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"Comment on fait, sinon?": les pénuries obligent les Vénézuéliens à braver le confinement


Actualité publiée le 30/03/20 17:07

Des habitants de Caracas attendent pour remplir leurs bidons d'eau le 27 mars 2020 (AFP/Archives/Cristian Hernandez)

Ils sont 200 à attendre sur un trottoir de Caracas pour remplir leurs bidons d'eau à une bouche à incendie. "Comment on fait, sinon?", demande Eva, obligée de braver le confinement pour se ravitailler en eau à cause de la pénurie dans son quartier.

Masque de protection sur le visage, Eva, 62 ans, attend son tour. Une femme, assise à côté de la bouche à incendie, remplit les bidons, bouteilles et autres récipients de chacun grâce à un tuyau relié à l'arrivée d'eau.

Pas le choix, dit Eva. Dans son quartier populaire de Caracas, l'eau n'arrive qu'une heure par semaine. Alors, même en temps de pandémie de coronavirus et de confinement quasi-total du Venezuela, elle est obligée de s'approvisionner à la bouche à incendie.

"Nous sommes prêts à respecter la quarantaine. Mais, comment on fait pour respecter cette quarantaine si on est obligé d'aller chercher de l'eau trois ou quatre fois par jour?", demande-t-elle.

Il y a cinq ans, le réseau de distribution d'eau du quartier, situé tout près du palais présidentiel de Miraflores, a commencé à lâcher.

Comment alors se laver les mains aussi souvent que possible, comme le recommande Nicolas Maduro, pour tenter d'endiguer la pandémie due au coronavirus?

-"Je ne peux pas mentir au peuple"-


Des habitants de Caracas remplissent leurs bidons d'eau à une bouche à incendie le 27 mars 2020 (AFP/Archives/Cristian Hernandez)

Pour "briser la chaîne de contagion" de la maladie, qui a fait trois morts au Venezuela jusqu'à maintenant, le président socialiste a décrété un confinement quasi total il y a deux semaines, une "quarantaine sociale" pour une durée indéfinie. Seules les sorties pour aller acheter à manger et aller chez le médecin sont autorisées.

"Une normalité relative, surveillée, arrivera, mais ça n'est pas encore le cas. Je ne peux pas mentir au peuple", a prévenu M. Maduro samedi soir.

Selon le gouvernement, 129 cas de coronavirus ont été confirmés jusqu’à maintenant.

Pour faire respecter le confinement, la police et l'armée ont été déployées et la télévision d'Etat répète en boucle: "Reste chez toi!" Difficile dans un Venezuela où 60% des 30 millions d'habitants sont confrontés à des pénuries d'eau, selon plusieurs ONG.

Et les pénuries ne s'arrêtent pas là. L'essence, quasi gratuite dans le pays aux plus grandes réserves de pétrole au monde, vient aussi à manquer.


Des habitants de Caracas poussent leur voiture le 23 mars 2020 avant de pouvoir faire le plein dans une station-service (AFP/Archives/Cristian Hernandez)

Caracas était jusque-là plutôt épargnée. Mais depuis une dizaine de jours, les stations-service ferment les unes après les autres et des files interminables se forment devant celles qui ont encore de quoi remplir les réservoirs.

L'opposition affirme que l'effondrement du secteur pétrolier est dû à la "corruption" et au manque d'investissements. Le gouvernement explique, lui, que la faute en revient aux sanctions américaines, dont le spectre a d'ailleurs poussé le géant russe Rosneft à arrêter ses activités au Venezuela.

- Aux urgences à vélo -

Depuis le début du confinement, l'essence est réservée en priorité au personnel "essentiel", comme les soldats, la police ou les soignants.

Pourtant, Camilo Reyes, urologue à Maracaibo, la deuxième ville du Venezuela, raconte une réalité bien différente.

"La dernière fois que j'ai essayé de faire le plein avec mes collègues, un membre de la Garde nationale nous a dit que nous n'étions pas essentiels, que nous n'étions que de simples médecins", s'offusque-t-il.


Des policiers contrôlent les automobilistes qui attendent pour faire le plein le 23 mars 2020 à Caracas (AFP/Cristian Hernandez)

La pénurie a aussi eu son effet sur le marché noir, où il faut désormais débourser 70 dollars pour 20 litres d'essence, soit quatre fois le salaire mensuel d'un médecin.

"Une collègue a dû aller à l'hôpital à vélo pour une urgence", note Camilo Reyes.

Dans cette même ville de Maracaibo, Rigoberto Gadea vit "une quarantaine avec la faim au ventre". Les boulots occasionnels qui permettait à ce soudeur de 59 ans de tenir se sont raréfiés pour disparaître complètement avec l'arrivée du coronavirus et le confinement obligatoire.

"C'est bien cette quarantaine, mais elle est où la nourriture que propose le gouvernement?", dit Rigoberto au sujet des aliments subventionnés vendus à des prix très bas aux plus humbles.

Selon lui, le "colis CLAP", qui comprend notamment du riz et des pâtes, ne lui parvient qu'une fois l'an, et non une fois par mois.

Alors pour trouver de quoi nourrir sa famille, il est bien obligé de sortir souvent et de braver le confinement.

"Qui a les moyens de s'acheter à manger pour tout un mois et de s'enfermer ensuite chez soi?", demande-t-il.

© 2020 AFP

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