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Carlos Ghosn, la déchéance d'un patron longtemps cité en exemple


Actualité publiée le 16/01/19 22:19

Carlos Ghosn, le 1er octobre 2018 à Paris (AFP/Archives/ERIC PIERMONT)

Bâtisseur d'un empire automobile mondial, reçu partout avec les honneurs jusqu'à son arrestation choc, Carlos Ghosn, futur ex-PDG de Renault aujourd'hui détenu dans une prison japonaise, a tout perdu en deux mois.

L'Etat français, qui était le dernier à le soutenir au sein du trio Renault-Nissan-Mitsubihsi, l'a lâché mercredi : "J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, que s'il devait être durablement empêché, nous devrions passer à une nouvelle étape. Nous y sommes", a déclaré le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

L'homme aux trois passeports (France, Brésil et Liban) qui était toujours entre deux avions était l'incarnation du patron taillé par, et pour, la mondialisation.

"J'ai dédié deux décennies de ma vie à redresser Nissan et à construire l'alliance, oeuvré jour et nuit dans ce but, dans les airs et sur terre, dans le monde entier", résumait le dirigeant de 64 ans le 8 janvier devant un tribunal de Tokyo où il était apparu amaigri et menotté.

Il a trébuché là où personne ne l'aurait imaginé, au Japon, le pays même où il était le plus adulé pour avoir sauvé Nissan au chevet duquel il est arrivé en 1999.

- N155AN -

Le fondateur de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, qu'il a hissée au rang de premier groupe automobile mondial, a été arrêté le 19 novembre à Tokyo où il est depuis maintenu en garde à vue.


Carlos Ghosn (AFP/Gal ROMA)

La brutalité du déclin est inouïe pour ce charismatique patron qui était l'un des capitaines d'industrie les plus respectés de la planète. Peut-être parce qu'il incarnait, mieux qu'aucun autre, l'ère de la mondialisation, lui qui a fait naître une alliance automobile aux dix marques, 470.000 salariés et 122 usines, ayant vendu plus de 10 millions de véhicules l'an dernier.

Né au Brésil dans une famille d'origine libanaise, Carlos Ghosn était sans cesse en mouvement, naviguant entre Paris, Rio, Beyrouth et Tokyo à bord d'un jet privé de Nissan, régulièrement remplacé mais toujours doté de la plaque "N155AN".

Le Wall Street Journal a compté qu'en 2018, l'appareil, à bord duquel Carlos Ghosn a été arrêté, avait décollé de pas moins de 35 aéroports différents.

- Courtisé -

L'homme a la réputation d'être d'abord un "cost killer", qui a imposé chez Nissan une cure d'austérité. Des employés du groupe japonais le décrivent comme très dur, "demandant des efforts absolument démesurés et mettant une pression incroyable".

Ce régime, Carlos Ghosn se l'imposait à lui-même, se décrivant comme un bourreau de travail, arrivant au bureau à 07H30 "après avoir déjà travaillé quelques heures". Il a toujours défendu ses revenus élevés comme la contrepartie méritée de ses performances, les comparant à ceux encore plus importants de ses rivaux.

Il a été courtisé par d'autres constructeurs, pour des promesses de salaires encore plus mirifiques, mais a préféré rester chez Nissan, une société qu'il aimait, a-t-il argué.

Travailleur acharné, l'homme était aussi mondain: toute la presse internationale a disséqué ces dernières semaines le train de vie de ce diplômé de Polytechnique, entré chez Renault en 1996, ayant gagné 13 millions d'euros en 2017, selon le cabinet Proxinvest.

Des clichés d'une somptueuse réception donnée au château de Versailles à l'automne 2016 avec des acteurs en costumes d'époque ont refait surface. Des articles ont été publiés à propos d'une villa à Beyrouth et d'un appartement à Rio de Janeiro - cette ville où Carlos Ghosn avait eu l'honneur de porter la flamme olympique, avant l'ouverture des JO de 2016.

- "Assez simple, finalement" -

A sa cupidité supposée, il répond qu'il était d'abord soucieux de sa famille, d'où le désir de s'assurer des revenus stables, de façon intègre: c'est en tout cas un des arguments exposés devant le tribunal.

Si son ex-femme, Rita, a eu des mots durs à son égard dans la presse japonaise depuis leur divorce, leurs quatre enfants se montrent en revanche très admiratifs de leur père: "Je parle avec lui chaque dimanche depuis que je ne suis plus à la maison. Comme il appelle mes soeurs et sa mère, d'ailleurs", a expliqué son fils lors d'un récent entretien accordé au Journal du Dimanche.

"Il peut être un patron dur. Dans la vie professionnelle, il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Mais dans la vie personnelle, il est très différent, plus complexe. C’est un homme honnête, un homme loyal. Et assez simple, finalement".

burs-kap/ef/cam

© 2019 AFP

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9 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

sasquash
16/01/19 23:55
C'est surtout quelqu'un qui ne payerait pas ses impôts alors qu'il gagne 1M€/mois et aurait utilisé les fonds de l'entreprise à des fins personnelles.
Et c'est pas l'état français qui l'aura rattrapé. Au contraire, comme le dit l'article, l'état français restait le dernier à le soutenir.

Et on voudrait nous voir travailler jusqu'à 95 ans parce qu'il y a plus d'argent dans les caisses.
Hallucinant.
On se demande bien pourquoi les gaulois descendent dans les rues.
metoo
18/01/19 13:35

Je ne veux pas que ghosn soit dit un super patron français. Car cela me fait honte ... VRAIMENT honte !!!

fipuaa
18/01/19 14:47

il est à l'image du monde libéral actuel : toujours plus, toujours plus vite, toujours plus riche et peut importe qui on tue pour cela

quelle misère intellectuelle !

Ver5gétorix
18/01/19 15:12

Dans cette affaire ce n'est pas lui qui tue, ou qui mange ses héritiers comme dans la légende grecque antique où Chronos, le temps, mange ses enfants. Non c'est son héritier, le nouveau (de 18 mois) DG de Nissan qui le tue en dénonçant des faits complètement déformés et travestis, comme l'histoire qui s'est passée en Arabie Saoudite où CG a eu l'aide comme conseil puis l'appui d'une société saoudienne qui l'a aidé à largement remonter Nissan dans cette région. Tout peine mérite salaire et le travail puis les honoraires de cette société saoudienne sont déclarés par le DG de Nissan comme un enrichissement personnel de CG alors qu'avant ce travail de conseil Nissan périclitait dans ce pays et maintenant ils ont une usine de plus en développement. Bref les déclarations de ce DG sont de la même solidité que son dossier transformé en BD pour être transmis à Renault. Le tigre de papier est une expression chinoise, là elle serait appropriée pour quelqu'un qui traite Renault comme une bande de fumistes.

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