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"Noël au balcon, Pâques au tison": début avril, la France agricole se met en mode combat face au froid


Actualité publiée le 03/04/22 17:49
Un vignoble recouvert de neige à Saint-Etienne de Baïgorry (sud-ouest de la france), le 1er avril 2022
Un vignoble recouvert de neige à Saint-Etienne de Baïgorry (sud-ouest de la france), le 1er avril 2022 (AFP/GAIZKA IROZ)

"On a eu Noël au balcon, on va avoir Pâques au tison": la France viticole et agricole qui grelotte s'est mise en mode combat dimanche face au gel printanier qui menace de détruire les fragiles bourgeons, et donc les futures récoltes 2022, dans de nombreuses régions.

Dimanche dans le Haut-Rhin, au nord d'une "diagonale du froid" qui s'étend du nord-est au sud-ouest de la France, la situation était "personnellement compliquée à vivre" pour Thomas Muré, un viticulteur qui cultive des cépages "très précoces" de Gewurztraminer et de pinot.

"Ces pousses vont mourir ce soir", dit le vigneron qui ne dispose ni de chaufferettes pour réchauffer de quelques degrés ses rangées de cépages, ni de systèmes d'aspersion utilisés dans d'autres régions pour enserrer dans une gangue de glace protectrice les bourgeons naissants, et ainsi les protéger des morsures du vent et du froid.

Un vignoble recouvert de neige à Saint-Etienne de Baïgorry (sud-ouest de la france), le 1er avril 2022
Un vignoble recouvert de neige à Saint-Etienne de Baïgorry (sud-ouest de la france), le 1er avril 2022 (AFP/GAIZKA IROZ)

A l'autre bout de la diagonale, à Bergerac (Dordogne), où le thermomètre est descendu à -5,1 degrés, un record pour un mois d'avril, Eric Chadourne, viticulteur et président de l'interprofession des vins de Bergerac et Duras a été frappé par la durée du gel: "trois ou quatre heures" entre -3 et -5 degrés dans la nuit de samedi à dimanche.

"Il va y avoir de la casse", prédit ce vigneron qui a mis son éolienne en route dès 22H30 samedi pour brasser l'air autour de ses vignes, et ainsi essayer d'empêcher le gel de détruire les jeunes pousses tout juste apparues.

"La vallée de la Garonne a été particulièrement touchée dans la nuit de samedi à dimanche et on a enregistré de nombreux records de températures à la baisse", confirme Tristan Amm, prévisionniste à Météo-France.

- "Fortes gelées" attendues -

En moyenne, en France, les températures dimanche étaient de six degrés au-dessous de la moyenne de saison, selon Météo-France. Une vague d'air polaire venue de Scandinavie zèbre le pays du nord-est au sud-ouest et favorisera les gels nocturnes, surtout lorsque le ciel sera dégagé lundi et mardi, indique Météo-France.

L'organisme prévoit de nouveau de "fortes gelées" dans la nuit de dimanche à lundi, sur le même axe, de l'Alsace aux Pyrénées en passant par le Centre-Est et le Massif Central. "Dans la région de Nevers, les températures pourront descendre à -7 degrés", indique M. Amm.

Il met en garde aussi contre le risque de verglas sur les routes dans les mêmes régions.

Le gestionnaire du réseau électrique RTE a de son côté prévu une situation tendue lundi matin, pour la même raison, en appelant entreprises et particuliers à freiner leur consommation d'électricité, notamment entre 07H00 et 10H00 pour les appareils électroménagers.

Côté agriculture, dans le Tarn-et-Garonne, Pierre Bonnet, arboriculteur, a passé une nuit blanche samedi avec des températures descendues à -4 degrés sur ses terres. "La différence avec l'an dernier est que cette température est la même dans les bas-fonds des champs que sur les coteaux", dit-il à l'AFP, craignant pour les variétés précoces de prunes.

Dans le même département, Béatrice Lamanerie, arboricultrice à Lizac, a lancé à minuit l'aspersion sur ses arbres.

- "Guetter toute la nuit"

Toujours dans le Sud-Ouest, le Sauternais très affecté par le gel l'an dernier a "encore été très touché" samedi, selon Patrick Lamothe, qui dirige Château Haut-Bergeron et préside la Maison du Sauternes. "A -5 degrés, il n'y a plus grand chose qui fait effet au niveau protection", dit-il.

Le Saint-Emilion a senti le gel passer, "mais il n'y aura pas les mêmes dégâts" qu'un an plus tôt, la vigne étant moins avancée que l'an dernier, espère Jean-François Galhaud, président du conseil des vins de Saint-Emilion.

La taille tardive adoptée par beaucoup de viticulteurs cette année comme "moyen de lutte passive" contre le gel a aussi pu servir de protection à certains.

Même espoir à Chablis en Bourgogne, où Stéphane Aufrère, installé à Fleys, espère que les bourgeons, un peu plus en retard que l'an passé, vont résister. Il a passé la nuit dernière à "chauffer" ce qu'il peut et "prépare la nuit qui vient".

"Nous chauffons deux hectares sur vingt" à l'aide de grosses bougies réparties entre les rangs de vigne pour empêcher le froid de saisir les plantes. "Nous n'avons ni les moyens ni le personnel pour protéger toute notre vigne", dit-il à l'AFP.

Dans la vallée du Rhône "il n’y a pas eu trop de dégâts pour l'instant mais ils annoncent plus de froid pour les nuits à venir, ça s'annonce compliqué jusqu'à mercredi", relève Elodie Merlin, qui exploite trois hectares d’abricotiers à Bourg-les-Valence (Drôme).

Le gel lui a déjà fait perdre la récolte de trois variétés ces dernières semaines. Son mari dort sur place pour surveiller les vergers: "Il faut guetter toute la nuit, les alarmes sonnent tout le temps…".

im-cor-fby-bpe-ppy-mb/ak/gvy

© 2022 AFP

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