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"C'est un pari pour l'avenir !": dans les Vosges frappées par la sécheresse, Jean-Luc Bernard cultive sur une centaine d'hectares une plante prometteuse, la silphie, bien moins gourmande en eau et en produits phytosanitaires que le maïs ou le soja, pour l'alimentation de ses vaches et la méthanisation.
Sur un champ de la vallée de Dompaire, la silphie, plantée l'an dernier, affiche ses hautes tiges à côté d'une parcelle de maïs à la peine, écrasée par le soleil. "Le maïs est grillé...", soupire Amédée Perrein, gérant du négoce agricole vosgien HADN.
Plante vivace pouvant atteindre 3,50 m de hauteur et originaire d'Amérique du nord, la silphie poussait en France jusque dans les années 1960-1970, avant d'être progressivement délaissée. Surtout destinée à la méthanisation (un procédé de valorisation des effluents d'élevage qui, mélangés à des végétaux, produisent du biogaz puis de l'électricité), elle intègre aussi l'alimentation des ruminants.
C'est en Allemagne, qui compte 6.000 hectares de culture, que M. Perrein a déniché les semences de cette plante "aux avantages phare".
En 2019, 160 hectares ont été semés dans les Vosges, en Haute-Saône et Haute-Marne, puis 750 hectares cette année dans 29 départements. Unique distributeur en France des graines de silphie, propriétés de deux groupes agricoles allemands, le négoce de M. Perrein dispose de semences pour 3.000 hectares à mettre en terre l'année prochaine.
"C'est une plante écologique !", s'enthousiasme M. Perrein, rappelant qu'elle n'a pas besoin d'être irriguée grâce à ses racines qui se développent jusqu'à 2 m de profondeur, au plus près des nappes phréatiques.
Semée une seule fois, la plante aux grandes fleurs jaunes se développe chaque année entre le printemps et l'été et ne demande plus guère d'attention pendant au moins quinze ans. "C'est une économie de charge pour l'agriculteur", qui, outre une fertilisation annuelle, n'a plus ni semis, ni labour, ni traitements phytosanitaires à réaliser après la première année, souligne Noémie Choffel, conseillère en agronomie à la chambre d'agriculture des Vosges.
- Pas une plante "miracle" -
Jean-Luc Bernard, éleveur de bovins, a déjà planté 114 hectares de silphie et prévoit de la semer sur l'ensemble de ses parcelles d'ici à 2021. L'agriculteur de 52 ans a récemment installé un méthaniseur à Dompaire.
Le coût d'implantation de la silphie - 3.600 euros par hectare - ne l'a pas découragé. "Pour le prix d'un tracteur, on plante de la silphie sur plus de cinquante hectares !", s'exclame-t-il, énumérant les économies en temps de travail réalisées au fil des années.
"On ne peut pas présenter la silphie comme une culture de demain pour remplacer le maïs, elle reste sensible au manque d'eau", nuance Marielle Stimpfling, conseillère en grandes culture à la Chambre d'agriculture d'Alsace, région où la plante s'épanouit sur une cinquantaine d'hectares.
Entre l'absence de pluie au printemps et la sécheresse estivale, un apport en eau est nécessaire, "sinon elle ne va rien donner", selon la conseillère.
"En période de sécheresse, la silphie fera moins de rendement qu'une belle année, mais elle fera du rendement par rapport aux autres" végétaux, rétorque M. Perrein.
"Ce n'est pas la plante miracle", reconnaît-il, mais une première coupe mi-juin "donne aux agriculteurs une sécurité de fourrage avant les gros coups" de sécheresse qui les contraignent à acheter de la paille, explique-t-il.
Pour les chambres d'agricultures des Vosges et d'Alsace, la teneur en protéines de la plante reste toutefois insuffisante pour remplacer le maïs ou même le soja.
"La silphie remplit la panse, fait ruminer les bêtes, mais ne leur donne pas beaucoup d'éléments énergétiques", prévient Mme Stimpfling, qui lui reconnaît cependant de nombreux avantages pour la méthanisation. "On a très peu de recul sur cette plante" dont la seule littérature à l'heure actuelle date des années 1970, rappelle-t-elle aussi.
Autour des grands pétales jaunes de la silphie bourdonnent les abeilles d'une quinzaine de ruches, installées par un apiculteur au bord de la parcelle ce qui réjouit M. Perrein : "C'est une plante très mellifère et un abreuvoir pour les insectes et les oiseaux avec ses feuilles en coupole qui retiennent l'eau."
© 2020 AFP
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mariusb
14/08/20 13:46
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Si ça demande peu de boulot et pas de produits chimiques, ça peut être rentable sans subventions pour le peu que ça se vende. Si ça se méthanise et que ça nourrit les annimaux, ça devrait se vendre même si ce n'est pas aussi bien que l'orge pour l'alimentation animale. |
cosmo2
14/08/20 16:20
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On aura tous remarqué les nuances apportées par les fonctionnaires des chambres de l'agriculture. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que cette affaire ne va pas prendre |
mariusb
14/08/20 16:25
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Pourquoi c'est simple. Les fonctionnaires des chambres d'agriculture sont en conflit d'intérêt. Ils n'ont pas envie d'une culture qui demande peu de matériel agricole et peu de produits chimiques. Ils mettent donc en avant des défauts qui existent certainement mais qui ne sont pas la vraie raison. Le simple fait que des fonctionnaires décident de cultiver ou pas ce truc est symptomatique d'un problème : l'agriculture est-elle libérale ou étatique ? Si elle est étatique, il faut exproprier les propriétaires terriens et cesser de leur verser leur rente. Si elle est libérale, les fonctionnaires n'ont pas à décider de ce qu'il faut faire pousser, qu'on laisse le marché décider de ce qu'il veut. |
cosmo2
14/08/20 16:37
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Nous sommes d'accord |
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