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GE/Alstom : cadres et ingénieurs mobilisés face au "saccage" de leur "pépite"


Actualité publiée le 15/10/17 13:44

Avant une réunion des salariés du site GE Hydro/Alstom à Grenoble, le 2 octobre 2017 (AFP/Archives/JEFF PACHOUD)

Au marketing depuis 10 ans chez Alstom, Sylvie se revendique de droite, fille d'entrepreneurs, avec la CGT en horreur. Et gréviste pour la première fois, comme beaucoup de cadres et d'ingénieurs du site de pointe de Grenoble menacé par un vaste plan social.

"Saccager la filière hydro en France alors qu'on est leader mondial, c'est lamentable" : l'élégante quadragénaire détache chaque mot, prononcé après 9 jours de blocage de l'entreprise de conception et de fabrication de turbines hydroélectriques.

"J'ai vécu 10 ans aux États-unis, 5 ans en Suisse, dans ces pays, les pépites industrielles sont protégées. Alors pourquoi M. Macron et M. Wauquiez (président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ndlr) ne le font pas ? C'est incompréhensible !", ajoute cette encartée Les Républicains (LR).

Autant le fait que le conglomérat américain General Electric veuille se défaire de sa branche hydro deux ans après le rachat d'Alstom Energies ne l'étonne pas - "c'est son modèle de rentabilité, ok, pas de problème" - autant l'absence de vision du gouvernement pour cette "industrie de pointe dans le renouvelable" hérisse cette gaulliste.

C'est bien pour que le général "de Gaulle ne se retourne pas dans sa tombe" que Sylvie a dépassé son "aversion première pour la CGT et aussi La France Insoumise" de Jean-Luc Mélenchon, venu mercredi braquer les projecteurs sur leur combat contre le licenciement annoncé de 345 des 800 postes de ce site, où cadres et ingénieurs représentent près de 70% des effectifs.

Renaud Guillaume, 35 ans dont déjà huit de maison, est l'un d'eux. Responsable de programme R&D ,"pas syndiqué, pas militant", il "prépare les turbines du futur, à la pointe de la technologie".

Ce polytechnicien ironise sur cette "élite bien pensante" dont il est "censé faire partie", "choqué en tant que citoyen" par les aides publiques que le site a touchées depuis des années au titre de la recherche.

- "Ni fainéants ni paresseux" -

"On parle de fleuron industriel, d'énergie renouvelable... Pourquoi l’État ne reprend pas la main ? On aurait les moyens de faire la transition énergétique mais là se jouent des intérêts au-dessus de la démocratie", estime l'ingénieur, qui a découvert dans le "piquet de grève collaboratif" à quel point "l'auto-organisation marche très, très bien".

Certains retraités d'Alstom ont fait le déplacement pour soutenir les grévistes, comme cet ancien responsable du service calculs venu de Brive la Gaillarde (Corrèze), raconte Fred, ému d'avoir revu son "mentor technique".

"Il s'inquiétait de ce qu'allait devenir son legs", tout "ce savoir-faire" patiemment construit sur ce site centenaire et transmis de génération en génération, raconte cet ingénieur embauché à l'issue du grand conflit social de 1996. Et pas délocalisable en quelques années en Inde ou en Chine, quand de multiples témoignages racontent le rapatriement de pièces à Grenoble pour les "remettre d'équerre".

Cet "amour du métier et la solidarité, c'est tout ce qui nous tient", souligne Sandrine, 45 ans, cadre au service support, gréviste même si elle n'est pas visée directement par ce plan social.

Sur sa direction qui "nous prend pour des imbéciles", elle ne s'attardera pas, pour concentrer sa "colère" sur le président Macron - qui a lui-même scellé ce mariage GE/Alstom quand il était à Bercy - et son gouvernement : "(Nicolas) Hulot, Macron, nous parlent COP 21, énergies renouvelables mais c'est bidon ! Faut pas sortir de Saint-Cyr pour savoir qu'on est la dernière boîte à faire de la turbine hydro en France !"

Le site a été débloqué jeudi soir mais de nouvelles "actions" sont en préparation. Sandrine revient à la charge, dans une adresse au chef de l'Etat, silencieux sur ce dossier : "On est ni fainéants, ni paresseux, on n'a aucune envie de foutre le bordel mais on n'a pas d'autre solution".

© 2017 AFP

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