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La fin du gel des licenciements agite les esprits en Italie


Actualité publiée le 15/06/21 12:18

Le président du Conseil italien Mario Draghi, lors d'une conférence de presse au sommet européen social de Porto, le 8 mai 2021 (POOL/AFP/Archives/Francisco Seco)

Les syndicats redoutent un "tsunami social", les partis de gauche "une hécatombe pour l'emploi": la prochaine fin de l'interdiction de licenciements en Italie, censée contrer les effets de la pandémie de coronavirus, met à rude épreuve le gouvernement hétéroclite dirigé par Mario Draghi.

Ce dernier avait pourtant prévenu dès sa prise de fonctions en février que "le gouvernement doit protéger tous les travailleurs, mais ce serait une erreur de protéger indistinctement toutes les entreprises". Selon lui, "il faut faire des choix".

La Commission européenne s'en est mêlée début juin pour dénoncer un système unique en Europe qui s'avère "contreproductif", dans la mesure où il protège les salariés à contrat indéterminé mais "pas les travailleurs précaires", pour la plupart des jeunes et des femmes.


Des clients à la terrasse d'un café qui rouvre près de la cathédrale de Milan en Italie, le 26 avril 2021 (AFP/Miguel MEDINA)

En France et en Allemagne, pays qui n'ont pas recouru au gel des licenciements mais ont financé le chômage partiel, les effets de la pandémie de Covid-19 sur l'emploi ont été moindres qu'en Italie, a fait valoir Bruxelles.

A priori, le gel des licenciements doit expirer fin juin pour les grandes entreprises, surtout dans la construction et l'industrie, et fin octobre pour les petites et moyennes entreprises, notamment dans les services.

- Le gouvernement divisé -

La coalition au pouvoir est divisée sur la question: si l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (M5S) milite, à l'instar des syndicats, pour une nouvelle prolongation généralisée de l'interdiction de licencier, la Ligue de Matteo Salvini, parti d'extrême droite, réclame "la liberté d'embaucher" pour les entreprises.


Le ministre du Travail italien, Andrea Orlando, lors d'une conférence de presse à Rome le 19 mars 2021 (POOL/AFP/Archives/Alberto PIZZOLI)

Le ministre du Travail Andrea Orlando, membre du Parti démocrate (centre gauche) s'est hasardé en mai à annoncer devant la presse une extension du blocage des licenciements sous certaines conditions jusqu'à fin août, avant de faire marche arrière sous la pression du patronat italien.

Une solution pourrait passer par une prolongation "sélective" du gel pour certains secteurs très fragilisés comme le textile, telle que proposée par le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti, membre de la Ligue.

Faut-il pour autant s'attendre à une avalanche de licenciements?

"Non, les estimations les plus réalistes parlent de 70.000 à 100.000 licenciements, ce n'est certes pas négligeable, mais ce n'est pas énorme", relativise auprès de l'AFP Francesco Seghezzi, président de la Fondation Adapt, spécialisée dans la recherche sur le monde du travail.

Des estimations qui restent nettement en dessous des craintes des syndicats qui redoutent "un million de chômeurs supplémentaires", alors que la Banque d'Italie a estimé à 440.000 le nombre de postes sauvés en 2020 grâce au blocage des licenciements.


Rassemblement de petits entrepreneurs frappés par les restrictions liées à la crise sanitaire, le 13 avril 2021 à Turin (AFP/Archives/MARCO BERTORELLO)

"L'Italie a été l'un des premiers pays où la pandémie s'est répandue massivement, ce qui a généré une telle peur" que l'ancien gouvernement dirigé par Giuseppe Conte "a opté pour une fermeture généralisée de l'économie et donc un gel des licenciements" dès fin février 2020, explique M. Seghezzi.

- 'Miracle économique' -

Malgré l'interdiction en vigueur, 550.000 licenciements ont eu lieu en 2020, car ceux liés à des problèmes disciplinaires ou la fermeture d'entreprises n'ont pas été bannis. S'y ajoutent des centaines de milliers de travailleurs précaires dont le contrat n'a pas été renouvelé.

Au total, près d'un million de postes de travail ont été rayés de la carte en 2020 en Italie.

Le taux de chômage a atteint 10,4% au premier trimestre, au plus haut depuis début 2019. Dans la catégorie des jeunes entre 15 et 24 ans, ce taux grimpe même à 39,2% pour les femmes et 32,7% pour les hommes.


Des offres d'emploi publiées dans les journaux à Naples (AFP/Archives/CONTROLUCE)

Mais certains secteurs comme l'industrie manufacturière et la construction ont du mal à recruter, faute de main-d'oeuvre qualifiée. Près d'1,3 million de postes, dont la plupart toutefois temporaires, sont à pourvoir entre juin et août, selon l'Union des chambres de commerce (Unioncamere).

La Confindustria, principale organisation patronale du pays, se montre optimiste, tablant sur une croissance économique d'environ 5% en 2021, un pronostic partagé par la Banque d'Italie. Son président Carlo Bonomi estime que "les conditions pour un petit miracle économique sont réunies".

© 2021 AFP

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2 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

j.tavern
15/06/21 14:12
Depuis début 2020 covid-19 (isauf pays UE pragmatique) le seul remède de sidération idiot prodigué par le(s) conseil scientifique bidon absurde du Moyen Age, n' était plus la saignée mais le : "Restez chez vous". Maintenant face aux dégâts constatés quotidiens croissants sur les populations, en santé physique et/ou mentale et économiques, après les enfermements subis une solution non imbécile serait = reporter la fin du gel des licenciements agite les esprits en Italie entre autre?
doudouvieux
15/06/21 15:24

Vouloir geler les licenciements est du même ordre que d'interdire au cancer d'exercer ses méfaits sur le corps humain :

- soit l'entreprise traverse une phase difficile provoquée par la défaillance d'un gros client, une mauvaise gestion...et un redressement est envisageable une fois le problème identifié et la mise en place d'une stratégie adaptée ;

- soit le mal est bien plus profond...polypathologique et vouloir sauvegarder des emplois n'a pas de sens, dans ce cas.

Mais les braves gens de la gauche, étrangers à des analyses économiques simples , ne peuvent le comprendre.


Maintenant , on ne peut reprocher aux salariés concernés d'être angoissés et de vouloir rester salariés à tout prix.

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