OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

Investissements chinois en Europe, un boom entre inquiétudes et tensions


Actualité publiée le 22/03/19 19:57

Le président italien Sergio Mattarella (c) et son homologue chinois Xi Jinping, le 22 mars 2019 à Rome (Service de presse de la présidence italienne/AFP/Handout)

La Chine a investi au moins 145 milliards d'euros en Europe depuis 2010, mais la tendance est au ralentissement, à l'heure où plusieurs Etats durcissent leurs mesures pour encadrer les acquisitions du géant asiatique.

Le président chinois Xi Jinping, qui vient de sceller avec l'Italie un vaste accord économique, entame lundi une visite officielle à Paris. Le président français Emmanuel Macron entend modérer les appétits de Pékin, mais l'Union européenne reste divisée sur l'attitude à adopter.

Investissements tous azimuts

Totalisant 2,1 milliards d'euros pour l'année 2010, les investissements directs de la Chine dans l'Union européenne ont bondi à 20,7 milliards d'euros sur l'année 2015, puis à 37,2 milliards en 2016, selon les données de référence du cabinet américain Rhodium Group.

Les investissements chinois ont décru à 29,1 milliards en 2017, puis à 17,3 milliards d'euros en 2018 (dont 45% concentrés sur le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France).

Pour les experts, ce repli reflète le durcissement de Pékin à l'égard des acquisitions jugées "irrationnelles" de groupes déjà surendettés, mais aussi un cadre réglementaire plus strict en Europe.


Investissements chinois dans l'UE (AFP/Jonathan WALTER)

Le suédois Volvo Cars (automobile), l'italien Pirelli (pneus), les français Club Med (tourisme), St Hubert (margarines) et Lanvin (mode), les allemands Kuka et KraussMaffei (machines-outils): autant de fleurons passés sous pavillon chinois.

Depuis 2000, 60% des investissements chinois en Europe viennent de groupes étatiques contrôlés par Pékin.

Percées à l'Est et au Sud

Les pays d'Europe orientale n'ont accueilli que 1,5% des investissements chinois dans l'UE en 2018, et l'Europe du Sud 13%, selon Rhodium. Ces régions se montrent cependant particulièrement bienveillantes envers Pékin.

L'Italie est devenue samedi la première puissance du G7 à signer un protocole d'accord pour intégrer les "Routes de la soie", le colossal projet d'infrastructures piloté par Pékin, à la suite d'autres pays européens (Grèce, Portugal, Hongrie, Pologne...).

Athènes a cédé en 2016 son port du Pirée au géant chinois du fret Cosco, qui contrôle également en Espagne les ports à conteneurs de Valence et Bilbao.

Le Portugal a, lui, tissé d'étroits liens avec Pékin à la faveur de la crise financière, recevant, selon Rhodium, 6 milliards d'euros de capitaux chinois, qui ont ciblé sa première banque privée, l'assureur Felidade et le gestionnaire du réseau électrique (REN).

Et Lisbonne ne s'est pas opposé à l'OPA lancée par China Three Gorges sur l'électricien Energias de Portugal (EDP), premier groupe du pays.


Le commerce de marchandises UE-Chine (AFP/Jonathan WALTER)

En République tchèque, une visite de M. Xi en 2016 avait scellé des investissements massifs du chinois CEFC dans des médias, le transport aérien et un club de football. Le patron de CEFC, Ye Jianming, a même été l'éphémère conseiller économique du président tchèque Milos Zeman.

Paris, Berlin et l'UE durcissent le ton

Le 14 février, le Parlement européen a approuvé un cadre de contrôle des investissements étrangers dans l'UE dans les secteurs stratégiques (intelligence artificielle, télécoms, robotique...)

Poussé à l'origine par la France, l'Allemagne et (à l'époque) l'Italie, inquiètes de voir des groupes étrangers s'offrir à moindre coût et d'une manière jugée déloyale une expertise et des technologies clés, le texte a été adopté début mars par les Etats-membres.

La Commission n'aura certes pas elle-même la possibilité de bloquer un investissement --mais quatorze pays sont déjà dotés d'un dispositif de filtrage et les législations se durcissent.

Paris a précisé depuis 2014 les secteurs à surveiller, avant qu'Emmanuel Macron en fasse un cheval de bataille.

L'Allemagne, ébranlée par le rachat du fleuron industriel Kuka, a adopté en décembre un décret ramenant à 10% du capital, contre 25% depuis 2004, le seuil permettant à Berlin de bloquer des acquisitions étrangères.

Sous pression des autorités, le chinois Yantai Tahai avait renoncé en août à reprendre le fabricant de machines-outils allemand Leifeld.

Selon Rhodium, presque la moitié des investissements chinois dans l'UE en 2018 relevaient de secteurs jugés "sensibles".

Les Etats-Unis vent debout

Les Etats-Unis, engagés dans une guerre commerciale et une rivalité technologique avec Pékin, multiplient les avertissements.

Washington exerce une pression particulière sur l'Allemagne, menaçant de ne plus partager d'informations confidentielles si Berlin n'écarte pas les équipementiers télécoms chinois des réseaux 5G.

De même, les Etats-Unis se sont farouchement opposés mi-mars à l'OPA chinoise sur l'énergéticien portugais EDP.

Enfin, un responsable de la Maison Blanche, Garrett Marquis, a enjoint début mars l'Italie de ne pas légitimer les "Routes de la soie", estimant que les firmes italiennes "n'en bénéficieront pas nécessairement".

© 2019 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

Soyez le premier à réagir à cet article

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxKVHXRgtqe9bmMoMn_5fSCc_jSWRcgUyjUHNCJpp316V
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.