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Référendum en Lombardie et Vénétie: Pourquoi? Quels enjeux après la Catalogne?


Actualité publiée le 20/10/17 08:52

Une application permettant de voter au référendum demandant plus d'autonomie de la Lombardie vis-à-vis du gouvernement central, le 13 octobre 2017 (AFP/MIGUEL MEDINA)

La Lombardie et la Vénétie organisent dimanche un référendum pour réclamer plus d'autonomie. Retour en quelques questions sur ce scrutin, qui intervient trois semaines après le vote d'autodétermination de la Catalogne.

- Quid de ce référendum?

Ce scrutin, consultatif, est organisé à l'initiative des présidents des régions Lombardie, Roberto Maroni, et Vénétie, Luca Zaia, membres de la Ligue du Nord (extrême droite).

Les habitants doivent dire "oui" ou "non" à "des formes supplémentaires et conditions particulières d'autonomie" pour leur deux régions.

Contrairement à la Catalogne, ce référendum s'inscrit dans le cadre de la Constitution, qui prévoit la possibilité pour le Parlement d'attribuer ces formes d'autonomie à des régions qui en font la demande, explique à l'AFP Nicola Lupo, professeur de droit constitutionnel à l'université Luiss de Rome.

- Que veulent ces deux régions?

En cas de victoire du oui, MM. Maroni et Zaia entendent réclamer à Rome davantage de compétences dans les infrastructures, la santé ou encore l'éducation, mais aussi des pouvoirs réservés à l'Etat, en matière de sécurité et d'immigration, thèmes chers à la Ligue du Nord mais qui nécessiteraient une modification de la Constitution.

Leur objectif est aussi d'obtenir davantage de ressources, en récupérant environ la moitié du solde fiscal actuel (différence entre ce que les habitants versent comme taxes et impôts et reçoivent comme dépenses publiques). Celui-ci s'élève à 54 milliards d'euros pour la Lombardie et 15,5 milliards pour la Vénétie (contre huit milliards pour la Catalogne).

- Pourquoi ces demandes ?

La Vénétie (5 millions d'habitants) et la Lombardie (10 millions) figurent parmi les régions les plus riches d'Italie, contribuant à elles seules à 30% du PIB.

Leur endettement par habitant est faible: 73 euros pour la Lombardie, 219 euros pour la Vénétie, contre 407 pour la moyenne nationale. Même chose concernant le "coût pour l'Etat" de chaque habitant: 2.447 euros en Lombardie, 2.853 en Vénétie, contre 3.658 en moyenne.


Un taxi porte un autocollant annonçant le référendum sur l'automomie de la Lombardie, à Milan le 13 octobre 2017 (AFP/Archives/MIGUEL MEDINA)

Pour MM. Maroni et Zaia, leurs régions "vertueuses" doivent donc être récompensées.

Selon M. Lupo, le référendum se déroule dans un contexte de "fracture traditionnelle Nord/Sud avec aussi l'idée" que Rome est "un lieu de pouvoir corrompu et centralisateur".

La Lombardie et la Vénétie "sont aussi attenantes à des régions à statut spécial, qui bénéficient déjà d'une autonomie financière plus forte, comme le Trentin-Haut-Adige", ajoute le professeur.

- Le oui va-t-il l'emporter ?

Les sondages donnent une forte avance au oui. "Ceux qui feront la démarche d'aller voter le feront vraisemblablement pour voter oui, d'autant que la question posée est relativement consensuelle", note M. Lupo.

La participation reste la vraie question. En Vénétie, elle doit dépasser les 50% pour que le scrutin soit valide. Et même en Lombardie, où il n'y a pas de quorum, "si la participation est inférieure à 40%, la question va probablement être reléguée au rang de petit hoquet dans les livres d'Histoire", selon Lorenzo Codogno, expert chez LC Macro Advisors.


Le Grand Canal à Venise le 8 avril 2017 (AFP/Archives/MIGUEL MEDINA)

Défendu par la Ligue du Nord, le référendum est soutenu par Forza Italia de Silvio Berlusconi (centre-droit), le Mouvement Cinq étoiles (populiste) et plusieurs syndicats et organisations patronales.

