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L'Inde mise sur la bouse de vache, une source d'énergie renouvelable prometteuse


Actualité publiée le 20/04/22 08:17
Un camion décharge du fumier collecté auprès d'agriculteurs pour alimenter une centrale biomasse, le 4 mars 2022 à Indore, en Inde
Un camion décharge du fumier collecté auprès d'agriculteurs pour alimenter une centrale biomasse, le 4 mars 2022 à Indore, en Inde (AFP/Gagan NAYAR)

Dans le nord de l'Inde, une centrale biomasse transforme fumier et bouse de vache en énergie, dans le cadre d'un projet pilote qui entend contribuer à réduire la pollution atmosphérique tout en bénéficiant aux fermiers de la région.

Les foyers des communautés rurales en Inde utilisent depuis toujours comme combustibles les bouses et le fumier, qu'ils font sécher en galettes au soleil.

Cette pratique polluante a perduré malgré les efforts du gouvernement pour l'éliminer progressivement et la remplacer par des bouteilles de gaz subventionnées.

Des galettes de fumier sèchent dans une ferme laitière du village de Mayakhedi, à la périphérie d'Indore, en Inde, le 4 mars 2022
Des galettes de fumier sèchent dans une ferme laitière du village de Mayakhedi, à la périphérie d'Indore, en Inde, le 4 mars 2022 (AFP/Gagan NAYAR)

Les villages de la périphérie d'Indore, capitale de l'État du Madhya Pradesh, peuvent désormais tirer profit de leur fumier, grâce au projet pilote d'une centrale biomasse qui s'en sert pour fournir de l'énergie à la ville.

"Nous avons une bouse de très bonne qualité, et nous la conservons propre pour nous assurer qu'elle rapporte le meilleur prix", explique à l'AFP l'agriculteur Suresh Sisodia.

– "Argent du fumier" –

Son exploitation compte parmi les nombreux bénéficiaires du projet dit "Gobardhan", "argent du fumier" en hindi, né avec la centrale biomasse dans le voisinage.

Un agriculteur travaillant dans sa ferme laitière du village de Mayakhedi, à la périphérie d'Indore, en Inde, le 4 mars 2022
Un agriculteur travaillant dans sa ferme laitière du village de Mayakhedi, à la périphérie d'Indore, en Inde, le 4 mars 2022 (AFP/Gagan NAYAR)

Elle a été inaugurée par le Premier ministre Narendra Modi en personne en février dernier.

Le fermier de 46 ans tire 218 euros par camion de fumier frais destiné à la centrale, soit plus que le revenu mensuel moyen d'un foyer agricole en Inde.

L'exploitation de M. Sisodia compte 50 têtes de bétail. Il compense occasionnellement ses coûts en vendant du fumier comme engrais, mais il espère désormais une source de revenus plus durable.

"Les agriculteurs le ramassent une fois tous les six ou douze mois, et certaines saisons, ils ne le font pas. Mais la centrale pourrait nous fournir un revenu régulier", dit-il, ajoutant que sa ferme produit suffisamment de fumier pour remplir un camion toutes les trois semaines.

Des camions arrivent dans une ferme laitière pour collecter du fumier le 4 mars 2022 à Mayakhedi, près d'Indore, en Inde
Des camions arrivent dans une ferme laitière pour collecter du fumier le 4 mars 2022 à Mayakhedi, près d'Indore, en Inde (AFP/Gagan NAYAR)

Les excréments de son bétail sont transportés jusqu'à la centrale qui les mélange à des déchets ménagers pour produire du méthane inflammable et un résidu organique qui peut retourner dans les fermes comme engrais.

À terme, la centrale devrait traiter 500 tonnes de déchets par jour, dont au moins 25 tonnes d'excréments de bovins, ce qui suffirait à alimenter le système de transport public d'Indore, avec un surplus considérable.

– "Garanties de paiement" –

"Une moitié alimentera les bus d'Indore et l'autre moitié sera vendue à des clients industriels", a affirmé à l'AFP le patron de la centrale, Nitesh Kumar Tripathi.

Un camion décharge des déchets humides collectés dans la ville pour la production de biogaz dans une unité de prétraitement de l'usine de bio-GNC (gaz naturel comprimé) d'Indore, le 5 mars 2022
Un camion décharge des déchets humides collectés dans la ville pour la production de biogaz dans une unité de prétraitement de l'usine de bio-GNC (gaz naturel comprimé) d'Indore, le 5 mars 2022 (AFP/Gagan NAYAR)

Le projet "Gobardhan" s'est heurté à maints obstacles, comme le mauvais état des routes dans cette zone rurale, rendant difficile l'accès des camions aux fermes où collecter le combustible naturel.

Les agriculteurs se sont d'abord montrés suspicieux, redoutant qu'il s'agisse d'un plan d'enrichissement sur leur dos. Ils ont ensuite exigé des "garanties de paiements rapides et réguliers" avant de s'engager, a déclaré Ankit Choudhary, en charge des fournisseurs potentiels qu'il sollicite dans les villages.

Le gouvernement de M. Modi fonde de grands espoirs sur cette initiative et s'est engagé à installer 75 autres centrales biomasse au cours des deux prochaines années.

L'exploitation de sources d'énergies alternatives est une nécessité urgente pour le pays qui dépend du charbon afin de satisfaire près des trois quarts des besoins énergétiques de 1,4 milliard d'habitants.

Les villes indiennes sont parmi les centres urbains les plus pollués du monde. La pollution atmosphérique est responsable de plus d'un million de décès par an en Inde.

Des employés de la centrale biomasse d'Indore, en Inde, le 5 mars 2022
Des employés de la centrale biomasse d'Indore, en Inde, le 5 mars 2022 (AFP/Gagan NAYAR)

– Errance des vaches sacrées –

"Gobardhan" ne manque pas de séduire les nationalistes hindous, principal électorat de M. Modi, et tous ceux pour qui les vaches sont sacrées.

Sous leur houlette, des "justiciers des vaches" ont décimé les abattoirs de bovins qui appartenaient généralement à des musulmans et lynché quiconque était soupçonné de contribuer à leur abattage.

Mais ces politiques religieuses centrées sur les bovins ont eu pour conséquence l'abandon des vaches qui ne donnent plus de lait et qui errent désormais partout dans le pays.

Les partisans du gouvernement, comme Malini Laxmansingh Gaur, ancienne maire d'Indore, espèrent que ces centrales biomasse inciteront les agriculteurs à conserver leurs vaches.

"Ce revenu supplémentaire permettra à la fois d'assainir les villages et de lutter contre l'errance des bestiaux", assure-t-elle à l'AFP.

© 2022 AFP

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