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L'industrie en Ukraine, autre grande victime de la guerre


Actualité publiée le 28/09/22 10:06
Un employé devant le haut fourneau du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine
Un employé devant le haut fourneau du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine (AFP/Genya SAVILOV)

Dans le gigantesque complexe ArcelorMittal de Kryvyï Rig (Sud), trois des quatre hauts fourneaux sont à l'arrêt, tout comme la mine de fer et le reste tourne au ralenti. En Ukraine, la guerre frappe l'industrie, poumon de l'économie nationale.

Le dernier haut fourneau en activité, immense cathédrale de métal qu'enserrent de colossaux tuyaux, est en activité réduite lors de la venue de l'AFP.

Une poignée d'ouvriers se relaie autour d'une petite rivière de métal rougeoyant.

Dans un autre hangar de ce site de 70 km2, grand comme les deux tiers de la ville de Paris, des billettes, grosses poutres d'acier carrées, sortent sur un vaste tapis roulant.

Mais deux autres installations similaires attendent en silence, un peu plus loin, que le travail reprenne.

Plus grand site "intégré" d'Ukraine, comprenant une mine de fer et une aciérie, le complexe de Kryvyï Rig est un joyau national, acheté en 2005 par ArcelorMittal pour 4,85 milliards de dollars.

Ses produits ont permis l'édification de Burj Khalifa, plus haut gratte-ciel du monde, à Dubaï.

Mais depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février, le complexe connaît un énorme coup de frein.

D'abord arrêté pendant un mois, alors que les troupes russes étaient aux portes de Kryvyï Rig, il a ensuite redémarré, à un rythme bien moins élevé.

Fin août, la production atteignait "entre 15 et 20%" de ce qu'elle était sur les huit premiers mois de 2021, estime Artem Filipiev, le directeur adjoint du site.

- Casse-tête logistique -

"Nous maintenons le site en marche, c'est notre mission", affirme-t-il. Quand 2.000 des 22.000 salariés luttent au sein de l'armée ukrainienne, et 17 ont été tués, "il ne s'agit pas seulement de profit" mais de "responsabilité sociale".

Des employés travaillent sur une marchine à coulée continue au complexe ArcelorMittal de Kryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine
Des employés travaillent sur une marchine à coulée continue au complexe ArcelorMittal de Kryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine (AFP/Genya SAVILOV)

Or les défis sont multiples, pour toute industrie ukrainienne, en temps de guerre. Maintenir ses approvisionnements, garder ses clients, livrer ses produits...

"Parce que les ports de la mer Noire sont fermés, et les industries métallurgiques de Marioupol étaient parmi les principales consommatrices de notre minerai de fer, celles de Zaporijjia (Sud) ayant aussi ralenti leur activité, nos mines de fer sont à l'arrêt", tout comme "nos entreprises métallurgiques", regrette Serguiï Milioutine, le maire adjoint de Kryvyï Rig, où six énormes complexes, dont ArcelorMittal, font vivre la ville.

En envahissant le sud-est ukrainien, Moscou a pris le contrôle de ports majeurs, notamment ceux de Marioupol et Berdiansk.

Dans le sud-ouest, ceux d'Odessa et Tchornomorsk sont encore sous bannière ukrainienne, mais la Russie n'a permis leur utilisation ces derniers mois que pour des exportations de céréales, sous forte pression internationale.

des billettes, grosses poutres d'acier carrées, sortent sur un tapis roulant augigantesque complexe ArcelorMittal de Kryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine
des billettes, grosses poutres d'acier carrées, sortent sur un tapis roulant augigantesque complexe ArcelorMittal de Kryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine (AFP/Genya SAVILOV)

ArcelorMittal Kryvyï Rig, qui exporte 85% de ses produits, passe désormais par le rail et le transport fluvial pour ses livraisons, principalement via la Pologne et la mer Baltique, à moindre mesure par la Roumanie, selon son directeur.

Mais les coûts sont "multipliés par deux ou trois" pour les producteurs d'acier, ce qui est d'autant moins tenable que la demande et les prix mondiaux pour cet alliage sont en berne, estime Marina Bozkurt, analyste pour le cabinet Rystad.

- Prendre ou détruire -

Les difficultés ne sont pas que logistiques. Le pilonnage des mois durant de l'aciérie Azovstal de Marioupol, dans laquelle l'armée ukrainienne était retranchée, a montré que ces infrastructures pouvaient protéger les troupes de Kiev mais aussi être anéanties.

Des employés devant le haut fourneau du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine
Des employés devant le haut fourneau du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine (AFP/Genya SAVILOV)

Début septembre, le centre Kyiv School of Economics estimait à 422 le nombre d'industries et d'entreprises ukrainiennes endommagées ou détruites par la guerre, pour une perte de 30 milliards de dollars.

Alors que l'industrie minière et la transformation représentaient 17% du PIB de l'Ukraine en 2021, celui-ci s'étant effondré de 37% au deuxième trimestre 2022 par rapport à l'an passé, l'industrie est "une composante de la sécurité économique du pays", rappelle Dmytro Goriounov, du Centre de la stratégie économique.

C'est pourquoi l'armée russe la pilonne, estime Anatoli Kovaliov, le recteur de l'université nationale d'économie d'Odessa.

Des employés du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine
Des employés du complexe ArcelorMittal de Rryvyï Rig, le 21 septembre 2022 dans le sud de l'Ukraine (AFP/Genya SAVILOV)

"Après trois jours de Blitzkrieg ratée, les Russes ont compris qu'ils ne prendraient pas notre pays, alors ils ont décidé de le détruire", analyse ce docteur ès sciences économiques.

Et M. Kovaliov d'envisager déjà "5 à 8 années" de reconstruction, une fois la guerre remportée par les siens. "Il nous faudra un plan Marshall".

© 2022 AFP

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6 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

floalain
28/09/22 11:01
Qui va payer le plan Marshall des Ukrainiens, certainement pas les Européens qui sont surendettés quand aux EU???
Dubaisan
28/09/22 13:04

Faut pas rêver; L' Europe paiera parce que les USA l'ont décidé.

JCLAUDIO
28/09/22 13:41
Les USA seront les gagnants.....comme d'habitude....Ils fourniront les capitaux et les matériaux pour la reconstruction,laissant quelques miettes non juteuses,aux européens qui seront une fois de plus les Dindons de la Farce et cela s'adresse particulièrement à la France .......
syjo
28/09/22 13:45

Poutine fait la guerre à l'europe par l'ukraine interposée.(sont ils de mèche?) en tout cas tous les russes qui demandent asile en europe sous ce prétexte, font en fait une invasion qui ne dit pas son nom,et sans tirer un coup de feu ! Les pays baltes l'ont bien compris.

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