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Le compromis de l'Opep, trop "vague" pour faire reculer les prix


Actualité publiée le 23/06/18 11:17

Le ministre saoudien de l'énergie Khaled al-Faleh et son homlogue russe Alexander Novak lors d'une réunion à Djeddah, en Arabie Saoudite, le 20 avril 2018 (AFP/Amer HILABI)

L'accord de hausse mondiale de production que l'Opep doit valider samedi avec ses partenaires est jugé trop "vague" et trop timide pour peser significativement sur les cours, malgré les injonctions de Donald Trump de faire baisser les prix pétroliers pour l'été.

Souhaité par l'Arabie saoudite et la Russie, qui se réunira avec le cartel à la mi-journée à Vienne, l'accord conclu vendredi a été marqué par les concessions faites à l'Iran, hostile à une augmentation trop marquée de la production alors que Téhéran est frappé par les sanctions américaines.

Signe du scepticisme des investisseurs, le pétrole a clôturé en hausse vendredi soir, le Brent européen bondissant de 2,50 dollars à 75,55 dollars à Londres tandis que le WTI américain grimpait de 3,04 dollars à 68,58 dollars à New York.

"Si l'objectif était de faire baisser les prix du brut, ce n'est pas une réussite", remarque Joe McMonigle, analyste chez Hedgeye.

Alors que les prix du brut ont plus que doublé en deux ans et que la demande augmente, Washington, Moscou et Ryad craignent une surchauffe du marché.

La crainte des investisseurs est même de voir l'offre mondiale potentiellement reculer, alors que l'industrie vénézuélienne continue de s'effondrer et que Washington a dénoncé l'accord nucléaire avec l'Iran, soumettant Téhéran à de lourdes sanctions.

- Million invisible -

"L'Arabie saoudite voulait répondre aux inquiétudes des clients, notamment des pays émergents, qui voyaient avec inquiétude grimper les prix", rappellent dans une note les analystes de Saxo Bank.

Mais l'accord conclu vendredi par le cartel, lié depuis fin 2016 par un pacte de limitation de la production, est resté trop "vague", relèvent plusieurs analystes, et les estimations du nombre de barils qui arriveront effectivement sur le marché divergent.

En pratique, les 14 membres de l'Organisation ont décidé, après des négociations tendues, de conserver l'objectif de limitation de la production du groupe, mais d'effacer les objectifs par pays.

L'Arabie saoudite peut ainsi affirmer que l'offre mondiale augmentera puisque les pays pouvant augmenter leurs extractions compenseront les maux de leurs partenaires peinant à atteindre leurs quotas, comme le Venezuela. Ryad n'a pas hésité à évoquer une hausse d'"un million" de barils par jour, équivalant à environ 1% de la production mondiale.

L'Iran, dont les capacités de production et des exportations sont limitées, a pour sa part pu sauver la face en assurant que le consensus dégagé vendredi correspondait à ce qu'il avait "proposé et accepté", à savoir "respecter l'accord à 100%, rien de plus".

Mais "les investisseurs espéraient une mesure plus agressive", avec une hausse chiffrée des objectifs de production, note Pablo Shah, analyste chez CEBR.

Car le chiffre d'un milion de barils évoqué par le ministre saoudien du Pétrole, Khaled al-Faleh, est absent du texte final de l'Opep.

Or les Saoudiens "avaient vraiment insisté sur ce chiffre d'un million de barils par jour, en en faisant la pub toute la semaine", rappelle M. McMonigle.

- "Adoucir les prix" -

Le compromis doit être validé dans la foulée samedi par les dix partenaires de l'Opep, dont la Russie.

Depuis début 2017, les 24 pays de ce groupe représentant plus de la moitié de la production mondiale limite leurs extractions, une mesure qui a contribué à relancer les cours du brut.


Production de pétrole de l'Opep et de la Russie (AFP/Sabrina BLANCHARD)

Mais la hausse du prix de l'essence inquiète dans les plus grandes économies, et le président américain Donald Trump a régulièrement critiqué l'Opep ces dernières semaines, l'accusant de ne pas agir.

"J'espère que l'Opep va augmenter son débit de manière significative. Il faut garder les prix bas !" a encore tweeté M. Trump vendredi, au moment où l'Organisation publiait sa décision.

"Juste avant les élections (de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre), il est dans la pire situation possible. Il a baissé drastiquement les impôts, mais la mesure se perd complètement à la pompe" pour le consommateur américain, explique à l'AFP Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.

Si les prix ont réagi violemment à court terme, certains observateurs restent prudents.

"L'offre créée par l'Opep va répondre à la hausse traditionnelle de la demande au troisième trimestre", correspondant aux départs en vacances, estiment les analystes de Wood McKenzie, qui prévoient donc que les prix restent stables.

"L'accord pourrait bien adoucir les prix de l'essence, ce qui sera le bienvenu pour les pays d'Europe ou d'Amérique du Nord, où la consommation aurait pu commencer à être affectée", commente M. Shah de CEBR.

© 2018 AFP

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