Cours | Graphes | News | Analyses et conseils | Composition CAC 40 | Historiques | Forum |
Dans le grenier à grains de la ferme de Sébastien Méry, un des sept silos est resté vide cette année. La pluie manque depuis le début de l'année dans ce coin du Loiret, une région de grandes cultures à une heure au sud de Paris.
Alors que les températures grimpent ce week-end, le jeune céréalier du Gâtinais garde le sourire, mais a du mal à envisager l'avenir. Il a engrangé cette année sa "pire" moisson en dix ans, depuis son installation, seul, sur la ferme de 200 hectares où il a succédé à son père: -35% de rendement en blé par rapport aux cinq ans précédents, -40% en colza, et -55% en orge de brasserie. Une "catastrophe".
Une année ordinaire, il aurait rempli ses sept silos et livré des excédents à la coopérative Caproga, près de Montargis. Cette année, six silos sont "presque" remplis et la coop n'a quasiment rien reçu.
"En incluant le colza, chaque été je récolte environ 1.000 tonnes, cette année, je suis à 550 tonnes", résume le jeune homme.
Les cultures ont souffert du manque d'eau: Un seul orage depuis mars, et 290 mm d'eau seulement depuis janvier, une première en plus de 25 ans.
Après un hiver doux et humide, les cultures souffrent aussi d'attaques de ravageurs, qui n'ont pas été éliminés par le froid. De problèmes de pauvreté du sol aussi.
Sébastien est loin d'être le seul concerné. La plupart des "zones intermédiaires" de culture en France font face à des baisses de rendement: Soit une vingtaine de départements qui s'étirent sur une diagonale reliant le Grand-Est à la Nouvelle Aquitaine en incluant une partie de l'Occitanie. Les sols y sont plus pauvres et moins profonds qu'en Beauce ou dans le nord du pays.
Sébastien est inquiet. Sa récolte ne suffira même pas à payer les investissements nécessaires pour implanter de nouveaux semis et les travailler. Et ce pour la deuxième fois en cinq ans.
Dans la région, "certains sont au bord de l'arrêt d'activité, ils vont arrêter d'exploiter", dit-il. Des terres arables risquent d'être déprises (non cultivées, NDR). "Du jamais vu", selon le jeune homme.
Beaucoup des parcelles de Sébastien sont "séchantes", elles ne stockent pas l'eau. Et les pierres de silex qui parsèment ses champs ne font pas bon ménage avec les outils agricoles. Les lames se brisent, les griffes se vrillent. Il faut constamment réparer les machines. Ce qui fait exploser les coûts d'exploitation.
Dans les années 70, son père avait procédé à un captage d'eau dans la nappe phréatique, suivi du creusement d'une bassine de rétention d'eau de pluie dans les années 90, pour irriguer. Le tout soumis à autorisation préfectorale et sous condition météorologique.
- Restrictions d'eau -
Mais, alors que la canicule s'accentue depuis vendredi, le jeune homme semble hésiter à recourir à ce qui reste d'eau dans son bassin pour irriguer son maïs, seule culture susceptible de sauver son année sur le plan économique: "quand les gens voient de l'irrigation en pleine canicule, ils ne comprennent pas".
Pourtant, il a le droit d'utiliser de l'eau stockée pendant l'hiver, lorsque les pluies sont abondantes. Les restrictions administratives d'usage de l'eau qui touchent ce weekend le Loiret et 71 autres départements portent surtout sur les prélèvements en pompage direct dans les rivières ou dans les nappes proches.
"Ici, sur le bassin versant du Betz, un affluent de la Seine, nous sommes en alerte renforcée, au 3e stade, soumis à des interdictions d'irrigation de 36 heures par semaine", explique-t-il.
Un peu plus loin, le Val de Loire est classé en "crise" (4e et dernier stade): toute irrigation agricole en pompage direct est totalement interdite.
"Pour ceux qui font du maïs, ça va être une perte de rendement, et pour les éleveurs, ça va être une perte de fourrage pour les animaux" explique Sébastien. "Pour les maraîchers et arboriculteurs du Val de Loire qui approvisionnent le marché de gros de Rungis, le fait de couper l'irrigation équivaut à un manque de légumes sur les étals des marchés".
© 2020 AFP
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.
29/03/24
Au Québec, le boom minier face à la résistance citoyenne
29/03/24
Dans l'Afghanistan des talibans, un tourisme étranger émerge
29/03/24
Trafic de tabac: plus de 27 tonnes saisies lors d'une opération des douanes
29/03/24
Marchés: le plus long week end de l'année pour les bourses européennes, fermées jusqu'à mardi
29/03/24
L'inflation en France est attendue en hausse de 2,3% sur un an en mars 2024
29/03/24
La consommation en biens des ménages français est stable en février 2024
jclaudio50
09/08/20 21:01
|
le climat est en plein évolution puisque l'on parle d'une remontée géographique du climat de 500 kms ( le climat de Montpellier à Orléans) .... il va falloir s'adapter où disparaitre...pour continuer de cultiver,il faudra irriguer ,et cette eau devra etre stockée dans des réserves en période excédentaire (l'hiver ) puis etre utilisée plus tard...il faudra aussi adapter les espèces de céréales cultivées et peut etre ne plus cultiver de plantes trop gourmandes en eau....la survie des paysans passe par des investissements dans des bassins ou des étangs ,et des changements de systèmes d'exploitation des plantes et des sols....bref : il faut s'adapter ou disparaitre.... |
Omega9
09/08/20 21:54
|
Je suis d'Orléans, et je constate que cette année on a pas de pluie depuis presque 50 jours. Ce soir il y a eu un orage pendant 45 minutes. En juillet sur Orléans il a plus 6 mm /m2 maximum au lieu de 60 mm en moyenne. Je suis très inquiet pour le Loiret, étant natif d'Orléans . Il y a 25 ans on dépassait rarement les 35 degrés. J'ai été en Algérie en 1980 il y a aujourd'hui le même climat qu'à Constantine en 1980. Les énergies fossiles ont modifié le climat. |
waine70
09/08/20 22:06
|
S'adapter ? .... Oui, si c'est possible. Un réchauffement moyen de 2°C peut entraîner des températures de +10°C dans certaines régions. Certains parlent même de désertification jusqu'aux pays nordiques d'ici un siècle ! ... Bienvenue à la plage .... |
mariusb
10/08/20 12:14
|
Quand cessera-t-on de goinffrer de subventions des pécors arriérés pour maintenir artificiellement en vie une agriculture qui n'est pas viable. |
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.