Eramet: Carlo Tassara relance la spéculation.

(CercleFinance.com) - L'action du groupe métallurgique et minier Eramet tenait ce matin la tête des plus fortes hausses d'un indice SBF 120 neutre en s'adjugeant près de 5% à 74,5 euros. Actionnaire 'contestataire' du groupe, le holding Carlo Tassara de Romain Zaleski refait parler de lui : dans une interview, Jacques Bacardats, dirigeant de Carlo Tassara France, estime qu'Eramet risque de connaître les mêmes problèmes que Peugeot et préconise une augmentation de capital.

Rappelons que le titre a perdu 70% de sa valeur ces trois dernières années.

La dernière annonce financière d'importance remonte au 21 février, lorsque le spécialiste du manganèse et de nickel avait fait état d'une perte nette part du groupe de 370 millions au titre de 2013, chiffre comprenant 296 millions de dépréciations d'actifs.

En termes opérationnels courant, un déficit de 45 millions d'euros a été constaté, contre + 153 millions en 2012. La branche Nickel a effectivement creusé ses pertes à 222 millions quand les bénéfices du Manganèse se tassaient de 9,1% à 218 millions, et que les Alliages restaient proches de l'équilibre (+ 4 millions).

'Compte tenu des perspectives économiques et de marchés qui restent, en ce début 2014, globalement dans la continuité de la fin de l'année 2013, le groupe poursuivra, dans chacune de ses branches, ses efforts de renforcement de sa compétitivité', prévoyait alors Eramet.

Notons que le prix de la tonne de nickel dépasse maintenant les 16.000 dollars, un niveau perdu de vue depuis un an qui se compare avec 13.500 dollars environ en début d'année.

C'est cependant son aspect spéculatif qui semble réveiller Eramet ce matin. En effet, la famille Duval est le premier actionnaire via ses holdings Sorame et CEIR (37% des parts), qui sont liés par un pacte d'actionnaires avec le Fonds stratégique d'investissements (BPIFrance, avec 25,7% des parts).

Le holding Carlo Tassara (12,8% des parts), contrôlé par Romain Zaleski, est depuis longtemps un trublion au capital du groupe, dont il conteste vertement la conduite.

Or le holding de Romain Zaleski refait parler de lui. Rappelons que la filiale française de Carlo Tassara, Carlo Tassara France, est depuis le début de l'année dirigée par Jacques Bacardats, qui fut... PDG d'Eramet entre 2004 et 2007 et se montre désormais très critique.

Jacques Bacardats, qui n'avait plus guère fait parler de lui depuis sa nomination en janvier, vient d'accorder une interview à l'Usine Nouvelle. Et il n'y va pas de main-morte. Du côté du nickel, Eramet ne serait pas, selon lui, pénalisé par un marché encore difficile, mais par des problèmes internes : 'la vraie question durable pour SLN (Société Le Nickel, ndlr), la filiale néocalédonienne d'Eramet, (est) plutôt l'explosion de ses coûts de production. Face à un cours d'environ 7 dollars par livre, les coûts de l'usine de Doniambo se sont appréciés de 50% entre les 6 dollars de 2007 et les 9 dollars de 2014', affirme M. Baccardats à l'Usine Nouvelle.

Selon M. Baccardats, Eramet a besoin d'investir là où il le faut, notamment dans une centrale électrique plus performante au Doniambo. Or, '2014 va amener de nouvelles pertes pour Eramet, déjà endetté à hauteur de 200 millions d'euros', affirme-t-il.

'Eramet manque cruellement de capitaux, l'un des actionnaires bloquant toute augmentation de capital', affirme encore M. Baccardats, qui ainsi vise les Duval.

Et M. Baccardats d'asséner : 'Eramet pourrait devenir une nouvelle affaire Peugeot SA si ces changements ne sont pas entrepris sans tarder. Une augmentation de capital est nécessaire car le groupe ne peut procéder avec ses fonds propres aux indispensables investissements'.

Enfin, Carlo Tassara estime qu'il devrait disposer de deux sièges au conseil d'administration d'Eramet.


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