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Chez ArcelorMittal à Tarente, des ouvriers "entre colère et résignation"


Actualité publiée le 07/11/19 18:04

Une cheminée derrière les fils barbelés de l'usine ArcelorMittal Italie (ex Ilva) à Trente. Le 7 novembre 2019 (AFP/Andreas SOLARO)

"Mittal ne se désengage pas, il s'enfuit parce cette usine a été très mal gérée", constate amèrement Pasquale Maggi, 41 ans, un ouvrier de l'usine d'ArcelorMittal à Tarente (sud) d'où le magnat indo-britannique Lashkmi Mittal veut se retirer.

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a fait savoir mercredi soir que le groupe ArceloMittal, qui a repris les rênes de l'ex-Ilva depuis un an seulement, avait exigé 5.000 suppressions d'emplois sur le site pour continuer à le gérer, une proposition "inacceptable" pour Rome. M. Conte a donné deux jours à ArcelorMittal pour revenir négocier "avec des propositions acceptables et tenables".

Une réunion groupant le gouvernement, les syndicats et les autorités locales était prévue jeudi à Rome pour examiner ce dossier considéré prioritaire pour M. Conte.

ArcelorMittal, qui a repris fin 2018 le groupe Ilva avec 10.700 employés dont 8.200 à Tarente (sud) et le reste à Gênes, a annoncé lundi son intention d'annuler ce rachat, provoquant une onde de choc en Italie en raison des craintes pour l'emploi.

Pasquale, ouvrier de l'ex-usine Ilva, la plus grande acierie d'Europe depuis 20 ans, vient de recevoir sa lettre de licenciement. Selon lui, "Mittal, avant de partir, veut disons, débrancher les dernières prises". Il impute son licenciement à "des manquements de la direction relatifs à la sécurité dont la présence d'amiante" sur le site.

"Les gens sont inquiets, en colère, mais je les vois surtout fatigués, résignés parce que les problèmes de l'Ilva sont sans fin et durent depuis des décennies", ajoute-t-il.


Photo prise le 22 juillet 2019 de gens se prélassant sur la plage en face de l'usine ArcelorMittal Italia (ex-ILVA ) de Tarente (AFP/Archives/Tiziana FABI)

L'arrivée de Mittal à Tarente avait suscité de l'espoir. "On espérait qu'il y ait une amélioration,de la part d'une multinationale ... Mais bon, ils ont pris leurs jambes à leur cou, car ils ont compris qu'ici il n'y avait que peu d'amélioration à attendre. Et ils ont été confrontés à la réalité", estime-t-il.

"Le moment est venu que l'Etat prenne en charge les problèmes qu'il a lui-même créés au fil des années", estime cet ouvrier convaincu qu'il faut tout simplement fermer le site. "La production d'acier baisse, l'usine est polluée" par "les pires produits cancérogènes qui existent sur terre", a-t-il ajouté.

Pour lui, "l'Ilva reflète la façon de faire et de penser en Italie: on ne résoud pas les problèmes, on met un voile pudique dessus".

- "Prise en main" -

Emmanuele Palmisaro, 45 ans, au chômage technique depuis plus d'un an et militant du syndicat (minoritaire) USB, est furieux contre le dirigeant indo-britannique du groupe ArcelorMittal qu'il veut "chasser de ce territoire".

"Non seulement Mittal ne respecte pas ses engagements mais en plus, il menace de procéder à 5.000 licenciements", dénonce-t-il, en estimant que les habitants de Tarente, ville frappée par un taux de chômage de 30%, sont "le dos au mur face aux problèmes sanitaires et maintenant les difficultés d'emplois".


Des employés grévistes de l'usine ArcelorMittal Italie à Tarente (sud) le 7 novembre 2019 (AFP/Andreas SOLARO)

Selon lui, les salaires ont baissé sous la gestion Mittal, "on vit de l'assistanat, si on veut faire renaître une ville, un territoire, on ne peut pas vivre d'aides". Il a calculé que l'ex-Ilva avait mis 1.660 personnes au chômage technique auxquelles sont venues s'ajouter 1.400 autres avec ArcelorMittal. "Cela fait quasiment 3.000 personnes qui vivent des aides".

Comme son collègue Pasquale, il pense que c'est à l'Etat de "prendre enfin en main la situation". Il doit "garantir l'environnement, la santé et le travail bien entendu".

Le site sidérurgique de Tarente figure parmi les plus pollués en Europe. Il se trouve au coeur d'un énorme procès, les experts cités par le parquet italien estimant que sur 11.500 décès recensés dans les environs entre 2004 et 2010, 7.500 ont été causés par des maladies cardio-respiratoires et des cancers imputables aux émissions toxiques des hauts fourneaux.

© 2019 AFP

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