 milliards d'euros la marge accordée entre 2015 et 2018.

© 2018 AFP

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