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France: chez des ouvriers, le protectionnisme fait recette


Actualité publiée le 26/02/17 15:38

Des employés de l'usine Whirpool à Amiens le 24 janvier 2017 (AFP/Archives/FRANCOIS NASCIMBENI)

Les ouvriers de l'usine d'électroménager Whirlpool d'Amiens, bientôt délocalisée en Pologne, hésitent entre indifférence, colère et résignation à l'approche de la présidentielle. Avec une conviction: pour protéger l'emploi, il faut plus de protectionnisme, voire "sortir de l'Europe".

"Les politiques laissent tout faire depuis des années: tout est délocalisé, tout s'en va, les gens deviennent chômeurs, il y a des suicides, des divorces... Mais ils n'en ont rien à foutre de nous", s'insurge Corinne Bizet, 49 ans, dont 17 ans chez Whirlpool, la voix chargée d'émotion.

A la mi-journée, sous le crachin, l'équipe du matin sort de l'usine, à trois kilomètres du centre-ville et de sa cathédrale gothique.

Les visages sont fatigués, l'ambiance morose: le géant américain de l'électroménager a annoncé en janvier la fermeture en 2018 de son usine d'Amiens (nord de la France), où 290 salariés fabriquent des sèche-linge, pour transférer la production à Łódź, en Pologne. Les emplois de 60 salariés d'un sous-traitant (Prima) et ceux d'intérimaires sont aussi menacés.

C'est la dernière fermeture d'usine en date pour une ville qui ne les compte plus. La plus spectaculaire avait été celle du fabricant américain de pneus Goodyear en 2014, avec la perte de plus de 1.100 emplois. Le taux de chômage atteint 11,9% à Amiens et dans ses environs, plus de deux points au-dessus de la moyenne nationale.

"Quand on parle de désindustrialisation de notre pays, ici ça a une résonance particulière", regrette Brigitte Fouré, la maire centriste de cette ville d'environ 200.000 habitants, qui dit son "amertume".

"Je n'ai même plus envie de voter", confie Christophe Colombo, 45 ans dont 27 chez Whirlpool. "Voter à gauche, voter à droite, ça sert à quoi?"

"Je ne crois plus en rien", renchérit Frédéric Coulon, qui travaille chez Prima depuis 16 ans et s'abstiendra lui aussi.

- "Taxes aux frontières" -

Rares sont les personnalités politiques prêtes à affronter le ressentiment. Soutenu par le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le journaliste engagé François Ruffin en campagne pour les législatives de juin est venu avec son camion coloré et une sono qui crache des chansons à la gloire de Che Guevara.

Auteur d'un documentaire social à succès ("Merci Patron!") et rédacteur en chef d'une gazette contestataire, "Fakir", M. Ruffin assume un positionnement protectionniste.

"Je ne veux pas que cette arme politique là soit exclusivement laissée entre les mains du Front national et que ce soient les seuls à oser prononcer les mots de taxe aux frontières, de barrières douanières, de quotas d'importation", explique-t-il en distribuant des tracts.

Eric Richermoz, le représentant local du Front national, a fait plusieurs fois la sortie d'usine. Pour convaincre, il dispose sur son téléphone portable d'un message vidéo de la présidente du parti, Marine Le Pen, promettant que les produits d'entreprises ayant délocalisé "seront taxés à 35%" lors de leur vente sur le territoire national.

En tête des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle le 23 avril, le Front national espère profiter du climat créé par la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE) et la politique protectionniste du nouveau président américain Donald Trump.

"Les Anglais sont en train de mettre en place des mesures très proches de ce que souhaite faire Marine Le Pen", se réjouit Eric Richermoz, dont le parti veut un référendum sur le "Frexit".

Les ouvriers français, en concurrence avec des Polonais, des Slovaques ou des Roumains aux salaires beaucoup plus bas, ne se sentent pas assez protégés dans l'UE.

"Le problème c'est que tant que tout le monde n'est pas au même niveau en Europe, ça ne pourra jamais aller", analyse Guillaume Bonnard, 33 ans, chef d'équipe chez Prima.

Pour son collègue Mohamed El Mokretar, délégué syndical, la solution est simple: "Il faut sortir de l'Europe".

Corinne Bizet ne sait pas encore si elle ira voter. Mais elle a une certitude: il faut quitter l'euro et "revenir à la monnaie française" pour retrouver du pouvoir d'achat.

© 2017 AFP

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9 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

CRI74
27/02/17 10:58
Ils oublient juste que le protectionnisme est une arme fatale pour des pays peu industrialisés , notamment en ce qui concerne les productions tournées vers la consommation .
Le peu d'usines restantes s'expatrieraient en urgence si cela devait se confirmer , laissant sur le carreau ceux qui en prônaient les vertus .
Il faut se rappeler que les hausses de consommation poussent essentiellement les importations faute de capacités locales qui ne reviendraient pas même avec de nouveaux droits de douanes .
Ces derniers , évidemment instaurés en réplique par nos partenaires , torpilleraient les grandes industries restantes , type aéronautique .
Quant à la chute de la monnaie liée à une sortie de l'euro , il va de soi qu'elle mettrait à bas le pouvoir d'achat résiduel .
Que des "bonnes" choses pour les ouvriers ..... !!!
jipes
27/02/17 11:19

Cesse tes cris qui ne servent qu'à prôner un libéralisme de bas étage en France.
En continuant comme on le fait depuis une quarantaine d'années, nos politicards sans cervelle précipitent le pays vers son tombeau.
Pour le redresser, et ça tu ne le comprends pas du tout comme tu ne comprends rien à ce qui dérange ton train de vie pantouflard, pour le redresser, il faut repartir à zéro, c'est à dire sortir de l'euro et quitter l'UE. Cela sera difficile mais certainement moins difficile que de le faire dans quelques années.
Ne le faisant pas, c'est la situation de la Grèce que l'on va hériter et alors là, les factions d'extrême gauche vont en casser des vitrines, brûler des voitures et...........
La solution, éliminer l'UMPS (et placer Macron au beau milieu du brasier).
CRI74
27/02/17 11:40
toujours du grand n'importe quoi des arnaqueurs du FN !

Message complété le 27/02/2017 11:40:56 par son auteur.

Au fait , la Marine , elle a piqué combien dans la caisse des ouvriers ?

Phil-Asp
27/02/17 11:40
"Auteur d'un documentaire social à succès ("Merci Patron!") et rédacteur en chef d'une gazette contestataire, "Fakir", M. Ruffin assume un positionnement protectionniste."


François Ruffin tire le bon constat mais il oubli de dire que c'est la gauche qui s'est abandonnée au libéralisme et à la globalisation en se détournant de l'électorat ouvrier, les "sans dents" comme il le dit lui même.
Ruffin c'est illusionné depuis toujours de cette gauche qui le fait cocu mais à laquelle il pardonne tout, si elle le trahi ce n'est pas "sa" gauche mais celle de Hollande ou Mitterrand selon lui.
Le même Ruffin est un inlassable combattant du fascisme et de "l’extrême" droite, ennemis imaginaires, c'est donc un poseur, une belle âme comme seule la gauche sait en produire, un apatride mental.

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