Des formations de gauche, comme le Parti communiste, ont appelé à s'abstenir, dénonçant un "gaspillage d'argent public" pour "un référendum farce". Le Parti démocrate (centre-gauche, au pouvoir) n'a pas donné de consigne à ses électeurs mais plusieurs de ses ténors, comme le maire de Milan, ont déclaré qu'ils voteraient oui.

- Un premier pas vers une sécession à terme ?

M. Maroni n'a cessé de répéter que le référendum se déroulait "dans le cadre de l'unité nationale" et qu'il visait à "réformer les rapports entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux", avec le rêve d'une "Europe des régions".

La Ligue du Nord a en effet oublié les velléités indépendantistes de ses jeunes années (1996-2000), dans un virage anti-euro et anti-immigration sur le modèle du Front national français.


La cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge sur la place Duomo de Milan le 18 septembre 2014 (AFP/Archives/GIUSEPPE CACACE)

Pour M. Zaia, tout parallèle avec la Catalogne est une tentative "fourbe" de décourager le vote en faveur du oui. "Les similarités avec la Catalogne sont minimes, le sentiment indépendantiste n'est pas très diffusé" dans ces deux régions, souligne M. Lupo.

© 2017 AFP

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4 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

Momo2002
20/10/17 09:12
Divisé pour mieux régner, l ordre par le chaos.
mika57
20/10/17 09:37

C'est de l'égoisme pur et simple
Les riches ne veulent pas payer pour les pauvres
jipes
20/10/17 11:33
Vous ne croyez pas que les directives et contraintes de l'UE y sont pour quelque chose ?

Message complété le 20/10/2017 11:47:52 par son auteur.

erreur : y soient pour quelque chose ?

moicmoi
20/10/17 14:13
« « Divisé pour mieux régner, l ordre par le chaos…//.. 'égoisme pur et simple..//..les directives et contraintes de l'UE » »

Peut-être faudrait-il prendre un peu de recul, et jeter un œil sur un planisphère. On constate (et quand les cons se tâtent, ça va chercher loin) que ces mouvements, identiques, ont leurs foyers un peu partout, sans liens, sans coordination.
Mon interprétation ?
Pouvoir, égoïsme, ou tout autre sentiment de ce genre sont à rejeter.
La malaise est bien plus profond : un peu partout, les citoyens prennent conscience que les politicards se foutent d’eux, qu’ils ne pensent qu’à leur carrière qui leur permet de vivre fastueusement sur leur dos, etc…
et donc, les citoyens l’expriment par la première arme qui leur est « vendue » pour faire croire à une illusoire démocratie. Mais, attention ! Quand on voit quel crédit les z’élites accordent à la parole du peuple, avec quels « moyens » les crises sont désamorcées….Cf la Grèce, la Catalogne, ….(je ne parlerai pas du Brexit, cela ferait avoir une érection à CRI et Pedru. Ce qui pourrait leur être fatal. Cf le Président Faure))

Je crains une escalade des Pb, l’emploi par les peuples de moyens moins « orthodoxes » que les bulletins de vote.

« « les directives et contraintes de l'UE » » ?

Cela fait partie du malaise. Mais pas que !!!
Les Eurocrates, plus habitués à s’écouter parler qu’à entendre la voix du peuple, commencent à se poser des questions. Sans doute, un cousin d’une tout petite main (secrétaire tout en bas de l’échelle) a dit que ça gronde chez les petites gens. Elle l’a répété à son sous-chef, qui l’a répété à son chef, qui l’a répété à son sur-chef, qui l’a répété à son grand chef, ….et de fil en aiguille, c’est arrivé aux oreilles de la secrétaire d’un commissaire. Et ils commencent à se rendre compte que leurs conditions pourraient être remises en cause par ces cons de citoyens.
Donc, selon moi, les directives et contraintes de l'UE sont une couche supplémentaire qui amplifie la grogne déjà existante.

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