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La viande en accusation: et pourtant la filière se décarcasse


Actualité publiée le 29/06/17 16:48

Une manifestante de l'association L214 qui réclame la fermeture de tous les abattoirs, à Paris, le 10 juin 2017 (AFP/Archives/GEOFFROY VAN DER HASSELT)

Souffrance des animaux d'élevage, surconsommation d'antibiotiques, rappel de steaks hachés contaminés: le secteur de la viande est fréquemment mis en accusation médiatique, malgré les efforts de la filière pour répondre aux attentes des consommateurs.

Hasard du calendrier ou stratégie médiatique? Jeudi, l'association anti-élevage L214 a diffusé une nouvelle vidéo dénonçant les difficiles conditions de vie des porcs de deux élevages bretons liés à la marque de pâté Henaff, le jour où une association concurrente, CIWF, publiait son palmarès annuel du bien-être animal.

D'un côté, des images de porcelets sanguinolents entassés, morts, dans un chariot rouillé, et des gros plans sur des flacons d'antibiotiques, alimentant les inquiétudes sur la qualité réelle de la viande issue de ces élevages.

De l'autre, des prix récompensant des groupes agroalimentaires ou des enseignes de la grande distribution comme Franprix, Leader Price, Système U ou Monoprix, pour s'être engagés à arrêter la vente de lapins élevés en cage, ou d'oeufs de poule en cage.

Ouvertement anti-viande, L214, qui multiplie les opérations chocs, a défilé à la mi-juin à Paris pour demander la fermeture de tous les abattoirs, attirant plus de 3.000 personnes vêtues de rouge.

En face, CIWF (Compassion in World Farming), née il y a 50 ans en Grande-Bretagne, ne présente pas un positionnement aussi radical. Elle lutte contre l'élevage industriel et fait la promotion d'un élevage "plus respectueux des animaux, des hommes et de la planète".

Les trophées qu'elle décerne chaque année depuis 10 ans sont destinés à "accompagner" les acteurs de l'agroalimentaire dans leurs démarches "visant à améliorer le bien-être des animaux d'élevage", indique l'association.

Parallèlement aux actions de ces associations, les témoignages sur le monde terrible et secret des abattoirs ou sur les bienfaits supposés d'un mode de vie totalement vegan s'accumulent en librairie, alimentant la suspicion sur la viande.

Une impression renforcée par les fréquents rappels de lots de viande contaminés par les bactéries. Jeudi c'était au tour des abattoirs bovins VF (groupe Castel) de rappeler un lot de steak haché.

- Erosion de la consommation -

Et la consommation de viande, en Europe et en France, subit une érosion certaine, alors qu'elle augmenterait plutôt dans les pays en voie de développement, souligne Philippe Chotteau, économiste à l'Institut de l'élevage (Idele), interrogé par l'AFP.

Autre coup pour la filière, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'agence cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la viande transformée, essentiellement la charcuterie, dans la catégorie des agents "cancérogènes pour l'homme".

Du coup, toute la filière "viande" en France se sent remise en cause.

La filière bovine s'est inquiétée la première. Pendant quatre ans, elle a mené de discrètes discussions avec des associations environnementales pour parvenir à un "pacte" dans lequel elle s'engage à améliorer ses pratiques, mais où les associations reconnaissent le bienfait de son existence pour l'environnement (élevage extensif, prairie, alimentation produite sur place...).

L'interprofession porcine, qui rassemble éleveurs, abatteurs et distributeurs, a pour sa part lancé en juin une démarche appelée "Porc, respect et confiance" avec la mise en place d'indicateurs objectifs pour pouvoir évaluer ses pratiques, un réseau de sentinelles parmi les techniciens qui visitent habituellement les élevages, et des travaux de recherche sur les nouvelles pratiques d'élevage.

Au-delà des efforts qu'ils font, les agriculteurs se rendent compte qu'ils doivent aussi communiquer sur leurs bonnes pratiques pour ne pas laisser le champ aux associations abolitionnistes.

"Il faut mieux expliquer nos pratiques sinon ce sont ces vilaines images qui restent dans l'oeil du consommateur", confirme à l'AFP Rachel Rivière d'Inaporc.

Ainsi, la lutte contre la surconsommation d'antibiotiques dans le domaine animal, menée sous l'égide de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), a enregistré de premiers progrès.

Entre 2012 et 2015, l'exposition des animaux aux antibiotiques, toutes espèces animales et toutes familles d'antibiotiques confondues, a chuté de 20,1% par rapport à 2011, selon le ministère de l'Agriculture.

© 2017 AFP

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