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Coronavirus: les huis clos, menace économique pour le sport


Actualité publiée le 10/03/20 19:09

Un match à huis clos dénoncé par une banderole des supporters du FC Nantes avant la réception de Toulouse à La Beaujoire, le 1er décembre 2019 (AFP/Archives/Sebastien SALOM-GOMIS)

Grosses turbulences en vue: la généralisation des huis clos dans le sport français pour freiner la progression du coronavirus risque de plomber sévèrement les budgets des clubs, voire pour certains menacer leur survie.

"Il ne faut pas que ça dure plus de 15 jours cette histoire. Sinon ça va commencer à être très dur économiquement", prévient Patrick Wolff, président de l'Association nationale des ligues de sport professionnel. Ce sera pourtant un mois minimum, jusqu'au 15 avril, en tout cas dans le foot (L1 et L2).

Mais le foot, et à un degré moindre le rugby, bénéficient au moins de droits TV conséquents.

Pour les autres sports, plus dépendants des recettes de billetterie, l'inquiétude commence à poindre pour certains clubs, au surlendemain de la décision d'interdire les rassemblements de plus de 1.000 personnes. L'écosystème sportif a-t-il les reins assez solides pour vivre sans les recettes du public pendant cette période ?

"La situation est clairement tendue", prévient Virgile Caillet, délégué général de l'Union sport et cycle, qui représente les entreprises du secteur."Il n'est pas exagéré de dire que la survie de certains clubs est en jeu."

"Pour un club de basket, c'est 15% du budget. Si ça s'inscrit dans la durée - 3, 4 ,5 matches - inévitablement le résultat d'exploitation à la fin sera mauvais", prévient Virgile Caillet.

Le directeur exécutif de Gravelines Hervé Beddeleem évalue la perte "entre 50 et 70.000 euros par match" de basket, sans oublier l'absence de soutien populaire alors que le club lutte pour son maintien.

En handball, c'est près de 100.000 euros par match en première division qui partirait en fumée selon le président de l'US Dunkerque. "C'est une catastrophe. Notre économie du sport est fragile, on est borderline", assure-t-il.

"Il y a un vrai danger pour les clubs de hockey sur glace", souligne également Jacques Reboh, président des Brûleurs de loups de Grenoble.

Le budget du club grenoblois, champion de France, est de 4 millions d'euros, le plus important de la Ligue Magnus.

"Un match de play-off, c'est une recette de 150.000 euros et il nous en reste entre cinq ou six à disputer, soit un total de 700.000 euros à 1 million d'euros, équivalent à 25% environ de notre budget", a-t-il encore expliqué.


Le PSG déplore un manque à gagner de 5 millions d'euros à la suite du huis clos décrété pour son match contre Dortmund, en Ligue des champions (AFP/Archives/FRANCK FIFE)

Même dans le football, l'inquiétude est "forte", assure Bernard Caïazzo, le président du syndicat Première Ligue. "Il y a un manque à gagner tout à fait conséquent qui va se chiffrer à plusieurs dizaines de millions d'euros pour l'ensemble de notre football. C'est très inquiétant", selon lui.

L'OM par exemple prévoyait "entre 4 et 5 millions d'euros" de recettes pour le match face au Paris SG prévu le 22 mars, selon une source proche du club.

- "Un mois mouvementé" -

"C'est dramatique", estime Laurent Marti le président du club de Bordeaux-Bègles, leader du Top 14 de rugby. "On sait tous qu'en rugby où les droits TV pèsent moins proportionnellement que dans le foot, nos plus grosses ressources sont les partenaires, le public, la billetterie, et puis les buvettes, le merchandising. Donc on est tous en train de faire nos calculs et on sait que cela va nous mettre dans une situation financièrement dramatique".

Si Laurent Marti évalue la perte sèche pour un match de Top 14 à 300.000 euros, son homologue toulousain Didier Lacroix la situe lui à 800.000 euros, prévoyant un mois à venir "mouvementé".


Séance d'étirements pour les joueurs d'Oyonnax dans leur stade vide de supporters alors que leur match de Coupe d'Europe a été annulé le 14 novembre 2015 au lendemain des attentats (AFP/Archives/ROMAIN LAFABREGUE)

Pour évaluer au plus juste l'impact de ces huis clos, ce qu'a demandé Roxana Maracineanu aux acteurs du monde sportif, il faut également prendre en compte l'économie périphérique autour des clubs, comme les prestataires de services (hôtesses, traiteur, sécurité). "Pour la plupart des clubs, il y a les commerces, les restaurants autour du stades qui ont une suractivité les soirs de match", rappelle Virgile Caillet. Pour le Paris SG, les montants avoisinent les 4 millions d'euros.

- Prise de conscience -

Certains plaident pour revoir la doctrine du huis clos, alors que Roxana Maracineanu a assuré mardi avoir pris conscience "de l'impact économique, sur les clubs et les entreprises du sport" de cette mesure.

"Le plus souhaitable serait des reports, plutôt que des huis clos, même si ça pèse sur le calendrier", préconise Didier Lacroix.

Pour l'instant, aucune enveloppe n'a été débloquée pour venir éventuellement en aide aux clubs. Le ministre de l'économie Bruno Le Maire a annoncé un renforcement des mesures pour soutenir les entreprises en difficulté, comme la possibilité de demander le report des charges sociales.

"Il faut que les clubs soient traités comme des entreprises normales", plaide Claude Michy, président de l'Union des clubs professionnels français (UCPF).

© 2020 AFP

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