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Jérôme Kerviel, le "lampiste" de la Société générale se bat dans l'ombre


Actualité publiée le 20/01/18 11:32

Jérôme Kerviel attend devant le tribunal de Versailles, le 23 septembre 2016, avant le début de son procès en appel (AFP/Archives/Martin BUREAU)

Brusquement propulsé sous les projecteurs, il y a dix ans, Jérôme Kerviel, l'ex-trader devenu un symbole des dérives de la finance, mène désormais dans l'ombre son éternel combat contre la Société générale.

A 41 ans, Jérôme Kerviel se fait discret après des années de guérilla judiciaire, et loin des coups d'éclat médiatiques, sa parole est devenue plus rare.

Récemment, c'était sur Twitter pour saluer la décision "juste et courageuse" de Bercy de recouvrer la "ristourne" fiscale de 2,2 milliards d'euros consentie à la Société générale après la fraude inédite qui lui occasionna une perte abyssale de 4,91 milliards d'euros.

Il y a dix ans, le trader avait dérapé sur les marchés en prenant, seul, 49 milliards d'euros de positions non autorisées, au nom de la Société générale. De quoi faire du jeune loup de la finance au physique d'acteur une nouvelle figure des dérives de la finance.

S'il a au début reconnu avoir agi sans informer la banque, Jérôme Kerviel s'est davantage présenté comme la victime d'un système que comme un de ces opérateurs de marchés avides de bonus. Dix ans plus tard, rien n'a changé: il se présente toujours comme "lampiste de la Société générale", d'après son profil sur Twitter.

"Je suis quelqu'un d'ordinaire, je ne suis pas fou", déclarait-il dès 2008 aux enquêteurs, quand la banque venait de révéler sa perte, dont elle le rendait responsable, le traitant d'"escroc" et de "fraudeur".

En 2010, dans son livre, ("L'engrenage, mémoires d'un trader"), il a raconté comment il avait fini par "succomber à la griserie des chiffres", et comme il était encouragé, sans filet, à gagner toujours plus pour sa banque, dès lors qu'on lui disait qu'il était une "bonne gagneuse".

- soutiens de tout bord -

Né le 11 janvier 1977 dans la ville bretonne de Pont-l'Abbé, Jérôme Kerviel est issu d'un milieu modeste et n'a pas fait de grandes écoles comme certains as de la finance. Son père, décédé en 2006, était enseignant technique et sa mère coiffeuse.

Au lycée, il se voit déjà dans la banque. Avec une maîtrise en finance, puis un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) à Lyon, il est recruté à 23 ans à la Société générale comme gestionnaire au service du contrôle "middle office" (qui gère notamment les risques pris par les traders). Deux ans plus tard, il monte comme assistant trader avant d'accéder, début 2005, au poste de trader qui l'accapare totalement.

A ses procès, il a admis avoir perdu le sens des réalités mais il a aussi affirmé avoir servi de bouc émissaire à la banque, qui l'aurait utilisé pour masquer ses propres errements.


Jérôme Kerviel (G) et son avocat David Koubbi (D) quittent la cour d'appel de Versailles, le 23 septembre 2016 (AFP/Archives/Martin BUREAU)

Durant plusieurs années, Jérôme Kerviel a occupé les prétoires avec son alter ego et avocat, le bouillant David Koubbi. Ensemble, ils ont aussi mené une bataille dans les médias pour défendre la cause du trader mué en pourfendeur d'un système financier "amoral".

En mars 2014, après une brève rencontre avec le pape à Rome, il avait pris son bâton de pèlerin pour une marche vers Paris, finalement interrompue à Menton où, devant les caméras et ses fans, il avait été arrêté par la police puis réincarcéré. Au total, il aura passé 150 jours en détention.

Son combat lui aura valu des soutiens de personnalités de tous horizons, de l'ancien évêque de Gap, Mgr Jean-Michel di Falco, à l'ancien leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, en passant par le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.

Après huit années de feuilleton judiciaire, la cour d'appel de Versailles, soulignant les "manquements" de contrôle de la banque, a finalement ramené en septembre 2016 ses dommages et intérêts à 1 million d'euros, une demi-victoire qui a éloigné Kerviel des près de cinq milliards qu'il devait payer.

Le camp de l'ex-trader a en revanche échoué dans deux volets où il mettait en cause la probité de la banque, un revers qui amenuise ses chances de révision de sa condamnation pénale à 5 ans de prison dont trois ferme, rendue définitive en 2014. Le combat continue mais sans Me Koubbi. Jerôme Kerviel a évoqué auprès du JDD "un désaccord stratégique" cet été avec son ex-conseil. Il s'est désormais entouré d'un "pool d'avocats".

© 2018 AFP

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