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En mal de salariés, l'Amérique mise sur la formation ultra localisée


Actualité publiée le 17/12/17 08:46

Janae Washington participe à une séance de travail dans le cadre d'un programme de réadaptation à l'emploi, à Philadelphie, le 14 décembre 2017 (AFP/DOMINICK REUTER)

Avec un casier judiciaire rempli et une addiction à la drogue, Derek Hobbs est resté 25 ans sans travailler. Son retour sur le marché de l'emploi, il le doit à une formation d'un genre nouveau: hyper localisée.

"Ils donnent une chance aux gens qui traînent ce genre de boulets", explique ce quinquagénaire qui illustre l'un des problèmes majeurs de l'économie américaine quasiment au plein emploi: l'inadéquation entre l'offre et la demande.

Baptisé the West Philadelphia skills initiative (WPSI), le programme auquel M. Hobbs a participé, se déroule dans une zone pauvre de Philadelphie, un quartier popularisé dans les années 90 par la série "Le prince de Bel-Air" avec Will Smith.

Malgré la présence de deux universités prestigieuses, d'hôpitaux dédiés à la recherche médicale et de nombreuses entreprises, 31% des habitants y vivent en-dessous du seuil de pauvreté.

Les participants au WPSI viennent ainsi tous du quartier University City et sont formés pour répondre exclusivement aux demandes d'emplois du coin.

La carrière de Derek Hobbs avait démarré en fanfare et il avait des ambitions. Mais "dans les années 90 et jusqu'en 2012, je suis devenu accroc" à la drogue, confie-t-il, perdant aussi au fil du temps l'habitude de travailler.

Abandonner l'oisiveté, largement répandue et partagée dans le quartier par les amis et les voisins, est probablement le plus difficile pour ces personnes, commente Sheila Ireland, qui dirige ce programme depuis plusieurs années et dont les équivalents fleurissent dans le pays.

Ces programmes locaux sont élaborés sur mesure pour correspondre aux profils attendus aux emplois du quartier, tels que des infirmières, là où les centres de formation traditionnels proposent le plus souvent une formation générale à l'informatique avec l'espoir que les participants trouveront ensuite un emploi.

Avec une économie créant 175.000 emplois par mois et un taux de chômage de 4,1% -le plus bas depuis 2000- les employeurs américains peinent de plus en plus à trouver des salariés, y compris pour les emplois non qualifiés.

Plus de six millions d'emplois ne sont ainsi pas pourvus, le nombre le plus important depuis le début de cette statistique en 2000. Et de nombreux travailleurs ont jeté l'éponge, quittant le marché de l'emploi ou consentant à travailler à temps partiel faute de trouver un plein temps.

- Poids pour l'économie -

Habituellement, une hausse des salaires permet d'attirer les candidats potentiels, mais ceux-ci ont stagné ou ont augmenté au mieux à peine plus que l'inflation.

Les économistes sont divisés sur l'absence de progression des salaires dans une économie pourtant florissante. Certains d'entre eux préconisent une augmentation importante pour attirer les travailleurs plus âgés notamment.


Janae Washington participe à un atelier dans le cadre d'un programme de réadaptation à l'emploi, le 14 décembre 2017 à Philadelphie (AFP/DOMINICK REUTER)

Car le manque de travailleurs devient un poids grandissant pour l'économie américaine et cela pourrait empirer.

Des salaires en moins, c'est de la croissance en moins dans une économie tirée par la consommation des ménages, souligne David Wiczer, économiste à l'antenne de St. Louis de la Banque centrale (Fed).

En outre, les travailleurs qui ne correspondent pas au profil demandé "sont moins bien payés, leur salaire évolue moins et ils sont donc plus susceptibles de partir" de l'entreprise, souligne-t-il ajoutant que ces gains de salaires en moins, c'est de l'argent qui n'est pas dépensé dans l'économie.

Traditionnellement, les entreprises proposaient des formations internes qui étaient menées par les syndicats, mais avec le déclin des organisations représentantes des personnels, les salariés sont désormais souvent livrés à eux-mêmes en matière de formation.

Dans ce contexte, les programmes tels que le WSPI sont un succès avec un taux de réussite de l'ordre de 90% et même de 96% l'an passé. Et les salariés issus de ces formations ont ensuite tendance à rester plus longtemps dans l'entreprise, comparés à ceux formés par les programmes traditionnels.

L'une des clés ? Les candidats au programme sont triés sur le volet car ces programmes ont un nombre limité de places.

Après 25 ans de galère, Derek Hobbs a aujourd'hui un emploi qui lui permet d'avoir une couverture sociale et un plan d'épargne retraite. "Sans Dieu et le WPSI, je n'en serai pas là", dit-il.

© 2017 AFP

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