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Liban: des banques essuient la colère populaire lors de heurts nocturnes


Actualité publiée le 15/01/20 13:51

Porte d'une banque à Beyrouth le 15 janvier 2020, vandalisée par des manifestants la veille (AFP/ANWAR AMRO)

La colère populaire s'est exprimée contre le secteur bancaire au Liban, pays englué dans une crise économique et une impasse politique sans issue en vue.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir devant la Banque centrale dans le quartier de Hamra à Beyrouth.

La veille, la police y avait fait usage de lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants alors que des banques ont été vandalisées.

"A bas le règne de la banque" ou encore "Riad Salamé a provoqué la faillite du Liban", en allusion au gouverneur de la Banque centrale, scandaient les mercredi soir les manifestants alors que les forces de sécurité et l'armée ont imposé de strictes mesures de sécurité dans le secteur.

Armés de pavés ou d'extincteurs, arrachant les panneaux de signalisation pour les utiliser comme bélier, les contestataires s'en étaient pris mardi soir aux distributeurs et aux vitrines de plusieurs établissements dans le même quartier.

Les heurts ont fait une quarantaine de blessés dont des policiers, selon la Croix-Rouge libanaise. Les forces de sécurité ont annoncé 59 arrestations.

Les manifestants se sont dirigés plus tard dans la soirée vers le commissariat de Hélou, dans un autre secteur de la capitale, pour réclamer la libération de tous les détenus, dont certains avaient déjà été relâchés.

Des manifestants ont de nouveau coupé des routes dans plusieurs régions du pays. Notamment à Beyrouth où ils ont bloqué un important carrefour du centre-ville, en incendiant des bennes à ordure et des tas de bois, a rapporté un photographe de l'AFP.

Le Liban qui vit depuis octobre au rythme d'une contestation inédite contre une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente et les banques, qui ont imposée de sévères restrictions aux déposants, cristallisent une grande partie de la colère.

Mercredi matin, des agents de nettoyage ramassaient les bris de verre devant les banques vandalisées la veille et tentaient d'effacer tags et graffitis. D'autres inspectaient les distributeurs abîmés.

"Le vandalisme n'est pas acceptable, mais je comprends la colère des gens qui sont éreintés", a réagi Alya, devant une banque.

"J'ai un malade à la maison, et je dois payer l'infirmier. Les restrictions qu'ils ont imposées nous rendent la vie impossible", a-t-elle encore commenté.

- "Acte barbare" -

En pleine pénurie du billet vert, utilisé au Liban au même titre que la monnaie nationale, les retraits sont limités à environ un millier de dollars par mois. Il est devenu quasi impossible d'effectuer des virements à l'étranger.

Dans les agences, les clients viennent retirer leur quota et les files d'attente s'allongent, avec des altercations entre clients et guichetiers.


Devant un bureau de changes à Tripoli, dans le nord du Liban, le 15 janvier 2020 (AFP/Ibrahim CHALHOUB)

Officiellement, la livre libanaise, indexée au billet vert depuis 1997, garde le même taux fixe de 1.507 livres pour un dollar. Mais, dans les bureaux de change, elle a perdu près de la moitié de sa valeur, grimpant parfois jusqu'à 2.500 livres pour un dollar.

Le Premier ministre sortant Saad Hariri, mais aussi le chef du Parlement Nabih Berri, ont fustigé un vandalisme "inacceptable". L'Association des banques du Liban a dénoncé des actes "barbares".

Les épargnants accusent les banques de prendre leur argent en otage et d'avoir permis aux politiciens et hauts fonctionnaires d'effectuer des virements à l'étranger.

La Banque centrale a annoncé qu'elle enquêtait sur des fuites de capitaux. Elle a aussi indiqué qu'elle voulait unifier et apporter une "couverture légale" aux restrictions draconiennes des banques.

"Nous venons dire non aux politiques financières, qui nous volent depuis des années et qui n'affectent que les petits déposants", explique Youmna Mroué, 22 ans, qui manifeste mercredi soir devant la Banque centrale.

"Nous sommes aujourd'hui dans un état d'effondrement, ce qui s'est passé la veille (actes de vandalisme contre les banques) est le résultat d'une vraie colère et une vraie douleur chez les gens", souligne-t-elle.

- "Chaos dangereux" -


Un protestataire tente de briser une vitrine d'une banque à Beyrouth, la capitale libanaise, le 14 janvier 2020 au soir (AFP/Marwan TAHTAH)

Après un essoufflement qui a coïncidé avec les fêtes de fin d'année, les manifestations populaires ont repris depuis samedi.

Mercredi des rassemblements ont eu lieu à Beyrouth mais aussi à Tripoli (nord) et à Nabatiyé (sud) notamment.

La situation est compliquée par l'impasse politique: depuis la démission fin octobre de Saad Hariri, son gouvernement, chargé des affaires courantes, est accusé d'inertie.

Hassan Diab, désigné comme son successeur le 19 décembre, n'est toujours pas parvenu à former son gouvernement, que la rue veut composé de technocrates indépendants, alors que les principaux partis politiques cherchent à préserver leur représentation.

Déplorant "des manifestations de plus en plus virulentes" et "une économie en chute libre", le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban Jan Kubis n'a pas mâché ses mots.

"Politiciens, ne faites pas des reproches aux gens, faites-les à vous-mêmes pour ce chaos dangereux", a-t-il écrit sur son compte twitter.

© 2020 AFP

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