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Néonicotinoïdes: le ministre de l'Agriculture veut assouplir l'interdiction


Actualité publiée le 26/06/17 09:47

Un apiculteur montre des abeilles mortes sur son site de production de miel à Campbon (Loire-Atlantique) le 9 juin 2009 Les néonicotinoïdes sont accusés d'être responsables notamment du déclin des abeilles (AFP/Archives/Frank PERRY)

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a donné raison lundi au ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, aux dépens de son collègue de l'Agriculture et confirmé l'interdiction des insecticides "tueurs d'abeilles".

Il a ainsi tranché le premier désaccord public au sein du nouveau gouvernement.

"Le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016. Cet arbitrage a été pris à l'occasion d'une réunion tenue à Matignon le 21 juin", a indiqué Matignon dans un communiqué, tout en précisant qu'un "travail est en cours avec les autorités européennes".

La législation française "n'est pas conforme avec le droit européen", avait déclaré plus tôt le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, sur RMC/BFMTV, interrogé à propos d'un "document de travail" datant également du 21 juin, obtenu par RMC.

Ce texte, portant sur une "trame de projet de loi", déplorait que "la réglementation française (aille) plus loin que ce qui est prévu par la réglementation" de l'UE.

Votée dans le cadre de la loi sur la biodiversité de 2016, l'interdiction des néonicotinoïdes, insecticides nocifs pour les abeilles, a été combattue par le monde agricole, en particulier les betteraviers, et fait l'objet d'âpres débats au Parlement.

Ces derniers ont apporté, avec les céréaliers, leur soutien à M. Travert, évoquant "une situation de distorsion de concurrence" vis-à-vis de leurs homologues européens et des pays tiers "ayant accès à ces molécules".

La mesure interdit cette catégorie de pesticides dès le 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'au 1er juillet 2020, au cas par cas, quand il n'y a pas d'alternative à court terme.

"Nous avons un certain nombre de produits qui ont été estimés dangereux et sont au fur et à mesure retirés du marché, mais, (pour) d'autres produits (...) qui n'ont pas de substitution, nous devons pouvoir autoriser des dérogations pour en permettre l'utilisation afin que nos producteurs continuent à travailler dans de bonnes conditions", a déclaré M. Travert sur BFMTV.

Il a pris l'exemple de la carotte des sables, cultivée dans la Manche où il est élu député, et pour laquelle il n'existe pas de pesticide de substitution.

"C'est ma proposition", a spécifié le ministre, en affirmant alors que l'arbitrage du Premier ministre n'était "pas rendu".

Une interprétation immédiatement contestée par Nicolas Hulot, qui, dans un tweet, a répondu que les interdictions de néonicotinoïdes "ne seront pas levées".

"Dès lors que la santé est mise en cause, je ne veux faire aucune concession", a insisté M. Hulot un peu plus tard devant la presse en marge d'un déplacement à Lyon. "On ne va pas revenir sur la loi", a-t-il insisté, "on ne reviendra pas sur des acquis".

- Macron pour l'interdiction -


L'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho à Paris, le 22 juin 2017 (AFP/Archives/GEOFFROY VAN DER HASSELT)

"Je suis exigeant parce que la situation l'exige", a-t-il encore dit dans l'après-midi. "On a fait trop de concessions (dans le domaine de la santé). On découvrira le désastre assez rapidement", a-t-il estimé, qualifiant de "quiproquo, malentendu" le désaccord avec M. Travert.

En février, au Fonds mondial pour la nature (WWF), le candidat Emmanuel Macron lui-même avait affirmé son intention de maintenir l'interdiction des néonicotinoïdes en 2020.

Revenir sur la loi actuelle constituerait "un retour en arrière inacceptable pour les citoyens, contre-productif pour les agriculteurs et politiquement rétrograde", a estimé la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), ex-Fondation Nicolas Hulot.

"Les lobbies cherchent à remonter au créneau", a commenté auprès de l'AFP l'ex-ministre de l'Environnement Ségolène Royal. "Cela montre que les combats environnementaux sont difficiles. (Mais) il ne faut pas lâcher!"

Ce "couac très inquiétant (...) montre l'indispensable vigilance que nous devons observer", a réagi l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf).

Pour les ONG, la position du ministère de l'Agriculture est d'autant plus anachronique que la Commission européenne doit bientôt, selon elles, proposer d'élargir le moratoire sur les néonicotinoïdes en place depuis 2013.

Ce type de pesticides, qui vise le système nerveux des insectes, désoriente les pollinisateurs, contribuant au déclin spectaculaire des colonies.

Peu biodégradables, ils affectent les autres espèces insectivores et persistent dans l'eau et les sols. L'Agence de sécurité sanitaire (Anses) doit publier fin 2017 une expertise sur l'impact sur l'homme.

© 2017 AFP

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