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En Inde, l'industrie du verre a une dent contre le Taj Mahal


Actualité publiée le 25/06/17 11:44

Un artisan indien porte une boule de verre en fusion qui sert à fabriquer des bracelets, dans un atelier à Firozabad, le 12 avril 2017 (AFP/Sajjad HUSSAIN)

Hanuman Prasad Garg ne blâme pas la hausse des prix de l'énergie ou les imitations bon marché pour la mort à petit feu de la pluriséculaire industrie du verre indienne. Il blâme le Taj Mahal.

Depuis des siècles, les artisans de Firozabad (nord de l'Inde) produisent des bracelets de verre, accessoires indispensables de l'attirail traditionnel de la femme indienne.

Mais leur voisinage avec le Taj Mahal, plus célèbre monument du pays avec son dôme et ses minarets, au bord de la rivière Yamuna à Agra, à 35 kilomètres de là, a obligé les autorités à prendre des mesures antipollution qui ont perturbé leur modèle économique.

"À cause du Taj Mahal, toute l'industrie souffre", déclare Hanuman Prasad Garg, président de l'association de l'industrie du verre de Firozabad.

À la fin du siècle dernier, la Cour suprême indienne a ordonné aux verriers de cesser d'utiliser du charbon et de passer au gaz - plus coûteux -, les fumées émises par leurs fournaises venant jaunir ce joyau de marbre blanc de l'architecture moghole, aux façades décorées d'une calligraphie raffinée.


Un artisan indien travaille une boule de verre en fusion qui servira à fabriquer des bracelets dans une fabrique à Firozabad, le 12 avril 2017 (AFP/Sajjad HUSSAIN)

Vingt ans plus tard, pourtant, la pollution ternit toujours le Taj Mahal, un mausolée du XVIIe siècle construit par l'empereur Shah Jahan à la mémoire de son épouse et inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial de l'Humanité.

- Travail de haute précision -


Un artisan indien travaille du verre à la flamme d'un chalumeau, le 12 avril 2017 à Firozabad (AFP/Sajjad HUSSAIN)

Penché sur une table de son petit atelier, Zafar Ahmad sculpte avec habileté un délicat petit oiseau d'une boule de verre en fusion.

"Je fabrique des objets en verre depuis que j'ai dix ans. C'est la seule chose que je connaisse. Toute ma famille est impliquée dans ce travail", raconte-t-il à l'AFP en travaillant le matériau à la flamme d'un chalumeau.

De nombreuses manufactures de bracelets et objets en verre ont déjà fermé ou réduit la voilure avec la hausse du prix du gaz naturel ces dernières années, mettant des générations d'artisans sur la paille.

"C'est difficile de survivre", confie Zafar. "Je n'ai pas les moyens de mettre mes quatre enfants dans des écoles décentes. Je ne peux imaginer ce qui leur arrivera si je me retrouve au chômage".


Une femme suit un programme mis en place par l'Etat indien pour apprendre de nouvelles techniques dans le travail du verre, le 12 avril 2017 à Firozabad (AFP/Sajjad HUSSAIN)

Les verriers ne gagnent que 300 roupies par jour (environ 4 euros) en dépit des conditions de travail extrêmes et du danger qu'il y a à manipuler de la silice fondue. Ils subissent en outre la concurrence de bracelets en plastique ou en métal, moins chers et moins laborieux à produire.

- Boue -

En 2015, une étude de chercheurs américains et indiens soulignait les fumées engendrées par les feux de charbon, bouses et déchets dans la ville d'Agra et ses alentours.

Des mesures drastiques ont été prises pour limiter la pollution aux abords du Taj Mahal. Les voitures ont été interdites à proximité immédiate du monument. Plusieurs industries tournant au charbon ont dû fermer ou relocaliser leurs activités.

Mais le célèbre mausolée de marbre continue de jaunir. Pour tenter de lui redonner sa blancheur originelle, les autorités archéologiques appliquent pendant quelque temps de la boue sur le monument afin d'absorber les impuretés. Plusieurs façades et minarets ont déjà été traités avec cette méthode. Le dôme devrait suivre sous peu, au plus grand dam des touristes amateurs de selfies.

A Firozabad toutefois, les artisans sentent que leurs jours sont comptés.

Un tribunal spécialisé dans la protection de l'environnement a demandé l'étude des polluants présents dans les fumées émises par leurs cheminées. En fonction des conclusions, les autorités pourraient ordonner le déménagement des artisans verriers.

Pour soutenir leur commerce, le gouvernement essaye d'éduquer les verriers à l'économie moderne, en leur apprenant à vendre leurs biens en ligne ou à tenir des stands dans des foires d'artisanat.

"Personne ne peut voler leur talent. Ils ont un riche savoir traditionnel, nous ne faisons que le polir", explique Shahbaz Ali, président d'une agence gouvernementale de formation des minorités.

© 2017 AFP

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