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L'élection canadienne illustre le fossé entre défenseurs du pétrole et de l'environnement


Actualité publiée le 20/10/19 21:31

Un puits de pétrole à Stoughton, dans la province de la Saskatchewan, le 20 octobre 2019 au Canada (AFP/Katie SCHUBAUER)

Justin Trudeau "est en train de déchirer le pays" avec sa taxe carbone, déplore à la veille des élections fédérales une électrice de la province de la Saskatchewan, fief du conservateur Andrew Scheer: au Canada, le fossé se creuse entre partisans du pétrole et défenseurs de l'environnement.

Les libéraux de Justin Trudeau et leurs rivaux, les conservateurs d'Andrew Scheer, sont au coude-à-coude au niveau national avant les législatives de lundi, mais dans les provinces des prairies, Saskatchewan et Alberta où le pétrole est roi, on est en territoire acquis aux conservateurs.

"J'aimerais voir la production de pétrole et de gaz prospérer alors que Trudeau essaie d'y mettre fin", déplore Sarah Wall, une retraitée de 71 ans qui vit dans la circonscription de M. Scheer, en banlieue de Regina, la capitale de la province.

La Saskatchewan n'est pas la principale province pétrolière canadienne, ne représentant que 12% de la production, contre 80% pour l'Alberta, mais l'industrie pétrolière joue un rôle important dans l'économie de la province.


Le site d'exploitation de sables bitumineux de Syncrude près de Fort McMurray, au Canada, le 27 avril 2015 (Getty/AFP/Archives/Ian Willms)

Nombre de ses habitants, tout comme leurs voisins albertains, reprochent au Premier ministre Trudeau sa taxe carbone, que M. Scheer a promis d'abolir dès son arrivée au pouvoir s'il l'emportait lundi.

Ils accusent aussi le Premier ministre sortant de n'en avoir pas fait assez pour sortir l'industrie de la crise provoquée par la baisse des cours du pétrole, même s'il a nationalisé l'oléoduc Trans Mountain, une décision qui pourrait lui coûter des voix dans le reste du pays.

Pour Mme Wall, "Trudeau est en train de déchirer le pays, car l'ouest et l'est s'affrontent".

-Greta au pays de l'or noir-

L'Alberta et la Saskatchewan vivent en effet très mal la ferme opposition de l'est du Canada et de leur voisine de l'ouest, la Colombie-britannique, à la construction de nouveaux oléoducs, indispensables selon les autorités locales pour exporter leur pétrole sur les marchés internationaux.


Le chef du parti conservateur Andrew Scheer lors d'un débat électoral à Montréal, Canada, le 2 octobre 2019 (AFP/Archives/Sebastien ST-JEAN)

Les voisins de Mme Wall, Peter et Daisy Popkie, ne cachent pas non plus que le pétrole est la principale raison de leur soutien aux conservateurs de M. Scheer. "Il est plus sensible aux besoins de l'industrie pétrolière ici dans l'ouest", fait valoir M. Popkie.

Leur fils fait des études de géologie et se prépare à travailler dans l’industrie pétrolière en espérant que la situation sera meilleure que sous le gouvernement actuel. "Nous voulons qu'il ait un emploi quand il aura terminé ses études. Nous avons besoin d'emplois dans l'ouest", insiste Daisy Popkie.

Pour Andrew Spagrud, PDG d'une entreprise liée au pétrole, Villanova Energy, le choix du bulletin de vote lundi est "évident".

"Nous sommes dans un cycle où l'industrie (du pétrole) est en mauvais état. La réglementation handicape notre industrie par rapport à nos concurrents", plaide l'homme d'affaires.

Les conservateurs reprochent notamment à l'administration Trudeau d'avoir renforcé les dispositions réglementaires sur la construction de nouveaux oléoducs.

Le Canada possède les troisièmes réserves prouvées de pétrole au monde, situées principalement dans les sables bitumineux de l'ouest du pays.

La jeune militante suédoise Greta Thunberg, qui avait manifesté pour le climat avec des centaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal fin septembre, a aussi attiré plusieurs milliers de personnes vendredi à Edmonton, capitale de l'Alberta. Sa venue a fait grincer des dents chez les défenseurs des hydrocarbures.

Difficile de concilier les points de vue des défenseurs du pétrole et de ceux qui réclament des mesures urgentes contre le réchauffement climatique, souligne M. Spagrud.

"Il est difficile d'avoir des conversations avec ceux qui se trouvent de l'autre côté de ce fossé parce c'est quelque chose de personnel qui a un impact sur notre mode de vie, sur nos finances, sur notre économie ici et c'est essentiel", dit-il.

© 2019 AFP

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